jeudi 2 février 2012

L'espion du président

L'espion du président

Le livre consacré au patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, accusé d'avoir "dévoyé" ce service, a déclenché une guérilla judiciaire, M. Squarcini promettant des poursuites en diffamation tandis que Mediapart va saisir la justice sur des soupçons d'espionnage.

Dans "L'espion du président" (Editions Robert Laffont), publié jeudi, les journalistes Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé dressent un portrait au vitriol de M. Squarcini à partir de témoignages le plus souvent anonymes.



Olivia Recasens par franceinter


DCRI: police politique au service de Sarkozy par rikiai

Pour les auteurs, M. Squarcini est au "service de l'Elysée" et "instrumentalisé" par le président Nicolas Sarkozy, dont il est un proche. Ils affirment que la DCRI, un super service de renseignement intérieur créé en 2008, a été "dévoyée" de ses missions de renseignement.

L'avocat de M. Squarcini, Patrick Maisonneuve, a assuré que des poursuites en diffamation seraient engagées contre les auteurs du livre, l'éditeur ainsi que le site Mediapart et son fondateur, Edwy Plenel, auteur d'un article sur l'ouvrage.

"M. Squarcini n'est l'espion de personne. Les auteurs se retranchent derrière le secret des sources mais ils devront prouver leurs accusations et ils ne le pourront pas car ce ne sont que des rumeurs", a dit à l'AFP l'avocat du patron de la DCRI.

"Nous sommes très, très, très sereins. On a fait un travail extrêmement sérieux et extrêmement recoupé", a réagi auprès de l'AFP Christophe Labbé, journaliste au Point et l'un des trois auteurs de l'ouvrage.

"C'est son droit. C'est l'occasion de lancer un débat démocratique autour du renseignement en France et autour du rôle de son chef", a renchéri Didier Hassoux, du Canard Enchaîné. M. Hassoux a également mis en avant "une habitude de Bernard Squarcini d'attaquer systématiquement" les journalistes en justice.

"ordre illégal"

Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, est aussi visé par M. Squarcini. Il écrit en particulier que "les méthodes d'espionnage des rédactions par la DCRI, telles qu'elles sont décrites par ce livre, ne relèvent pas d'un dérapage occasionnel mais d'une violation systématique des libertés".

"On est au-delà de la polémique. Accuser de façon aussi ferme et définitive, ce n'est plus possible", a dit Me Maisonneuve.

Le fondateur de Mediapart estime par ailleurs que ce livre apporte "de nouvelles révélations sur l'ampleur de cette surveillance attentatoire aux libertés fondamentales" dont Mediapart dit avoir été l'objet.

L'ouvrage affirme en particulier que "Mediapart, qui était en pointe sur l'affaire Karachi, a fait l'objet en 2010 d'une enquête poussée du renseignement intérieur".

Le site a donc décidé de porter plainte "afin que toute la vérité soit faite sur cet espionnage et que ses auteurs en répondent, ceux qui l'ont ordonné, comme ceux qui ont exécuté cet ordre illégal", écrit Edwy Plenel.

Mediapart pourrait se joindre à l'enquête conduite par la juge d'instruction, Sylvia Zimmermann, sur les fadettes de journalistes du Monde ou déposer une plainte autonome, a précisé à l'AFP l'avocat du site, Jean-Pierre Mignard.

Dans l'affaire des fadettes, le patron de la DCRI a été mis en examen en octobre, soupçonné d'avoir tenté de découvrir illégalement les sources d'un journaliste du quotidien travaillant sur l'affaire Bettencourt.

"Le code de déontologie de la police prévoit qu'un policier doit refuser un ordre illégal. Espionner des journalistes qui font légitimement leur travail est un ordre illégal", a estimé M. Plenel auprès de l'AFP.


Bernard Squarcini, patron de la DCRI, au ministère de l'intérieur, le 28 février 2011.

Bernard Squarcini, patron de la DCRI, au ministère de l'intérieur, le 28 février 2011.AFP/LIONEL BONAVENTURE

Sous le titre lapidaire L'Espion du président, un livre d'enquête, publié jeudi 19 janvier, assène de nouvelles accusations contre la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et son patron, Bernard Squarcini. Les journalistes Olivia Recasens, Christophe Labbé et Didier Hassoux – les deux premiers du Point, le troisième du Canard enchaîné – y dépeignent le contre-espionnage français comme un "instrument politique" au service de Nicolas Sarkozy, et sous la houlette de l'ancien secrétaire de l'Elysée et actuel ministre de l'intérieur Claude Guéant.

Estimant avoir été espionné illégalement par ces services, le site d'information en ligne Mediapart (lien payant) cite des passages de l'enquête, et notamment le témoignage du policier Joël Bouchité. Cet ancien patron des renseignements généraux (jusqu’en 2009), aujourd’hui préfet de l’Orne, aurait ainsi expliqué "les 'moyens parfaitement illégaux' utilisés pour surveiller les rédactions sous le règne de Bernard Squarcini, auquel il reproche d'avoir 'ancré dans l'imaginaire populaire que la DCRI était une police politique'", rapporte Mediapart.

Or, joint par Le Monde, jeudi 19 janvier, Joël Bouchité a contesté les propos que lui prêtent les auteurs du livre : "Je prends connaissance des dépêches me mettant en cause concernant le fonctionnement de la DCRI et notamment 'l’utilisation de moyens parfaitement illégaux pour le suivi des journalistes'. Je démens les propos qui me sont prêtés tant sur l’organisation que sur le fonctionnement de la DCRI. Cette présentation est mensongère. La création de la DCRI répond à la nécessité de modernisation des services de renseignement et à l’exigence d’efficacité de la lutte contre le terrorisme et les subversions, sa mission fondatrice."

"L'ESPION DE PERSONNE"

"Au vu de ces nouveaux éléments, Mediapart et ses avocats, Mes Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman, vont saisir la justice et demander réparation", annonce sur Mediapart son fondateur, Edwy Plenel. "Le principe de la plainte est acquis, reste à en déterminer les modalités", précise Me Jean-Pierre Mignard. Mediapart pourrait se joindre à l'enquête conduite par la juge d'instruction Sylvia Zimmermann sur les fadettes de journalistes du Monde ou déposer une plainte autonome, a-t-il expliqué. Dans cette affaire, M. Squarcini a été mis en examen en octobre pour "atteinte au secret des correspondances", "collecte illicite de données" et "recel du secret professionnel".

>> Lire l'article : "Fadettes : ce que Bernard Squarcini a dit à la juge"

Mais le média en ligne n'est pas le seul à vouloir saisir la justice, Bernard Squarcini ayant annoncé jeudi, par la voix de son avocat Patrick Maisonneuve, qu'il allait porter plainte en diffamation contre les auteurs de l'ouvrage. L'avocat vise également, dans son communiqué, Mediapart et Edwy Plenel. Deux des auteurs de l'enquête, Christophe Labbé et Didier Hassoux, se sont déclarés "très, très sereins" après la réaction de Bernard Squarcini, estimant avoir réalisé un travail "extrêmement sérieux". "Il a déjà porté plainte deux fois contre Le Monde, contre Mediapart, contre Le Canard Enchaîné. C'est devenu systématique pour M. Squarcini et Claude Guéant", a jugé Christophe Labbé.

Bernard Squarcini avait déjà contesté ces accusations mercredi soir, affirmant n'être "l'espion de personne". Le ministre de l'intérieur Claude Guéant, dont la DCRI relève, est aussi monté au créneau. "Je démens que la DCRI soit un instrument politique au service du pouvoir", a-t-il déclaré jeudi sur France Inter, affirmant qu'il était "absolument faux" de dire que la DCRI espionnait des hommes politiques. Les cadres de la DCRI ont exprimé leur "indignation" après la parution du livre qui, selon eux, "porte gravement atteinte à l'honneur" de leur service.


Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, est aussi visé par M. Squarcini. Il écrit en particulier que "les méthodes d'espionnage des rédactions par la DCRI, telles qu'elles sont décrites par ce livre, ne relèvent pas d'un dérapage occasionnel mais d'une violation systématique des libertés".

Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, est aussi visé par M. Squarcini. Il écrit en particulier que "les méthodes d'espionnage des rédactions par la DCRI, telles qu'elles sont décrites par ce livre, ne relèvent pas d'un dérapage occasionnel mais d'une violation systématique des libertés".

Bernard Squarcini, né en 1955 à Rabat (Maroc), est un haut fonctionnaire français, ancien commissaire de police et préfet. Il occupe les fonctions de directeur central du renseignement intérieur depuis le 2 juillet 2008. Commissaire de police de formation, Bernard Squarcini a été notamment chargé, au cours de sa carrière, du renseignement anti-terroriste en Corse et au Pays basque.

En 1983, il est adjoint au directeur régional des renseignements généraux (DRRG) en Corse.

En 1988, il est directeur départemental des renseignements généraux (DDRG) des Pyrénées-Atlantiques.

En 1989, il est chef de la division « enquêtes et recherches » à la Direction centrale des Renseignements généraux (DCRG).

En 1993, il devient sous-directeur des recherches à la Direction centrale des Renseignements généraux tout en étant parallèlement, à partir de 1994, directeur central adjoint des Renseignements généraux sous la direction d'Yves Bertrand. Pour ce dernier, interviewé par Mediapart en janvier 2012, Bernard Squarcini est devenu « l'homme du président, l'espion du président » et « s’est entiché de M. Sarkozy comme n’importe quel fonctionnaire l’aurait fait dans un système autoritaire » tout en estimant que son ancien adjoint « a fait des coups tordus chaque fois qu’il y en avait à faire1 ».

Bernard Squarcini fut notamment l'un des artisans de l'arrestation en 2003 d'Yvan Colonna, l'assassin présumé du préfet Claude Érignac, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur.

En février 2004, Bernard Squarcini a été nommé préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il succéda à ce poste à Roger Marion, nommé préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais.

En janvier 2004, d'après certaines sources, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, aurait souhaité nommer Bernard Squarcini au poste de Directeur central des Renseignements généraux, mais Jacques Chirac préféra finalement nommer le préfet Pascal Mailhos.

Le 27 juin 2007, Bernard Squarcini a été nommé en Conseil des ministres directeur de la surveillance du territoire (DST), en remplacement de Pierre de Bousquet de Florian2,3.

Depuis le 2 juillet 20084, il est à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) née de la fusion, effective au 1er juillet 2008, de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et de la Direction centrale des Renseignements généraux (DCRG).

Cité dans les listings de l'affaire Clearstream 2, Bernard Squarcini s'est constitué partie civile en mai 2006. Parce que son nom figure sur le faux listing aux côtés de la chanteuse ajaccienne Alizée ou de Laetitia Casta, il évoque à la barre un "racisme anticorse" au sommet de l'État5.

Bernard Squarcini est considéré comme un proche de Nicolas Sarkozy3, compte tenu notamment de son rôle dans les affaires Colonna et Clearstream6.

Squarcini sait aisément créer des liens personnels avec ses interlocuteurs, par exemple, il peut parler en italien avec Leon Panetta pendant une rencontre officielle6.

Le 17 octobre 2011, alors qu'il est toujours directeur de la DCRI, Bernard Squarcini est mis en examen par la juge Sylvia Zimmermann pour « atteinte au secret des correspondances », « collecte illicite de données » et « recel du secret professionnel », dans le cadre de l'"affaire des fadettes"7. À cette occasion, un article extrêmement détaillé du journal Le Monde décrit la personnalité de Bernard Squarcini, ses compétences, certaines de ses méthodes, et également ses amitiés envers Alexandre Djouhri et Jean-Noël Guérini ou son inimitié envers David Sénat5.


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