vendredi 20 janvier 2012

Eschatologie

L'eschatologie (du grec ἔσχατος / eschatos, « dernier », et λόγος / lógos, « parole », « étude ») est le discours sur la fin des temps. Il relève de la théologie et de la philosophie en lien avec les derniers temps, les derniers événements de l’histoire du monde ou l’ultime destinée du genre humain, couramment appelée la « fin du monde ». Dans de nombreuses religions, celle-ci est un événement futur prophétisé dans les textes sacrés ou le folklore. Plus largement, l’eschatologie peut embrasser des concepts qui sont liés tels que celui de Messie ou des temps messianiques, l’après-vie et l’âme.

La plupart des religions monothéistes ont des doctrines qui affirment que des membres « choisis » ou « dignes » de la seule vraie foi seront « épargnés » ou « délivrés » du jugement et de la colère de Dieu à venir. Ils seront envoyés au paradis avant, pendant, ou après ces derniers, en fonction du scénario des temps de la fin qu’elles retiennent.

L'eschatologie cosmique s'occupe de la fin des temps, parfois du Jugement dernier, de la résurrection. Quant à l'eschatologie individuelle, elle traite de la vie après la mort, de la destinée de l'âme post mortem (qui prend diverses formes : séjour dans l'Hadès des Grecs ou dans le Sheol des juifs, réincarnation, etc.).

Article détaillé : Liste de prédictions de la fin du monde.

La fin des temps décrite dans le livre de Daniel, expression consacrée, appelée A'harit HaYamim (אחרית הימים la fin des jours) dont l'étape la plus importante, au point d'être souvent confondue avec le processus entier, est appelée Yemot HaMashia'h (ימות המשיח les Temps Messianiques). Cette croyance est cependant loin d'être accessoire. Figurant dans les treize principes de Maïmonide, l'auteur va jusqu'à en faire une base de l'appartenance au peuple élu au cours de son commentaire sur la Mishna Sanhédrin où cette thèse est originellement présentée.

La fin des jours est traditionnellement divisée en un nombre d'époques successives:

Le terme eschatos est utilisé dans le Nouveau Testament pour indiquer qu’avec le second avènement du Christ la fin commencera. Jésus a enseigné à ses disciples, durant son ministère et lors de son Ascension, qu’il reviendrait et qu’il jugerait les vivants et les morts, tel que l’affirment les chrétiens dans leur profession de foi.

Pour les chrétiens, il semble que Dieu regarde en un seul regard trois sortes d’évènements qui paraissent différents à un regard humain :

  • la mort des individus, la vie après la mort : l'eschatologie personnelle
  • la fin des sociétés humaine ou d'une génération (la fin d’un monde) : l'eschatologie humaine
  • la fin du monde, (les événements de la dernière génération qui vivra sur terre) : l'eschatologie cosmique.

On trouve une preuve de ces sens multiples dans un texte de l’évangile de Matthieu 24, 37-42. Il s’agit d’un passage où Jésus parle de son retour dans la gloire, mystère habituellement réservé à la fin du monde. Or il y décrit aussi la mort individuelle d’un homme, puis d’une femme : « Comme les jours de Noé, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu'à l'arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Alors deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé ; deux femmes en train de moudre : l'une est prise, l'autre laissée. »

On peut citer un autre texte des évangiles :

Luc 12:39-40 « Vous savez que si un père de famille était averti à quelle heure un larron (voleur) doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. Vous donc aussi, soyez prêts, car le Fils de l'homme (Jésus-Christ) viendra à l'heure que vous ne penserez point. »

Les chrétiens du Ie siècle croyaient que la fin du monde adviendrait durant leur vie. Jésus, dans l’Évangile selon Marc, chapitre 13, verset 8, compare la fin du monde avec les douleurs de l’enfantement d’une mère, et l’image impliquait que le monde était déjà « engrossé » par sa propre destruction, mais personne à part Dieu ne peut connaître le moment auquel cela se produira. Lorsque les convertis de Paul à Thessalonique furent persécutés par l’Empire romain, ils crurent que la fin était arrivée. Cependant, le doute monta lorsque dans les années 90 apr. J.-C, Justin le Martyr déclara que Dieu retardait la fin du monde parce qu’il voulait que le christianisme devienne une religion mondiale. Dans les années 250, Cyprien de Carthage écrivit que les péchés chrétiens de ce temps étaient un prélude à la preuve que la fin était proche.

Cependant, vers le IIIe siècle, la plupart des chrétiens croyaient que la Fin se trouvait au-delà de leur génération ; Jésus, croyaient-ils, avait dénoncé les tentatives de faire de la divination sur l’avenir, de connaître « les temps et les saisons », et de telles tentatives de prédire le futur furent découragées, quoiqu’une date fut fixée pour la Fin à l’aide des traditions juives dans les six âges du monde. En utilisant ce système, la Fin fut fixée à 202, mais lorsque la date fut passée, elle fut changée pour 500 apr. J.-C. Après 500 apr. J.-C., l’importance de la Fin comme élément du christianisme fut marginalisée, bien qu’on insiste encore traditionnellement dessus lors de la saison de l’Avent.

Dans l'islam, Le jour du jugement ou Yawm al-Qiyāmah (arabe: يوم القيامة : "Jour de la résurrection"), Dieu (Allah en arabe) ressuscitera les morts, et accueillera les bienfaisants et les pieux au paradis et les malfaisants, les criminels, les corrompus, les non repentants et les mécréants en enfer. L'origine historique de l'eschatologie islamique est semblable à l'eschatologie chrétienne, Mahomet l'ayant racontée à ses compagnons (sahaba). Certains pensaient que la fin du monde arriverait à leur propre fin. Cependant, bien qu'utile les récits de nature eschatologique sont à prendre avec précaution à cause, selon certaines écoles musulmanes (dont Ahmad Ibn Hanbal qui le définit comme sans fondement), de beaucoup d'exagération et de récits non authentiques1.

Les hadiths disent donc qu'un saint guerrier, le mahdi, identifié par les chiites duodécimains comme Muhammad al-Mahdi, leur dernier imam, défendra l'islam contre l'Antéchrist ou al-Dajjâl. Tiré du Coran et des hadiths, les signes de qiyamah de Mohammed Ali Ibn Zubair aborde l’arrivée de l’Illuminé, le mahdi, suivie de : « La terre s’effondrera, le brouillard ou la fumée couvriront les cieux durant quarante jours. Ceci apparaîtra sur toute la terre, ce qui provoquera aux croyants d’attraper quelque chose de semblable à un petit rhume, alors que les incroyants seront frappés plus fort par tout cela. Pour finir, un vent froid viendra et tuera tous les croyants, ne laissant que les incroyants sur terre qui seront les témoins de la dernière heure. L’ange Israfil sonnera la trompette, et la résurrection de tous les êtres humains commencera. Le Coran sera élevé depuis le cœur des gens.

« L’imam […] créera un état du monde […] Il vous enseignera une vie simple et une pensée élevée. En commençant ainsi, il établira un empire de Dieu dans ce Monde. Il sera la démonstration finale et la preuve du souhait miséricordieux de Dieu d’habituer l’homme aux voies droites de la vie. »

Dans la compilation des Ahadiths authentiques de Muslim : L'Antéchrist émergera d'une route dans une région entre le Châm (actuelle Syrie-Liban-Palestine) et l'Iraq et commencera à appeler les gens à son adoration. Parmi les plus nombreux qui le suivront il y a les Juifs, les femmes et les bédouins.

Soixante-dix mille Juifs d'Ispahan (dans l'actuel Iran) le suivront et ils voyageront dans le monde entier, de même que le vent souffle la pluie dans toutes les directions, à l'exception de La Mecque et Médine, car il lui sera défendu d'y entrer. La longueur de son séjour sera quarante (on ne sait pas s'il s'agit de jours, ou de mois, ou d'années,...)

Un jour sera comme une année, un jour comme un mois, un jour comme une semaine et le reste des jours sera comme d’habitude.

Il est borgne (c.-à-d. un œil est bon et l'autre est abîmé) et entre ses deux yeux sera écrit KAFARA (c’est-à-dire Kâfir ou incrédule) que seuls les croyants seront capables de lire.

Il provoquera de grandes Fitna (troubles ou tentations).

Il ordonnera aux cieux et il pleuvra, il ordonnera à la terre et elle produira de la végétation.

Il aura avec lui un jardin et un feu, cependant son jardin sera un feu et son feu sera un jardin.

Mahomet a mis en garde contre lui en disant : " Quiconque entend parler de lui, alors laissez-le et éloignez vous de lui.

Et quiconque l'a atteint, alors qu’il récite les versets du début de Surah Kahf sur lui”ou “...qu'il récite les versets du début de Surah Kahf ".


Les prophéties traditionnelles hindoues, telles que décrites dans les Puranas et de nombreux autres textes, disent que le monde tombera dans le chaos et la dégradation. Il y aura une montée rapide de la perversité, de l’avidité et du conflit, et cet état fut décrit comme :

« Lorsque la fausseté de la tromperie, la léthargie, l’assoupissement, la violence, le découragement, la colère, l’illusion, la peur, et la pauvreté prévaudront […] lorsque les hommes, remplis de suffisance, se considèreront égaux aux Brahmines […], alors ce sera la fin du Kali Yuga (l'âge actuel des ténèbres). »

Ceci se suivra de l’apparition d’un avatar (hindouisme), « Le Seigneur Se manifestera en son avatar Kalkî […] Il établira la droiture sur la terre et les esprit des gens deviendront aussi purs que le cristal. […] Ceci résultera en ce que le Sat ou Krta Yuga (âge d’or) soit établi. »

Dès ses débuts, le bouddhisme s'est vu déclinant. D’après le Sutta Pitaka, Bouddha prédisait que ses enseignements disparaîtraient après 500 années : les dix préceptes moraux ne seront plus pratiqués et seront remplacés par leur contraire ; s'ensuivra une période de misère et la fin du règne du vrai dharma. À l'époque médiévale, le bouddhisme ayant apparemment survécu aux prévisions pessimistes de son fondateur, la durée de vie de la doctrine est allongée à 5000, puis 10 000 ans, mais sa fin reste certaine. Des commentateurs tels que Buddhaghosa décrivent son effacement : lors d'une première étape, les arahats n’apparaîtront plus dans le monde ; plus tard, les enseignements se videront de leur contenu, puis disparaitront entièrement ; enfin, le souvenir du Bouddha lui-même s'effacera, et ses reliques seront réunies à Bodh-Gaya, lieu de son illumination, pour y être incinérées. Un certain temps après, un nouveau bouddha, appelé Maitreya, apparaîtra pour « remettre en route la roue du dharma », et le bouddhisme ressuscité indiquera de nouveau le chemin vers le nirvana. Selon la tradition, Maitreya résiderait actuellement dans le ciel de Tusita, où les bodhisattvas attendent leur renaissance finale dans le monde. Gautama, bouddha de notre ère, avait lui-même succédé à de nombreux bouddhas du passé.

Les cycles de déclin et de rétablissement du bouddhisme reproduisent les cycles de création et de destruction de la cosmologie hindoue. On distingue dans un cycle trois époques (ou cinq périodes, selon les auteurs) : celle du « vrai dharma », celle du « semblant de dharma » et celle de la « fin du dharma », mòfǎ en chinois et mappō en japonais (末法), dans laquelle se situe le bouddhisme depuis pratiquement ses débuts. Ce concept a joué un rôle important durant les périodes troublées de l'histoire de la Chine et du Japon qui ont vu la naissance de sectes millénaristes. Certains courants faisant une part importante à la dévotion (Terre pure, bouddhisme de Nichiren) s'appuient sur cette croyance pour promouvoir leur enseignement, avec pour argument qu'en ces temps de fin de dharma le bouddhisme « classique » basé essentiellement sur l'ascèse et la méditation a perdu son effet, et que seule la dévotion peut encore sauver.

Selon une eschatologie New Age, l'achèvement d'un cycle de 13 baktuns, dans le compte long du calendrier maya, en décembre 2012, correspondrait à la fin du monde dans sa forme actuelle. Il n'existe pas de consensus, parmi les tenants de cette prédiction, sur la nature de cette fin du monde. Certains interprètent cette date comme un moment de changement radical, où se produirait une prise de conscience globale de l'espèce humaine, la fin du monde prenant alors un sens symbolique d'ascension. D'autres, au contraire, s'attendent à un événement plus drastique : apocalypse, inversion des pôles, etc.


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