samedi 4 février 2012

Ocytocine

L'ocytocine ou oxytocine est une hormone peptidique synthétisée par les noyaux paraventriculaire et supraoptique de l'hypothalamus et sécrétée par l'hypophyse postérieure (neurohypophyse).

Son nom signifie Accouchement rapide (« ocy » du grec ὠκύς, ôkus : rapide et de « tocine » τόκος : accouchement).

Elle est effectivement impliquée lors de l'accouchement, mais elle semble aussi par ailleurs favoriser les interactions sociales amoureuses ou impliquant la coopération, l'altruisme, l'empathie, l'attachement voire le sens du sacrifice pour autrui, même pour un autrui ne faisant pas partie du groupe auquel on appartient.

Dans certaines situations, l'ocytocine pourrait aussi induire des comportements radicaux, voire violents pour la défense du groupe, par exemple face à un autrui refusant de coopérer. Elle deviendrait alors une source d'agressivité défensive (et non offensive)2.

L'ocytocine est un polypeptide comportant neuf acides aminés, dont les deux groupements cystéine sont reliés par un pont disulfure (Cys1 - Cys6). La séquence des acides aminés est présentée ci-dessous.

H3N+Cys─Tyr─Ile─Gln─Asn─Cys─Pro─Leu─Gly─COO(-)

Bien que l'ocytocine et la vasopressine aient des structures voisines (sept acides aminés en commun), ces deux hormones possèdent des effets très différents.
La composition chimique de l'ocytocine est la même chez tous les mammifères, tandis que la structure moléculaire de la vasopressine diffère légèrement chez certaines espèces.

Une protéine dite protéine de Van Dyke serait douée simultanément d'activités ocytocique et vasopressique ; elle semble comprendre les deux hormones et un matériel protéinique inerte.3.

Les premiers effets reconnus de l'ocytocine ont été sa faculté d'accélérer l'accouchement chez les mammifères. L'ocytocine provoque en effet la contraction des muscles lisses de l'utérus et accélère le travail. Cette hormone permet aussi à l'utérus de se rétracter après l'expulsion, pour qu'il retrouve sa position initiale.

L'ocytocine dans le circuit sanguin est indispensable au réflexe d'éjection du placenta. Or, la phase qui suit immédiatement la naissance du bébé humain correspond pour la mère à un pic jamais égalé d'ocytocine naturelle, sous condition qu'elle n'ait pas reçu d'ocytocine artificielle (Syntocinon™), qu'elle n'ait pas froid, qu'elle ne soit pas soumise à une lumière intense, et que son intimité soit respectée. Dans le cas contraire, il est souvent nécessaire d'administrer de l'ocytocine artificielle (ou du misoprostol) pour faciliter l'éjection du placenta et prévenir une hémorragie de la délivrance, première cause de mortalité maternelle en France.

Au cours de la tétée, l'ocytocine stimule l'excrétion du lait en favorisant la contraction des cellules myoépithéliales qui entourent les alvéoles (acini) des glandes mammaires. L'ocytocine n'a pas de contrôle sur la production du lait, qui est dépendante de 3 facteurs, 2 chimiques (la prolactine et des œstrogènes) et un facteur mécanique (la succion du bébé ou l'expression artificielle du lait).

Du point de vue de l'évolution, l'ocytocine et la vasopressine sont d'anciennes substances, proches, et dont les actions ont fortement contribué à la survie de l'espèce, bien que selon deux stratégies opposées :

  • la vasopressine explique le système lutte ou fuite ;
  • l'ocytocine contrôle un système de type calme et contact, impliqué dans les phénomènes sociaux, les relations mère-petit, voire dans certains phénomènes de solidarité ou altruisme à l'intérieur d'un groupe.

L'injection d'ocytocine dans le cerveau d'un mammifère produit des modifications significatives de son comportement : moindre agressivité, augmentation de la sociabilité, plus grande résistance à la douleur, baisse de la tension artérielle, augmentation de l'appétit et comportement maternel chez les femelles.
Ces effets persistent en moyenne deux fois plus longtemps chez les femelles que chez les mâles.

Chez l'être humain, l'inhalation d'ocytocine permettrait de majorer un état de confiance vis-à-vis d'autrui 4.
L'administration intranasale d'ocytocine peut améliorer le comportement social de patients souffrant d'autisme de haut niveau (HFA) ou du syndrome d'Asperger (SA) 5. Une étude d'octobre 2010 a également montré l'efficacité de tels spray sur les symptômes de la schizophrénie en association avec un traitement antipsychotique6, d'autres études doivent être menées pour compléter ces résultats.

L'ocytocine naturelle produite dans le circuit neuronal joue un rôle essentiel dans l'attachement entre la femelle mammifère et son nouveau-né.

  • Des études sur des brebis non-gestantes ont montré que l'injection d'ocytocine par voie intraventriculaire (dans le cerveau) permet de produire artificiellement des réflexes maternels. L'administration d'œstrogènes et de progestérone plus une stimulation vagino-cervicale (sexuelle) produit le même effet. Par contre, cet effet est annulé si la brebis est sous péridurale7.
  • Les vocalisations émises de la mère vers l'enfant sont reconnues par le bébé et, chez le petit humain, induisent des processus hormonaux complexes influençant notamment l'attachement mère-enfant et le comportement du bébé en impliquant l'ocytocine ; un enfant stressé, consolé par la seule voix de sa mère, active un processus hormonal semblable à celui qui reçoit une attention physique. La production d'ocytocine est activée par la voix chez l'Homme, alors qu'il faut chez le rat un contact physique8.

La régulation de la production d'ocytocine se fait par voie nerveuse. Pendant l'accouchement, le stimulus est la dilatation du col utérin qui est détectée par des mécanorécepteurs présents sur la paroi de l'utérus. Ces récepteurs envoient l'information au système nerveux central qui déclenche la production d'ocytocine.

Dans la glande mammaire, la succion du mamelon est de même détectée par des récepteurs reliés au système nerveux central : cette stimulation entraîne la production d'ocytocine par l'hypothalamus.

À l'inverse d'autres hormones, l'ocytocine ne bénéficie pas d'un dispositif régulateur (feed-back) qui permettrait de limiter sa production. Il semble au contraire que l'ocytocine active des processus qui fonctionnent en « cascade ». C'est pourquoi l'on peut en observer des pics importants et une production sur un mode « pulsatile ». Une étude récente menée par l'équipe de Kervin Uvnäs Moberg, en Suède, montre que la durée moyenne d'allaitement au sein est supérieure chez les femmes qui ont bénéficié de production pulsatile d'ocytocine naturelle pendant leur accouchement.

L'ocytocine se fixe sur les récepteurs des cellules musculaires de l'utérus et des glandes mammaires. Ces récepteurs, couplés à une protéine G, activent les phospholipases C qui dégradent les phospholipides en inositol triphosphate(IP3)et diacylglycérol(DAG).l'IP3 va conduire à l'augmentation de la concentration intracellulaire en calcium. Les ions Ca2+ ainsi libérés favorisent les interactions entre les protéines d'actine et de myosine, à la base de la contraction musculaire.

Les sentiments de confiance ou d’amour se traduisent hormonalement par une augmentation d’une hormone appelée ocytocine. Son rôle serait important dans le développement de l’attachement dans le couple ou vis-à-vis des enfants.

Pourquoi l’homme fait-il confiance à des inconnus ? Une molécule connue pour déclencher le travail de la femme enceinte, l’ocytocine, serait essentielle aux mécanismes cérébraux de la confiance.

Contrairement aux théories libérales qui voudraient nous réduire à notre égoïsme supposé et à la lutte pour la survie, la confiance réciproque, l'altruisme et la coopération sont bien génétiquement programmés au profit de la reproduction de l'espèce (depuis 100 millions d'années avec l'apparition de la vasotocine chez le poisson qui a donné l'ocytocyne et l'arginine-vasopressine chez les mammifères). Il semblerait même qu'Alain Peyrefitte ait eu raison en faisant de "la société de confiance" la condition du développement économique.

Nous avons montré que la confiance est l'indicateur qui prédit au mieux la richesse d'un pays ; les sociétés à faible niveau de confiance sont pauvres, car les habitants n'engagent pas suffisamment d'investissements à long terme, ceux qui créent des emplois et augmentent les revenus. Ces investissements dépendant de la relation de confiance qui s'établit entre les différents partis.

Les conditions de la confiance sont bien-sûr sociales et structurelles mais, quand elles sont réunies (la cause est bien la situation objective à laquelle le corps s'adapte), elles se traduisent hormonalement par une augmentation de l'ocytocyne dont le rôle est crucial lors de l'accouchement, de l'allaitement ou de l'accouplement.

C'est un fait qu'en voyant une chatte s'occuper de ses petits, on retrouve nos propres émotions qui sont donc largement hormonales même si une mère n'abandonne jamais ses enfants comme le font systématiquement les chattes passé un certain âge et que nos émotions sont prises dans des fantasmes et des discours, ce qui change tout.

Ce qui est hormonal, c'est la sensation de bonheur que cela procure et "l'attirance physique". Cela n'annule pas les effets de discours qui sont d'un tout autre ordre mais on comprend ainsi comme un amour peut se reporter sur les autres, un trop plein d'ocytocyne pouvant donner envie de donner son amour à la terre entière. Les autres profiteraient ainsi de la confiance obtenue avant que la méfiance ne s'éveille à nouveau...

On sait aussi que les concentrations en ocytocyne sont maximales chez l'homme et la femme lors de l'orgasme. Son rôle présumé dans l'attachement postcoïtal lui a valu le qualificatif d'hormone du câlin.

Son rôle est plus grand chez les animaux sociaux et monogames, déterminant dans l'attachement aux petits jusqu'à leur maturité. Elle agit en libérant de la dopamine dans le mésencéphale qui confère un sentiment de bien-être.

Il existe bien sûr un mécanisme opposé générant de l'agressivité lorsque la confiance est rompue. Cet antagoniste serait, chez l'homme, la dihydrotestostérone (DHT) stimulant le désir de confrontation. Chez la femme les estrogènes augmentent les récepteurs à l'ocytocine alors que la progestérone les diminue (ce qui pourrait expliquer les changements d'humeur du cycle).

Bien que tout cela soit plus que plausible, on peut rire de vouloir là encore en faire l'explication de tous les dysfonctionnements (autisme, schizophrénie, dépression, phobies sociales, etc.). Il est toujours difficile de trouver la bonne mesure. En tout cas, ce ne sont plus les individus égoïstes qui sont la norme :

"Nous avons constaté que les participants très déloyaux de nos études présentent des traits de personnalité qui ressemblent à ceux des sociopathes, des individus indifférents à la souffrance d'autrui."



Ocytocine
Molécule d'ocytocine
Molécule d'ocytocine
Molécule d'ocytocine
Général
No CAS 50-56-6
No EINECS 200-048-4
Code ATC H01BB02
DrugBank DB00107
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule brute C43H66N12O12S2 [Isomères]
Masse molaire1 1 007,187 ± 0,055 g·mol-1
C 51,28 %, H 6,6 %, N 16,69 %, O 19,06 %, S 6,37 %,
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

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