Pour les chrétiens de toutes confessions, les fins dernières regardent trois sortes d’événements qui paraissent différents à un regard humain :
- La mort des individus ;
- La fin des sociétés humaines ou d'une génération (en d'autres termes, la fin « d’un monde ») ;
- La fin du monde, (les évènements de la dernière génération qui vivra sur terre) : c'est le but de l'univers, de l'humanité et de l'Église.
Le mot eschatologie (du grec : ἔσχατος eskhatos « dernier », λογία logia « discours ») désigne la doctrine constituée par l'histoire ou la recherche autour du concept de destinée de toutes choses.
Il faut distinguer trois approches différentes de l'eschatologie chrétienne :
L'eschatologie catholique est fondée sur une théologie officielle, le Magistère catholique donnant l'interprétation authentiquement catholique de l'Écriture et de la Tradition des saints. Elle est donc toujours liée à des dogmes qu'une théologie ou l'autre, approuvée par l'Ordinaire catholique vient unifier. On remarque en particulier l'eschatologie de saint Augustin, celle de saint Thomas d'Aquin, les dogmes du pape Benoît XII sur le destin individuel, la définition du Concile de Trente sur le purgatoire, et les apports du Catéchisme de l'Eglise catholique (1992) sur l'épreuve finale de l'Eglise.
L'eschatologie orthodoxe est simplement approuvée par le fait que la majorité des Docteurs de la sainte Tradition l'ont soutenue. Elle est donc faite de l'autorité des Pères dans leur interprétation de l'Écriture.
Les eschatologies protestantes dépendent de chaque pasteur qui s'attachent uniquement aux prophéties bibliques. N'ayant pas d'autres principe d'unification, ces théologies sont extrêmement diverses. Ses eschatologies sont principalement millénaristes (foi dans le règne à venir sur la terre, pendant mille années, du Christ, cité dans le livre de l'Apocalypse).
Elle a la caractéristique de se fonder, à partir de l'Écriture Sainte et de la Tradition, sur des textes dogmatiques qui ont été principalement établis à partir du Moyen Âge et jusqu'à aujourd'hui.
La vie terrestre est la première étape d'une purification qui va conduire l'homme, à travers la croissance de la charité, à la vision de Dieu.
Le pape Benoît XII définit :
« Par la présente constitution, qui restera à jamais en vigueur, et de notre autorité apostolique, Nous définissons que, d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de tous les saints qui ont quitté ce monde avant la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ: que celles des saints Apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après avoir reçu le saint baptême du Christ, en qui il n’y a rien eu à purifier lorsqu’ils sont morts ou en qui il n’y aura rien à purifier lorsqu’ils mourront dans la suite ou encore, s’il y a eu ou qu’il a quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort, elles auront achevé de le faire; que, de même, les âmes des enfants régénérés par ce même baptême du Christ ou encore à baptiser, une fois qu’ils l’auront été, s’ils viennent à mourir avant d’user de leur libre-arbitre, (que toutes les âmes de ces enfants), aussitôt après leur mort et la purification dont nous avons parlé pour celles qui en auraient besoin, avant même la résurrection dans leur corps et le Jugement général, et cela depuis l’Ascension du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au Ciel, ont été, sont et seront au Ciel, au Royaume des cieux et au paradis céleste avec le Christ, admises dans la société des saints anges.
En outre, nous définissons que, selon la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines infernales. »
Ces dogmes constituent des repères sûrs de la théologie catholique. Ils ne sont pas la théologie en elle-même qui, faite de chair et de vie, décrit le cheminement de l'âme vers le salut comme une alliance d'amour.
Cette deuxième partie de l'eschatologie manifeste comment Dieu conduit chaque génération, à travers ses succès et ses orgueils, vers sa fin et la découverte de son péché. Chaque génération possède ses travers spécifiques et est conduite, à travers la mort de chaque individu et la Venue du Christ.
À la différence de beaucoup d'eschatologies millénaristes (condamnées par les dogmes catholiques), l'eschatologie catholique n'attend pas une victoire glorieuse de l'Église sur cette terre. Bien au contraire, le Catéchisme de l'Église catholique (N° 675-677) enseigne que, vers la fin, l'Église sera à l'image de son Seigneur crucifié, faible et méprisée du monde. Ce sera la Passion de l'Église, la seconde Passion du Christ, vécue dans son corps mystique qui est l'Église1 :
« L’Épreuve ultime de l’Église
675 Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le " mystère d’iniquité " sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22).
676 Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme (cf. DS 3839), surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, " intrinsèquement perverse " (cf. Pie XI, enc. " Divini Redemptoris " condamnant le " faux mysticisme " de cette " contrefaçon de la rédemption des humbles " ; GS 20-21).
677 L’Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19, 1-9). Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église (cf. Ap 13, 8) selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20, 7-10) qui fera descendre du Ciel son Épouse (cf. Ap 21, 2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20, 12) après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2 P 3, 12-13). »
C'est donc une victoire par l'humilité et l'amour, une victoire qui se manifestera dans ce monde avec le retour du Christ, et s'établira tout de suite dans l'autre monde que la théologie catholique attend. Pas de royauté terrestre donc, mais au contraire une lente kénose jusqu'à la Parousie. Cette Venue du Christ attirera l'humanité entière, celle qui vivra au temps d'un dernier Antéchrist, sauf ceux qui refuseront, vers le salut éternel.
Bien que l'eschatologie soit formellement une division assez récente[réf. nécessaire] de la théologie chrétienne, la question de la "fin des temps" a toujours été importante dans la foi chrétienne:
Épître aux Romains 8, 19-25:
- Car la création attend avec impatience la manifestation des fils de Dieu.
- Assujettie à la vanité, non de son gré, mais par le volonté de celui qui l'y a soumise,
- elle garde l'espoir qu'elle aussi, la création, sera affranchie de l'esclavage de la corruption pour participer à la liberté glorieuse des enfants de Dieu.
- Nous savons en effet que maintenant encore, la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l'enfantement.
- Pas elle seulement. Nous aussi, possédant les prémices de l'Esprit, nous gémissons en nous-mêmes dans l'attente de notre adoption, c’est-à-dire de la rédemption de notre corps.
- Car c'est en espérance que nous avons été sauvés. Or voir ce qu'on espère, ce n'est plus l'espérer, et ce que l'on voit, qu'aurait-on à l’espérer ?
- Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec patience.
Le champ de l'eschatologie chrétienne recouvre les questions de la vie après la mort, du retour de Jésus, de la fin des temps, de la résurrection des morts, du Jugement dernier, du renouvellement de la création, de l'enfer et du paradis, de l'établissement du Royaume de Dieu, de l'accomplissement du dessein de Dieu et des prophéties messianiques, et du commencement de l'ère messanique.
Le terme "eschatologie" est souvent utilisé de manière plus populaire et dans un sens plus restreint pour désigner l'étude comparative du livre de l'Apocalypse et d'autres parties de la Bible, telles que le Livre de Daniel et différentes paroles de Jésus dans les Évangiles comme le discours du Mont des Oliviers2 et le Jugement des Nations3, et en particulier la détermination du moment - que beaucoup de chrétiens croient proche - du retour du Christ. Il y a notamment différentes controverses en ce qui concerne l'ordre et la signification des événements qui entoureront le retour du Christ.
Certains chrétiens, notamment parmi les orthodoxes, considèrent que ces discussions sont dangereuses et fondamentalement erronées[réf. nécessaire]. Les théologiens de nombreuses traditions précisent que l'apocalypse ne fut incluse que tardivement dans le Canon, du fait de questionnements sur son utilité. Beaucoup des premiers chrétiens étaient en effet avant tout préoccupés par la question du salut. C'est pourquoi ce livre n'est pas inclus dans la liturgie de la plupart des traditions. Néanmoins, un grand nombre de chrétiens considèrent que l'effort de comprendre ce livre constitue l'un des principaux, si ce n'est le principal, objectif de la foi chrétienne.
À ces prophéties bibliques s'ajoutent de plus, dans beaucoup de traditions protestantes et catholiques, mystiques ou populaires, différents enseignements ou écrits provenant de personnes ayant reçu une révélation particulière du ciel, d'anges, de saints, ou du Christ lui-même[réf. nécessaire].
Presque toutes les traditions du christianisme croient que les souffrances, l'injustice et la mort continueront jusqu'à ce qu'adviennent le retour du Christ et la fin du monde. L'espérance chrétienne ne sera pas réalisée dans cette vie et certains[réf. nécessaire] préfèrent l'objectif pratique de prier et de travailler à une meilleure vie, accompagnée de plus de bénédictions divines dès maintenant. Il y a toutefois d'autres traditions[réf. nécessaire] qui enseignent que la souffrance doit être éliminée avant le retour du Christ.
On peut distinguer globalement quatre approches différentes dans l'eschatologie chrétienne. Ces différents points de vue viennent de ce qu'il y a différentes manières, plus ou moins littérales, d'interpréter les écritures et en particulier l'Apocalypse.
En particulier, ceux qui croient que chaque mot de l'écriture a été prévu par Dieu pour être interprété dans son sens le plus habituel et courant se tourneront naturellement vers le millénarisme, alors que ceux qui croient que les mots de l'écriture sont symboliques ou métaphoriques se tourneront vers différentes autres interprétations, selon le niveau de symbolisme qu'ils utilisent.
- L'approche historiciste développe un système d'interprétation qui suppose que les prophéties de Daniel et de l'Apocalypse partent du temps de l'auteur jusqu'à la Parousie. Sa méthode consiste à dérouler face à face la Bible et l'histoire, dans une continuité chronologique. Pour elle l'écriture annonce des événements qui correspondent à des faits historiques uniques : Dieu pose des jalons prophétiques repérables autant qu'inéluctables tout au long de l'histoire4.
- L'approche "Préteriste" croit que la plupart, voire la totalité des prophéties, et en particulier celle de l'Apocalypse, se sont déjà réalisées. Elle estime que la Révélation prédisait la chute de Jérusalem et la destruction du Temple, dont Jésus avait dit qu'elle serait le signal de la "fin des temps". Les premiers et les derniers versets de l'Apocalypse disaient que ces événements devaient se produire rapidement et que les temps étaient proches. Pour cette école, l'Apocalypse prophétisait la fin de l'ancienne alliance et le début de la nouvelle alliance.
- L'approche futuriste estime que les événements décrits dans les prophéties se dérouleront dans le futur ou au-delà de l'histoire, après la fin des temps. Cette interprétation est à l'origine de différentes sortes de millénarismes.
- L'approche idéaliste recherche des motifs réguliers ou des lois dans l'histoire de l'humanité ou dans la vie personnelle qui aient une signification religieuse. Cette approche peut se combiner avec l'approche historique ou futuriste de telle sorte que le motif ainsi pris en considération soit vu comme l'écho d'un événement réel ou archétypal, passé ou à venir. De plus, certaines des interprétations de cette approche sont purement métaphoriques.
La diversité de ces approches peut se vérifier par exemple lorsqu'un passage traitant du royaume des cieux est interprété par certaines églises comme :
- l'expression d'un idéal
- la métaphore d'une réalité surnaturelle
- la relation d'événements du passé
- ou enfin comme l'annonce d'un événement futur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.