La CFDT, née d'une transformation de la CFTC en novembre 1964, va profiter de son 50e
anniversaire pour réviser ses tables de la loi. Lors de son prochain
congrès, du 2 au 6 juin 2014 à Marseille, elle va toiletter sa
déclaration de principes restée inchangée depuis 1964. Le congrès de
Marseille sera une bonne occasion puisqu'il sera dépourvu d'enjeux sur
la direction de la centrale. Si la commission exécutive - le
gouvernement de la CFDT - devrait être profondément renouvelée, Laurent
Berger, élu entre deux congrès le 28 novembre 2012, est assuré de rester
en place.
Depuis 1964, les statuts de la confédération ont été modifiés
plusieurs fois, sur des sujets comme la représentation des retraités, la
mixité des instances dirigeantes, la périodicité entre deux congrès,
portée de trois à quatre ans, ou encore la possibilité de tenir une
assemblée générale entre deux congrès. Mais le texte sacré, la
déclaration de principes de 1964, n'a jamais été retouché. En novembre
1988, au congrès de Strasbourg, qui avait vu Jean Kaspar succéder à
Edmond Maire, la CFDT avait abandonné, au terme d'un débat animé, la
référence au "socialisme autogestionnaire" - pour marquer son refus de toute "identification partisane"
avec le Parti socialiste - mais ce concept n'ayant jamais figuré dans
les statuts, il s'agissait essentiellement de modifier son projet
syndical et ses orientations, dans la logique du "recentrage" amorcé en
1978.
Adoptée en novembre 1964, lorsque à l'issue d'un congrès
extraordinaire, la CFTC avait décidé, à une majorité de 70 %, de se
transformer en CFDT - une partie de la minorité choisissant de
"maintenir" la CFTC -, la déclaration de principes (préambule et article
premier des statuts) avait donné lieu à des affrontements entre les
jusqu'au-boutistes de la déconfessionnalisation qui voulaient gommer
toute référence, même allusive, à la doctrine sociale de l'Eglise
catholique, sur laquelle la CFTC s'était fondée, et ceux qui acceptaient
de prendre en compte "l'humanisme chrétien". Ces dernier avaient obtenu gain de cause et le préambule définissant les principes de cette "grande centrale démocratique" affirmait: "Soulignant
les apports des différentes formes d'humanisme, dont l'humanisme
chrétien, à la définition des exigences fondamentales de la personne
humaine et de sa place dans la société, elle entend développer son
action en restant fidèle à un syndicalisme idéologique fondé sur ces
exigences qui demeurent les siennes."
Laurent Berger va donc oser ce qu'aucun de ses cinq prédécesseurs n'a
fait : procéder à une toilette de printemps de sa déclaration de
principes. Les textes préparatoires au congrès de Marseille sont encore
en cours de rédaction mais plusieurs points de la déclaration de
principes devraient faire l'objet d'une réécriture, voire pour certains
d'une suppression. Il en est ainsi de l'apport de "l'humanisme chrétien", de la notion (assez obscure) de "syndicalisme idéologique", de l'idée de réaliser "un contrôle démocratique du pouvoir économique et politique" ou de sa volonté de combattre "toutes les formes de capitalisme et de totalitarisme". Sans reprendre forcément la formulation actuelle - "elle entend dans son action susciter chez les travailleurs une prise de conscience des conditions de leur émancipation" -, elle devrait insister sur sa volonté de mettre en avant cette valeur d'"émancipation" et d’œuvrer, au delà de l'objectif actuel de "construction d'une société démocratique", pour une une transformation sociale.
A l'heure où sa petite sœur maintenue, la CFTC, avec laquelle les
relations sont plus qu'apaisées, place au fronton de ses priorités la
défense de la famille, il sera intéressant d'observer si elle conserve
telle quelle cette phrase du préambule : "Tout homme a le droit de diriger sa vie, de développer sa personnalité au sein des divers groupes et des communautés naturelles dont la première est la famille." Une toilette de printemps qui promet des débats passionnés au cœur de la cité phocéenne.
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