Origine
Ce motif ornemental est inspiré des feuilles d'espèces méditerranéennes du genre Acanthus, qui ont des feuilles profondément découpées. Les espèces Acanthus mollis (Acanthe à feuilles molles) et Acanthus spinosus (Acanthe épineuse), aux feuilles encore plus découpées, ont toutes deux été citées comme étant le modèle de ce motif.La feuille d'acanthe dans l'architecture grecque classique
Dans l'architecture grecque classique, la feuille d'acanthe stylisée caractérise particulièrement les chapiteaux de l'ordre corinthien (chapiteaux décorés de deux rangées de feuilles d’acanthe), ainsi que des frises.Le plus ancien exemple connu de chapiteau corinthien date de 450–420 avant JC et se trouve au temple d'Apollon à Bassae en Arcadie, au centre du Péloponnèse.
La feuille d'acanthe dans l'architecture romaine
La feuille d'acanthe fut ensuite massivement utilisés par l'architecture romaine de la période impériale : les romains firent de l'ordre corinthien leur ordre favori et inventèrent son dérivé, l'ordre composite, dont les chapiteaux combinent les feuilles d’acanthe de l'ordre corinthien et les volutes de l'ordre ionique. L'ordre composite fit son apparition sur l'arc de Titus en 82 après JC.Elle orne à cette époque :
- les chapiteaux de style corinthien des temples et des arcs de triomphe, tels ceux de la Maison Carrée de Nîmes, de l'arc de triomphe d'Orange, du temple romain de Château-Bas à Vernègues
- les chapiteaux de style composite
- les frises de rinceaux, comme celle qui orne l'entablement de la Maison Carrée
- les bas-reliefs, comme ceux de l'arc antique de Cavaillon
La feuille d'acanthe dans l'architecture romane
Au XIIe siècle, la feuille d'acanthe est un des principaux ornements empruntés par l'architecture romane à l'architecture antique aux côtés des rinceaux, palmettes, grecques et oves.Elle est omniprésente dans l'art roman provençal et l'art roman languedocien inspirés de l'antique où on trouve :
- des modillons à feuilles d'acanthe, comme ceux du chevet de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux, de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes et de l'église de Saint-Restitut
- des frises de feuilles d'acanthe, comme celles qui ornent le portail de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Paul-Trois-Châteaux, le fronton de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes, l'oculus de la chapelle Saint-Gabriel de Tarascon et la corniche de l'église de Saint-Pantaléon (Vaucluse)
- les chapiteaux d'innombrables édifices comme la cathédrale Notre-Dame-des-Doms d'Avignon, l'abbaye de Saint-Ruf d'Avignon, l'abbaye de Saint-Gilles, l'église Saint-Jacques de Béziers, l'église de Saint-Restitut, la chapelle Saint-Quenin de Vaison-la-Romaine, la chapelle Notre-Dame-de-Nazareth d'Entrechaux, la chapelle Saint-Gabriel de Tarascon, la chapelle Saint-Paul de Saint-Michel-l'Observatoire
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Cathédrale Notre-Dame-des-Doms d'Avignon
La feuille d'acanthe dans l'architecture baroque
La feuille d'acanthe est également abondamment utilisée dans l'architecture baroque. Elle orne, par exemple, de nombreuses façades baroques de la Grand-Place de Bruxelles, soit sous la forme de chapiteaux corinthiens, soit sous forme de feuilles isolées : on en trouve ainsi de très grandes sur le socle de la statue de Charles-Alexandre de Lorraine, au sommet de la façade de la « Maison de l'Arbre d'Or » (Maison des Brasseurs)..-
Chapiteau à feuilles d'acanthe
de la Maison de l'Arbre d'Or sur la Grand-Place de Bruxelles -
Statue de Charles-Alexandre de Lorraine sur la Grand-Place de Bruxelles
La feuille d'acanthe dans l'architecture néoclassique et éclectique
Enfin, la feuille d'acanthe se retrouve dans l'architecture néoclassique et éclectique du XIXe siècle.
On la retrouve par exemple sur les chapiteaux de la Bourse de Bruxelles (architecture éclectique) et du Palais royal de Bruxelles (architecture néoclassique tardive).
Chapiteaux de la Bourse de Bruxelles
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