Débordés, pressurisés, soumis au culte de la performance et de la rentabilité… Le stress au travail concerne chacun d’entre nous.
Mais il ne constitue pas une fatalité, selon Gilles Diederichs, sophrologue et spécialiste de la relaxation. « C’est quelque chose de tout à fait naturel. Dans la vie, il y a des moments hauts, heureux et des moments bas, pénibles. C’est entre les deux que l’on doit se construire une voie. Et ceci implique de muter, d’accepter que certaines choses changent, meurent même parfois. En cela, le stress nous oblige à évoluer. Lorsqu’il nous révèle notre potentiel de développement, de changement, loin d’être un ennemi, il devient un véritable allié. Et peut même nous renforcer ». A condition d’apprendre à le gérer. D’apprendre aussi à laisser le travail à sa juste place, à ne pas se laisser envahir par les tensions, la fatigue…
Pour y arriver, un seul moyen : prendre soin de soi, non seulement dans sa vie privée, mais aussi professionnelle. Et l’enjeu est de taille. Gilles Diederichs l’assure : le travail est un chemin privilégié de développement intérieur, personnel.
Se constituer une réserve anti-stress dès le matin
Pour beaucoup d’entre nous, la course quotidienne commence dès le réveil : dès que celui-ci sonne, nous sautons du lit, nous nous jetons sur une tasse de café, mangeons peu (ou pas du tout), et partons précipitamment. Le matin, nous n’avons « pas le temps », répétons-nous à l’envi.
Et si, désormais, nous essayions de le prendre ?
L’enjeu
Gilles Diederichs : « En dormant, nous nous ressourçons très profondément. Que nos nuits soient bonnes ou agitées, elles sont l’occasion d’un vrai travail psychique, chimique, énergétique. Mais il est important de se défaire de cette humeur de la nuit pour faire place au jour. Il faut donc prendre le temps de passer à autre chose, de tourner la page. C’est comme un bébé à qui l’on apprend à faire la différence entre le jour et la nuit. Aujourd’hui, les adultes semblent de nouveau confondre l’un et l’autre. Ils continuent à penser pendant la nuit, à s’agiter nerveusement, physiquement… Pour commencer sa journée avec une nouvelle énergie, il est important de faire du lever un moment à soi. »
L’exercice
Dès le matin, nous pouvons nous constituer une « réserve anti-stress ». A condition de prendre quelques minutes pour nous lever du bon pied.
Mettre à profit nos trajets
Métros, trains ou bus bondés, embouteillages monstres ; temps de trajet de plus en plus longs… Se rendre au travail constitue souvent la première source de stress de la journée. Mais il est possible de tirer parti de ce passage obligé (et souvent redouté !).
En s’automassant, en écoutant de la musique ou des sons de la nature, en s’étirant, en faisant attention à sa respiration, on peut en profiter pour s’occuper de soi et ainsi arriver en forme au travail.
L’enjeu
Gilles Diederichs : « Que vous soyez dans un train, un métro ou une voiture, l’objectif est de vous centrer sur vous, et particulièrement sur le centre de votre corps, au niveau de votre hara. L’énergie que vous allez ainsi développer va vous rendre disponible pour travailler. Vous aurez créé un sas, et fermé la porte de votre vie privée. Ainsi, une fois au travail, vous ne serez pas atteignable. Il existe deux types d’immunité : l’une physiologique, l’autre psychologique. Si vous arrivez au bureau avec une énergie faible, avec des failles, il est certain qu’à un moment ou à un autre, vous allez vous sentir piqué par une remarque, agressé, en défaillance, et tous vos problèmes intérieurs vont alors ressortir. Il est donc important de vous construire une aura de protection dès le matin. »
Pour les Japonais, le hara, zone située trois doigts en-dessous de notre nombril, constitue un réservoir d’énergie vitale.
L’exercice
Profitons de notre temps de trajet pour glisser doucement de notre vie privée à notre vie professionnelle.
Gagner de l’énergie avec une bonne posture
Combien sommes-nous à ne pas nous tenir correctement devant notre bureau ? A être mal assis, tordus, avachis ? Et à en avoir conscience, sans pour autant y changer grand chose ?
Pourtant, une bonne posture est le gage d’une bonne circulation de l’énergie. Quand, à l’inverse, une mauvaise position peut nous en faire perdre…
L’enjeu
Gilles Diederichs : « Une mauvaise posture fait perdre environ 20 à 30% d’énergie. En effet, elle demande à être rectifiée constamment par de micromouvements. Le problème, c’est que nous nous habituons très bien à de petites douleurs qui sont douces. Si vous êtes mal assis, votre énergie entre le haut et le bas de votre corps va moins bien circuler. Conséquence : le stress va commencer à se faire sentir. Une bonne posture permet aussi une bonne vision. Celle-ci peut prendre 80% de l’énergie pour bien fonctionner. En sachant que le cerveau en a besoin de 20%, il n’y a plus rien pour le reste. »
L’exercice
Quelques étirements et une vérification régulière de notre position peuvent nous aider à prévenir le stress.
Décompresser en faisant des pauses
Pour évacuer le stress et la fatigue, quoi de mieux qu’une pause ? Mais si les fumeurs descendent régulièrement allumer une cigarette, d’autres passent des heures assis derrière leur bureau, leur écran, sans parfois même se lever.
Résultat : une nuque souvent contractée, un dos noué, des yeux fatigués, une tête sur le point d’exploser... Pour lutter contre ces tensions, une seule solution : bouger !
L’enjeu
Gilles Diederichs : « Dans l’idéal, levez-vous au moins toutes les 40 minutes. Il ne faut pas avoir peur d’être regardé par les autres. On ne devrait pas être jugé lorsque l’on cherche à prendre l’air ou à faire un mini sport intérieur. En une minute à peine, vous pouvez vous lever, faire quelques mouvements de pied, tourner vos poignets, votre tête, retendre votre dos et vous rasseoir. Vous pouvez aussi chauffer vos mains entre elles et les passer sur votre visage, vous masser la nuque, les mains… Deux fois par jour, accordez-vous également des pause coupe stress : n’oubliez pas notamment de manger - des fruits secs par exemple -, pour éviter les moments d’hypoglycémie et les sautes d’humeur ».
L’exercice
En quelques gestes simples, nous pouvons décompresser et réveiller l’énergie de notre corps et de notre esprit.
Prévenir les coups de barre
Sensation de lourdeur, de fatigue, envie de sieste... Difficile, dans une journée de travail, d’échapper aux fameux coups de barre.
La solution pour les éviter ? Plutôt que se ruer sur un café, ce qu’il faut à ce moment-là, c’est revitaliser son énergie.
L’enjeu
Gilles Diederichs : « Lorsque l’on n’a plus d’énergie, c’est qu’il faut prendre du temps pour soi. Les coups de barre, on peut toujours les masquer. Le problème, c’est que les gens prennent des excitants, qui ne donnent pas de l’énergie à long terme. Si vous avez besoin de tenir encore un peu, assis, faites comme les enfants qui sont impatients. Tapez des pieds par terre tout en tapant en même temps sur vos cuisses. Cela va vous relancer, mais encore une fois, à court terme. Il n’y a qu’une chose à faire pour un corps fatigué : se mettre au repos. »
L’exercice
Les coups de barre, nous pouvons essayer de les prévenir. Comme le plus redoutable d’entre eux, celui d’après-déjeuner.
Se préparer à des rendez-vous importants
Mains moites, rythme cardiaque qui s’accélère… Pour éviter toute panique lors d’une réunion ou d’un rendez-vous, il est important de s’y préparer, tant mentalement, que physiquement.
La clé ? Ne pas hésiter à prendre soin de soi, à se faire du bien, avant toute échéance.
L’enjeu
Gilles Diederichs : « En faisant attention à vous, votre pensée va se concentrer sur du bien-être. Cela va vous ancrer dans l’ici et le maintenant, éliminer toutes les pensées parasites, et vous rendre disponible, non seulement aux autres, mais d’abord à vous-même. Et c’est important dans un rendez-vous : il faut avoir une immunité psychologique, sans quoi, on risque d’être manipulé. Après, l’essentiel de la préparation repose sur la respiration. Si vous prenez une inspiration courte, par le nez, avec une respiration plus longue, plus lente, en pinçant la bouche, un peu comme si vous souffliez dans une paille, vous allez chasser votre stress. Si, à l’inverse, vous prenez des inspirations beaucoup plus longues que les expirations, vous allez vous dynamiser ».
L’exercice
Avant un rendez-vous ou une réunion importante, une phase physique et une phase mentale de préparation s’imposent.
Laisser le travail… au travail
Entre la pression omniprésente, les réunions du lendemain, les projets en retard, les to do list à n’en plus finir, il est parfois difficile, une fois rentré chez soi, de ne plus penser au travail.
D’autant qu’avec les moyens de communication modernes, nous y sommes en permanence connectés.
Mais il est fondamental de parvenir à créer des sas.
L’enjeu
Gilles Diederichs : « L’idée, c’est d'être toujours disponible à vous-même. Que cela soit pendant votre journée de travail, ou le soir, avec votre famille, vos amis… La séparation entre l’univers professionnel et privé est importante car sinon, vous n’êtes plus disponible à vous-même mais aux problèmes. Imaginons que quelque chose vous a contrarié dans la journée, et que n’avez pas pu régler cela avant de quitter votre travail. Il faut faire un sas, sinon, il est fort à parier que vous allez faire retomber cette contrariété sur votre conjoint, vos enfants… Ou vous renfermer sur vous-même. Non seulement vous faites alors supporter votre problème aux autres, mais aussi à vous-même, puisque vous vous empêchez de bénéficier de ce qui vous entoure, d’un moment qui devrait être ressourçant. D’où l’importance, parfois, de savoir dire stop à une information, et de la remettre à sa place ».
L’exercice
Le retour chez soi, le soir, est le moment idéal pour se couper de son travail et s'ouvrir à sa vie privée.
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