L’obsolescence programmée (aussi appelée « désuétude planifiée ») regroupe l’ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement.
La demande ainsi induite profitera au producteur, ou à ses concurrents — ce qui explique certains cas de cartels. Le secteur bénéficie alors d’une production plus importante, stimulant les gains de productivité (économies d’échelle) et le progrès technique (qui accélère l’obsolescence des produits antérieurs).
Cette stratégie n’est pas sans risques : elle implique un effort de recherche et développement, n’allant pas toujours dans le sens d’une amélioration du produit. De plus, elle fait courir un risque à la réputation du fabricant (son image de marque) ; enfin, elle implique un pari sur les parts de marché futures de la firme (sur les produits de remplacement).
Cette stratégie a également un impact écologique direct. L’obsolescence programmée visant la surconsommation, elle est la cause d’un surplus de déchets, indépendamment de l’état de fonctionnement effectif des produits techniques mis au rebut ou de l’état d’usure des objets d’usage. Les circuits de recyclage ou de conditionnement des matières plastiques et des métaux, en particulier, ne prennent pas en charge le stockage des déchets informatiques, malgré l’abondance de matières premières de valeur qu’ils peuvent contenir (fer, aluminium, mais aussi tantale pour les condensateurs et métaux rares, etc.). L’exportation en masse de déchets des pays de grande consommation vers des zones géographiques où le stockage est négociable à moindre coût est d’autant plus problématique et expose classiquement les pays receveurs à des pollutions spécifiques sur les sites de décharge de grande envergure.
L’expression « obsolescence programmée » (planned obsolescence en anglais) remonterait à un article publié par un Américain, Bernard London, en 1932, sous le titre Ending the Depression Through Planned Obsolescence (« Mettre fin à la grande crise au moyen de l'obsolescence programmée »). Il y faisait le constat que, sous l'effet de la crise économique, les Américains avaient rompu avec leur habitude de se débarrasser de leurs biens avant qu'ils ne soient usagés, et qu'ils s'étaient mis à conserver leur voiture, leurs pneus, leur poste de radio, leurs vêtements plus longtemps que ne l'avaient prévu les statisticiens, allant ainsi à l'encontre de la « loi de l'obsolescence »2.
L'expression aurait connu un regain au milieu des années 1950, en conférant au design le rôle de rapidement démoder le produit. Elle fait l’objet de débats dans les colonnes de la revue Industrial Design, et sera popularisée par le designer industriel Brooks Stevens. Comme ses prédécesseurs, il souhaite non pas faire des produits de mauvaise qualité, mais les renouveler tous les ans via la mode. Il produit de nombreux objets (voitures, motos, tondeuses, aspirateurs3 et autres articles ménagers) dont les modèles sont sans cesse renouvelés. Selon B. Stevens, il faut « inculquer à l’acheteur le désir de posséder quelque chose d’un peu plus récent, un peu meilleur et un peu plus tôt que ce qui est nécessaire »4. Il crée une société de design Brooks Stevens Design Associates et se fait le chantre de cette approche, parcourant l’Amérique pour en faire la promotion au moyen de nombreux enseignements, articles et conférences.
Dans les années 1960, l’expression devient courante. Le constructeur automobile Volkswagen lance même une campagne de publicité sur ce thème5.
La mise en œuvre d’un programme d’obsolescence programmée suppose que le fabricant soit sûr que l’achat de remplacement sera fait chez lui, ce qui implique deux conditions :
- Une situation dominante, voire de monopole ou d’oligopole. En effet, lorsque le marché est dynamique et réellement concurrentiel, il est difficile d’imposer aux consommateurs des produits ayant une durée de vie limitée.
- La durée de vie programmée de l’objet doit rester secrète, sans quoi le consommateur aurait l’impression de se faire tromper et s’adresserait à un autre fabriquant avec une meilleure réputation. C’est ce qui distingue le modèle de l’obsolescence programmée de celui du produit jetable ou plus généralement dont il est clair pour le consommateur que sa durée de vie est limitée (produit de saison comme un sapin de Noël par exemple), même si les logiques à l’œuvre sont proches (réduction des coûts, augmentation du rythme de renouvellement).
Ces conditions sont drastiques et c’est ce qui rend le concept d’obsolescence programmée si critiqué. En effet, si un fabricant (ou un groupe) dispose d’une situation dominante, il a d’autre choix que d’essayer d’augmenter son marché futur par une réduction de la qualité de son produit (au risque de sa réputation) ; à commencer par le plus profitable à court terme, simplement augmenter ses prix.
Les défenseurs de l’obsolescence programmée avancent que cette technique dynamise le marché et crée des conditions favorables aux entreprises innovantes. Connaître (et provoquer) la fin de vie d’un produit permet d’anticiper et prévoir l’évolution des ventes sur le long terme, ce qui réduit les risques économiques et donc facilite la planification des investissements industriels.[réf. nécessaire]
Bernard London a ainsi soutenu, à l’époque de la Grande Dépression et dans un but philanthropique (et non pas cynique), qu’il serait bon pour l’économie de rendre l’obsolescence programmée obligatoire, non pas en produisant des produits manufacturés de mauvaise qualité, mais en leur imposant une date limite légale, après laquelle les consommateurs devraient obligatoirement les renvoyer à un organisme ad hoc, de manière à entretenir un flux éternel de produits manufacturés.[réf. nécessaire]
Ce genre de réflexion (selon laquelle une destruction est favorable aux affaires) reste assez fréquent et même soutenu par de grandes voix de l’économie, même s’il est dénoncé de longue date comme économiquement inepte par d’autres grandes voix6. Ils ne tient notamment pas compte de la consommation définitive de ressources limitées comme les énergie fossiles ou les minerais facilement exploitables, ni de son impact sur l’environnement.[réf. nécessaire]
Cependant, certains estiment que la péremption rapide des produits est le pendant de l’industrie de masse, une conséquence inévitable du progrès technologique tel qu’il est conçu actuellement. Pour l’historien et critique social Christopher Lasch par exemple « la production […] est dirigée par des stratégies marketing reposant sur la technique bien connue de l’obsolescence programmée » et « l’idéal de la publicité est un univers de biens jetables, où l’on se débarrasse de choses dès qu’elles ont perdu leur attrait initial. Que quoi que ce soit doive être réparé, rénové ou remplacé est une notion étrangère à l’éthique publicitaire7. »
l existe différentes variantes d’obsolescence programmée. Certaines impliquent d’ajouter sciemment des défauts de conception au produit vendu (il ne s’agit pas alors à proprement parler d’obsolescence, mais de défectuosité) ; d’autres formes plus psychologiques tentent plutôt de dévaloriser l’image du produit auprès des consommateurs. Voici un tour d’horizon non exhaustif des mécanismes attribués aux industriels.
Lorsqu’une pièce ne fonctionne plus, l’ensemble du produit devient inutilisable. Si le coût de réparation, constitué du prix de la pièce de remplacement, du coût de la main d’œuvre (en particulier dans les pays développés) et des frais de transport, s’avère supérieur au prix d’un appareil neuf vendu dans le commerce, il devient alors onéreux de vouloir réparer l’appareil endommagé.
L’utilisation de plastique au lieu du métal fera en sorte que le produit se brisera plus facilement.
Néanmoins, les contraintes de production ou d’ergonomie du produit fini peuvent également conduire indirectement à compliquer les réparations. Les conceptions « monobloc » de certains appareils (réfrigérateurs ou appareils portables) peut d’ailleurs au contraire les rendre plus simples à produire, plus compacts mais aussi plus résistants. En contrepartie, les réparations sont plus difficiles, voire impossibles.
Certains produits possèdent une date de péremption à partir de laquelle ils sont annoncés comme « périmés ». Cela s’applique principalement aux aliments et aux boissons, qui ont une date limite de consommation ou une date limite d’utilisation optimale, ainsi qu’aux produits cosmétiques, pharmaceutiques et chimiques. Cependant, dans certains cas, les produits restent utilisables après cette date. Par exemple, un aliment ayant une date limite d’utilisation optimale risque de voir ses qualités organoleptiques diminuées au-delà de la date indiquée, tout en restant consommable sans risque pour la santé. Une date limite de consommation est par contre plus stricte, car elle indique un risque pour la santé du consommateur s’il utilise le produit au-delà.
L’ignorance de la différence entre date limite d’utilisation optimale et date limite de consommation peut psychologiquement soit entraîner des mises à la poubelle prématurées, soit des prises de risques inconsidérées.
Certains produits deviennent obsolètes alors qu’ils sont totalement fonctionnels de par le fait que les produits associés ne sont pas ou plus disponibles sur le marché. C’est le type d’obsolescence programmée le plus courant en ce qui concerne les téléphones mobiles : un téléphone en parfait état devient inutilisable lorsque sa batterie ou son chargeur ne sont plus offerts sur le marché, ou simplement parce que racheter une batterie neuve serait économiquement non rentable. Certains fabricants vont jusqu’à souder la batterie des appareils électroniques pour pousser au renouvellement de l’équipement quand la batterie ne fonctionne plus8. De la même façon certaines imprimantes deviennent de facto obsolètes lorsque le fabricant cesse de produire les cartouches d’encre spécifiques à ces modèles. On peut également citer l’exemple d’un moteur de voiture rendu inutilisable du simple fait qu’il est impossible de trouver des pièces de rechange. Autre exemple, les traceurs à plumes, dont la plupart fonctionnent encore parfaitement, mais dont les outils de traçage ne sont plus fabriqués.
L’arrêt de la production de pièces détachées est un levier puissant à la disposition des industriels. Le choix d’abandonner la production ou la commercialisation des produits annexes (cartouches, pièces détachées, batteries, etc.) complique la tâche de maintenance et de réparation, jusqu’à la rendre impossible.
Cette pratique ne se limite pas aux produits consommables et aux pièces dérivées. Le même mécanisme d’obsolescence indirecte est possible également pour l’industrie des services et des logiciels. Par exemple, en juillet 2006, Microsoft abandonne le service d’après-vente et de maintenance corrective pour les logiciels Windows 98 et Millenium9. Cette décision implique que, depuis cette date, les bogues et les failles de sécurité ne sont plus corrigés par Microsoft. Par cette mesure, Microsoft incite ses clients à acheter la nouvelle version de son système d’exploitation ou de sa suite bureautique tous les deux ans10. Effet secondaire : les consommateurs vont se débarrasser du vieux matériel incapable de faire tourner les versions récentes de Windows (quantité de mémoire vive insuffisante, etc.) ou les recycler en serveurs Linux.
Le fait que les spécifications ne soient pas toutes communiquées, ainsi que des demandes de brevets (comme sur la gestion des noms longs) empêchant des tiers de satisfaire la même demande11, représentent une pression supplémentaire.
Proche de l’obsolescence indirecte, l’obsolescence par notification est une forme évoluée d’« auto-péremption ». Elle consiste à concevoir un produit de sorte qu’il puisse signaler à l’utilisateur qu’il est nécessaire de réparer ou de remplacer, en tout ou en partie, l’appareil. On peut citer l’exemple des imprimantes qui avertissent l’utilisateur lorsque les cartouches d’encre sont vides. En soi ce mécanisme n’est pas un mécanisme d’obsolescence. Cependant si les cartouches ne sont pas complètement vides lorsque le signal est émis, il s’agit bel et bien d’une obsolescence programmée de la cartouche.
L’aspect insidieux de ce type de péremption forcée réside dans l’interaction entre deux produits : dans l’exemple de l’imprimante, un produit « consommable » (la cartouche) est déclaré obsolète par un autre produit (l’imprimante elle-même). Cette technique est plus efficace lorsque le constructeur produit à la fois la machine et les recharges.
On peut aussi noter le cas des imprimantes affichant un message d’erreur bloquant leur fonctionnement normal (« réservoir d’encre usagée plein ») et où le fabricant n’assure aucun service et invite à renouveler le matériel. L’utilisateur se retrouve avec une imprimante qui ne fonctionne plus, et il ne peut aller au-delà de ce message. L’imprimante s’est ainsi rendue inutilisable elle-même, et l’utilisateur est contraint de renouveler son matériel ou de nettoyer son imprimante et d’utiliser un logiciel permettant de remettre le compteur d’impressions à zéro.
La Communauté européenne a en revanche interdit désormais la commercialisation de cartouches d’encre à puce électronique refusant tout service après un certain nombre de pages (même après remplissage d’encre), n’y voyant pas d’intérêt pour le consommateur et moins encore pour l’écologie des pays.
Principalement observée dans le secteur de l’informatique, cette technique vise à rendre un produit inutile par le fait qu’il n’est plus compatible avec les versions ultérieures. Dans le cas d’un logiciel, le changement de format de fichier entre deux versions successives d’un même programme suffira à rendre les anciennes versions obsolètes puisque non compatibles avec le nouveau standard.
Les changements de formats ou de standards sont souvent nécessaires pour prendre en compte les innovations d’un produit. Cependant ils peuvent aussi être provoqués artificiellement.
On retrouve encore une fois ce type d’obsolescence dans les imprimantes, dans lesquelles les cartouches qui ne sont pas ou plus produites par le fabricant ne peuvent être remplacées efficacement. La raison en est que les cartouches fournies par le fabricant disposent d’un circuit d’identification indiquant à l’imprimante que c’est bien une cartouche officielle. Si ce n’est pas le cas, l’imprimante refusera d’imprimer ou imprimera avec une qualité moindre. Pour parer à cela, il existe des logiciels permettant de passer outre cette protection de l’industriel et permettre l’usage de cartouches reconditionnées (à la maison, ou par des professionnels). À noter que certains vendeurs fournissent directement des cartouches génériques reprogrammées pour simuler une cartouche officielle à moindre coût pour l’utilisateur final.
Du côté d’Apple, le même phénomène se produit. En effet, en 2011, le nouveau système d’exploitation Lion n’intègre plus de module Rosetta qui permettait d’exécuter les programmes compilés pour un processeur Power PC sur un Mac équipé d’un processeur Intel. Ceci se traduit par une incompatibilité des programmes compilés avant 2006. Par ailleurs, la période de 2006 à 2011 est appelé période de transition car les développeurs ont été encouragés à abandonner le Power PC pour l’Intel. Cependant, tous n’ont pas fait ce pas et des programmes datant de cette période ne peuvent être exécutés sur Lion. L’abandon de Rosetta est contesté car lors du passage de Snow Leopard à Lion, les programmes Power PC devinrent inutilisables. De plus, bien que les programmes les plus populaires aient été convertis, il reste une importante ludothèque, inutilisable aujourd’hui.
Certains produits (notamment les chaussures et les vêtements) subissent une obsolescence subjective. Les modes vestimentaires et les critères d’élégance évoluent rapidement, et les vêtements perdent leur valeur simplement parce qu’ils ne sont plus « à la mode ». Certains fabricants exploitent ce principe en lançant des opérations marketing et des campagnes publicitaires dont le but est de créer des modes et d’en discréditer d’autres. À noter tout de même l’effet « boomerang » de l’obsolescence esthétique : un objet qualifié de démodé pourrait très bien revenir au goût du jour quelques années plus tard.
Quelques exemples sont cités par Cosima Dannoritzer dans son documentaire Prêt à jeter de 2010 :
- L’ampoule électrique à incandescence : sa durée de vie a été « harmonisée » et maintenue par les industriels (cartel Phœbus) à 1 000 heures, dans le monde entier, alors que des brevets existaient sur des ampoules d’une durée de vie allant jusqu’à 100 000 heures. Le reportage présente une ampoule de 1901, qui brille sans interruption depuis plus d’un siècle dans une caserne de pompier à Livermore (centenaire fêté en 2001 par le « comité de l’ampoule », qui la surveille. Deux des webcams qui l’ont filmée sont tombées en panne, alors que l’ampoule fonctionne toujours, commente C. Dannoritzer dans le documentaire). La validité de cet exemple semble contestable, l’augmentation de la durée de vie d’une ampoule diminuant son rendement et donc augmentant la consommation énergétique à luminosité constante12.
- L’automobile : pour concurrencer Henry Ford et sa Ford T volontairement vendue comme modèle unique, à portée du consommateur moyen, fiable, facile à réparer et très robuste, Alfred P. Sloan a inventé pour General Motors une Chevrolet conçue avec un châssis et un moteur uniques, mais selon le concept du changement de gamme à raison de trois nouveaux modèles de carrosserie, formes, couleurs et accessoires par an. En démodant rapidement les produits par la publicité, il pousse l’automobiliste à sans cesse abandonner son véhicule « démodé » au profit d’un modèle plus à la mode. C’est ainsi que General Motors a forcé Ford à changer de stratégie pour se lancer dans la course aux nouveaux modèles.
Il semble qu’il s’agisse-là du début du modèle d’« obsolescence programmée par l’esthétique et le design ». - Le bas nylon : mis sur le marché par DuPont dans les années 1940, il était si résistant que les ventes se sont effondrées, faute de besoin de renouvellement. En modifiant la formulation (notamment en réduisant le dosage de certains additifs destinés à protéger le polymère des UV), les bas se remirent à filer[réf. souhaitée]. Ce thème est évoqué dans le film L’Homme au complet blanc.
- La batterie de l’iPod des première, deuxième et troisième générations (et non l’iPod dans son ensemble) : elle est prévue pour durer 18 mois. Une fois la panne survenue, les services de soutien technique d’Apple suggéraient de remplacer l’appareil tout entier, ne proposant pas de vendre séparément une nouvelle batterie. À la suite du procès en recours collectif intenté par Elizabeth Pritzker devant la justice américaine, Apple mit en place un service de remplacement des batteries périmées.
- Les imprimantes : certaines sont équipées d’une puce compteur, bloquant l’impression au-delà d’un nombre convenu de feuilles. Ces données figurent bien souvent dans le cahier des charges de l’imprimante. Certaines cartouches d’encre sont également équipées d’une puce comptant le nombre d’impressions, indiquant alors un faux niveau d’encre dans le logiciel d’impression, ce qui amène à jeter des cartouches contenant encore de l’encre13. Leur commercialisation est désormais interdite dans l’Union européenne.
- Le marché informatique : l’un des secteurs les plus soumis à l’obsolescence est la production de microprocesseurs pour les ordinateurs personnels, dont le marché est dominé par deux constructeurs mondiaux. L’obsolescence est ici le résultat d’un progrès des performances de ceux-ci (progrès très important puisque exponentiel en ce qui concerne le nombre de transistors par microprocesseur, voir l’article sur la loi de Moore). La vérification surprenante dans les faits de la loi (conjecture) de Moore sur une longue période peut avoir plusieurs explications :
- rythme de progression régulier conséquence de cycles de recherche et développement puis validation des nouveaux processus de microgravure selon des calendriers à peu près identiques dans le temps et pour tous les constructeurs ;
- stratégie délibérée de rythme de progression planifié des performances pour les produits commercialisés à destination du grand public. Il y aurait un intérêt économique au contrôle de la demande par répartition distillée de l’offre. En maîtrisant dans le temps la diffusion des progrès technologiques, il est possible que les géants des semi-conducteurs définissent eux-mêmes un modèle stable de consommation et s’assurent ainsi d’une correspondance entre leurs efforts d’innovation et les désirs de renouvellements de leur clientèle. L’autolimitation de l’offre obligerait ainsi les consommateurs à mettre à jour régulièrement leur matériel. Pour être effective, il faut néanmoins qu’une telle autolimitation de l’offre puisse s’appuyer sur une cartellisation forte du marché et brider la mise sur le marché de l’innovation, ceci afin d’assurer à l’ensemble du secteur concerné une rente ou un simple retour sur investissement, étant donnés les coûts colossaux de la recherche et de la construction/mise à niveau des usines nécessaires (ces coûts expliquant notamment la concentration du secteur).
De plus, les constructeurs, pour s’assurer de pouvoir écouler leur production, se basent sur un accord tacite avec les éditeurs de logiciels. Ceux-ci mettent en place des mécanismes qui bloquent parfois l’installation de leurs logiciels sur des ordinateurs anciens ou de faible puissance. Ces ordinateurs, bien que parfaitement fonctionnels, sont donc rendus obsolètes par le fait que les nouvelles versions imposent des critères de performance trop élevés.
Réciproquement, les constructeurs informatiques offrent souvent les dernières versions pré-installées de certains logiciels pour chaque achat de matériel. Ils augmentent ainsi le degré de péremption des versions antérieures.
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