samedi 21 janvier 2012

Chögyam Trungpa Rinpoché



Le Vidyadhara Chögyam Trungpa Rinpoché (1939 - 1987) est un Rinpoché considéré par les membres de sa tradition comme la 11e réincarnation de la lignée des tulkous Trungpa, maîtres importants de la lignée Kagyu, l'une des quatre écoles du bouddhisme tibétain, connue pour l'importance particulière qu'elle accorde à la pratique de la méditation. Chögyam Trungpa a été aussi formé dans la tradition Nyingma, la plus ancienne des écoles, et adhérait au mouvement Rimé. Il a fait œuvre de pionnier en apportant les enseignements bouddhistes du Tibet en Occident (Écosse et États-Unis principalement) au début des années 1960. Il est réputé pour avoir été un maître spirituel iconoclaste.

Chögyam Trungpa est né dans la province de Kham, au Tibet oriental, en 1940. Il n'avait que 13 mois lorsqu'il fut reconnu, selon la tradition, comme maître réincarné 1 2. Après avoir été intronisé supérieur suprême du monastère de Surmang et gouverneur du district de Surmang, il commença une période de formation de 18 ans, basée sur la pratique de la méditation et l'étude théorique de la philosophie bouddhique.

À 8 ans, Chögyam Trungpa rencontre Jamgön Kontrul, un maître spirituel réputé, dont l'impression d'authenticité qu'il dit avoir ressenti à son contact devient son idéal et sa principale inspiration dans les années qui suivirent1. Il est ordonné moine novice et aborde l'étude et la pratique intensive des disciplines monastiques, de même que celles des arts, dont la calligraphie, la peinture de thangka et la danse monastique. Jusqu'à l'âge de 12 ans, rien ne vient troubler le rythme de son éducation mais c'est à cette époque qu'il voit pour la première fois des soldats chinois camper autour des monastères du sud de Surmang. Il s'en inquiète1. À l'âge de 15 ans, il dit avoir vu des films de propagande projetés par les soldats chinois dans les monastères. C'est aussi l'âge où il rencontra le 14e Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, pour la première fois1.

En 1958, il reçoit les titres de kyorpön (docteur en théologie) de khenpo (maître des études). La même année, il est ordonné moine.

Du fait de l'invasion militaire chinoise du Tibet en 1950, Chögyam Trungpa dut fuir son pays en avril 19593. Il partit avec un groupe de 300 personnes, dont Akong Rinpoché, pour un dangereux voyage à travers l'Himalaya jusqu'en Inde. Seulement 12 personnes atteindront l'Inde, les autres ayant été abattus ou faits prisonniers au moment du passage de la frontière1. C'est durant cette fuite qu'il rencontra Könchok Paldrön, une jeune nonne tibétaine dont il tomba amoureux et qui lui donna un peu plus tard en Inde son premier fils : Ösel Rangdrol Mukpo1. Könchok Paldrön, à cause de cette grossesse, dut partir avec son fils. Elle se remaria ensuite et eut d'autres enfants.

De 1959 à 1963, Chögyam Trungpa fut nommé par le 14e Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, conseiller spirituel de la Young Lamas Home School, à Dalhousie en Inde. En 1963, Chögyam Trungpa partit pour l'Angleterre afin d'étudier les religions comparées, la philosophie et les beaux-arts à l'Université d'Oxford, grâce à une bourse Spaulding. À la même époque, il étudia aussi l'arrangement floral japonais (Ikebana) et reçut la qualification d'enseignant de l'école Sogetsu.

En 1967, il se rendit en Écosse où il fonda, avec Akong Rinpoché, le centre de méditation Samye Ling, 1er centre de pratique du bouddhisme tibétain en Occident.

Stupa de Dharmakaya dans le Colorado, où ont été déposées les cendres de Chögyam Trungpa

Peu après, divers événements - y compris un accident de voiture qui lui laissa une hémiplégie gauche partielle - conduisirent Chögyam Trungpa à prendre la décision d'abandonner ses vœux monastiques et de devenir un enseignant laïc4.

En 1969, il publia Méditation et Action, premier d'une série de livres sur le chemin spirituel publiés pendant sa vie.

L'année suivante il épousa Diana Pybus (Diana J. Mukpo) le 3 janvier 1970 et partit aux États-Unis d'Amérique, où il établit son premier centre de méditation en Amérique du Nord à Barnet dans le Vermont, au départ nommé Tail of the Tiger (la Queue du Tigre) aujourd'hui connu sous le nom de Karmê Chöling.

Dans les années 1970, Chögyam Trungpa dirigea six séminaires Vajradhatu de trois mois, pendant lesquels il présenta un vaste corpus d'enseignements bouddhistes dans une ambiance de méditation intensive. Les séminaires ont contribué à l'importante fonction de former ses élèves à devenir eux-mêmes enseignants. Chögyam Trungpa a aussi invité d'autres maîtres, y compris le 16e Karmapa, chef de la lignée Kagyupa, à venir enseigner en Occident. C'est aussi pendant cette période que Chögyam Trungpa a fondé Vajradhatu, une organisation qui chapeaute les nombreux centres qui s'établissaient à travers le monde sous sa direction et dont le siège central est établi à Boulder dans le Colorado.

En 1976, il nomma Thomas Rich son Régent (Vajra), fonction traditionnelle qui confère la responsabilité de poursuivre la tâche d'enseignements léguée par un maître. Le Régent Vajra Ösel Tendzin a été le 1er Occidental reconnu comme détenteur de la lignée Shambhala de la tradition Kagyupa.

Vers la fin des années 1970, Chögyam Trungpa offrit une pratique contemplative aux personnes qui ne s'intéressaient pas nécessairement à l'étude du bouddhisme. Il mit au point un programme appelé Apprentissage Shambhala, fondé sur le légendaire royaume du même nom.

Pendant les années 1980, tout en continuant ses tournées d'enseignement, les séminaires Vajradhatu et la publication de livres - à quoi s'ajoute l'établissement d'un monastère bouddhiste à Cap Breton en Nouvelle-Écosse, au Canada - Trungpa orienta son attention de plus en plus vers la propagation d'enseignements qui s'étendaient au-delà du canon bouddhiste. Ces activités ne comprenaient pas seulement l'Apprentissage Shambhala, qui attiraient des milliers d'élèves, mais aussi le tir à l'arc japonais, la calligraphie, l'arrangement floral (Ikebana), la cérémonie du thé, la santé, la danse, le théâtre et la psychothérapie, entre autres. Chögyam Trungpa cherchait à apporter, selon lui « l'art dans la vie quotidienne ». Il établit en 1974 la Fondation Nalanda pour servir de tutelle à ces activités.

En 1986, suivant son désir d'établir le centre de son organisation dans une ambiance moins agressive et matérialiste, Chögyam Trungpa partit pour la Nouvelle-Écosse, où quelques centaines de ses élèves s'étaient déjà établis. Peu de temps après, en avril 1987, la vie de Chögyam Trungpa arriva à son terme. Chögyam Trungpa eut cinq fils.










Chögyam Trungpa et le bouddhisme

L’enseignement et le travail de Fabrice Midal tient pour une part essentiel à Chögyam Trungpa (1940-1087) qui fut un maître de méditation bouddhiste hors du commun. Il a ouvert la voie. Il a montré l’urgence d’une spiritualité dépouillé de toute religiosité. Il a montré qu’il était possible d’être fidèle à tradition bouddhiste sans aucun féodalisme. Il a montré que l’on pouvait marcher dans les pas du Bouddha et aimer la poésie pour de bon.


« Ma rencontre avec l’enseignement et l’esprit de Chögyam Trungpa a été un éblouissement dont je ne me suis jamais remis. Une des plus grandes chances de mon existence. Il existe de nombreux maîtres importants, mais aucun n’a fait l’effort que fit Chögyam Trungpa de tout risquer, de tout remettre en question pour mieux comprendre le sens de sa tradition et savoir la transmettre dans sa quintessence la plus vivante. Lire une ligne de lui, c’est le reconnaître. Son style est tellement unique. Il a enseigné des milliers de fois — sans jamais se répéter. Son œuvre en anglais, comporte pour l’heure huit volumes de cinq à six cents pages. Et ce n’est que la face visible d’un immense iceberg. Transmettre quelque chose d’une telle incandescence, d’une telle liberté, d’un amour aussi fulgurant, voilà mon aspiration la plus profonde. »
Fabrice Midal lui a consacré son premier livre, La Pratique de l’éveil de Tilopa à Trungpa (1998), qui explicite le contexte traditionnel de Chögyam Trungpa en présentant l’école Kagyü à laquelle il appartenait.


Il a rédigé la première biographie de Chögyam Trungpa, Trungpa, (Seuil, 2002) traduite en Américain, en Espagnol et en Thaïlandais.

Il a édité le volume Enseignements secrets et en a rédigé la préface, (éd. du Relié, 2004 repris en Point Sagesse)

Il a préparé une anthologie de textes dessinant un parcours dans l’œuvre de Chögyam Trungpa, Chögyam Trungpa pour chaque moment de la vie, (2004)

Il a dirigé l'ouvrage Recalling Chögyam Trungpa (Shambhala Publication, 2005) rassemblant de très nombreuses contributions et qui devait être publié en Français comme Cahier de l'Herne avant que l'éditeur ne se dédise.

Il a publié en 2007, pour saluer le vingtième anniversaire de sa disparition, Chögyam Trungpa, une révolution bouddhiste, Ed. du Grand Est.

Il est au centre de son livre Risquer la liberté (Seuil, 2009) — où il évoque les points saillants de l’enseignement de Chögyam Trungpa et comment voulant lui être fidèle, il a quitté l’organisation qui lui survivait pour fonder l’Ecole Occidentale de Méditation.

Dorje Drolö, la forme la plus courroucée de Padmasambhava, manifestation de la folle sagesse, qui incarne les forces de l'intuition et de la compassion au-delà de la logique et des conventions6.

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