Aix-les-Bains est une commune française, située dans le département de la Savoie et la région Rhône-Alpes. Importante ville thermale française, elle est dotée du plus grand port de plaisance en eau douce de France2. Elle compte 27 531 habitants et fait partie de l'aire urbaine de Chambéry.
Ville-phare de la Belle Époque de renommée internationale, Aix-les-Bains fut un haut-lieu de villégiature pour les familles princières et les gens fortunés. Si aujourd'hui elle confirme plus que jamais son statut de ville d'eau, il n'en demeure pas moins que le thermalisme n'est plus la principale activité du bassin aixois. La cité compense en partie la perte de ses curistes en développant le tourisme ; la ville, entre lac et montagne, a de nombreux atouts dans ce domaine.
Mais Aix-les-Bains est aussi une ville industrielle, avec quelques grosses entreprises : Alstom (ex Areva, ex Savoisienne) en plein développement, une importante zone industrielle (Savoie Hexapole), les sièges des entreprises Léon Grosse, ABB Cellier, Aixam, une manufacture de haute maroquinerie, etc.
Le dynamisme de la ville, ainsi que son environnement sont la cause d'une augmentation constante de sa population.
Aix-les-Bains se situe dans le sud-est de la France à cent sept kilomètres à l'est de Lyon. La ville est implantée dans un couloir entre la montagne du Mont Revard, premier rempart naturel du massif des Bauges à l'est et le lac du Bourget, plus grand lac naturel de France à l'ouest. De ce fait, la ville s'étend principalement sur un axe nord-sud. Son extension est telle que son agglomération se confond peu à peu avec celle de Chambéry. La superficie de la commune est de 12,62 km2, ce qui est une taille importante pour le département. Les communes limitrophes sont : Tresserve, Grésy-sur-Aix, Mouxy, Drumettaz-Clarafond, Pugny-Chatenod et Brison-Saint-Innocent. La commune est traditionnellement divisée en deux, la ville basse qui occupe les berges du lac à l'ouest et la ville haute, où se trouve le centre-ville, surplombant le lac du Bourget. La cité s'est d'abord construite sur les hauteurs afin d'éviter les nombreuses crues3 du lac avant que celui-ci ne soit régulé notamment par le barrage de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) entre le Rhône et le déversoir naturel du lac, le canal de Savières. L'altitude moyenne de la ville est d'environ trois cent vingt mètres alors que la partie basse de celle-ci ne se trouve qu'à deux cent vingt-quatre mètres, soit au niveau du lac.
Le bassin versant de 560 km2 du lac du Bourget est occupé par la station thermale d’Aix-les-Bains, qui le borde sur sa rive est4. Le lac est principalement alimenté au sud par les eaux de la Leysse, et, à l'est, par celles du Tillet et du Sierroz, tous deux passant sur le territoire aixois. Des poissons indigènes peuvent être admirés dans l'aquarium d'Aix-les-Bains. La rive est, occupée par Aix-les-Bains et Tresserve, est très urbanisée et aménagée tout au long de la route et de la voie de chemin de fer (partie nord-est). De nombreux restaurants et boîtes de nuit y sont implantés (surtout sur la partie sud-est). Un complexe nautique a été aménagé sur sa rive, celui-ci comprend une piscine et une plage dont l'entrée principale de style Art déco date de 1936. Après quoi on trouve une vaste esplanade, permettant aux promeneurs de flâner et aux activités évènementielles de s'implanter temporairement sur ce site. Il offre ainsi, à tout à chacun, une vision panoramique sur le lac et la Dent du Chat, où les plus petits peuvent contempler des cygnes, des canards, des hérons, des goélands, des mouettes et des poules d'eau.
Cette esplanade est délimitée au nord et au sud par respectivement le « Grand port » et le « Petit port » constituant ainsi le port aixois qui est le plus vaste d’eau douce du pays avec mille cinq cent anneaux5, lieux privilégiés des plaisanciers du lac, les bateaux trouvant un emplacement estival ou annuel. Chaque année se déroule la fête du Nautisme. Cet évènement présente des bateaux anciens venant de tous horizons, un marché professionnel, des démonstrations ainsi que des spectacles.
La station météorologique de Météo-France à Aix-les-Bains, dont l'indicatif de la station est 73008003(4), mesure quotidiennement plusieurs paramètres météorologiques.
Le climat y est de type montagnard en raison de la présence de la chaîne de l'Épine et du massif des Bauges. Cependant, les effets y sont atténués en raison de la présence du lac qui tempère localement le bassin aixois. Il se caractérise par des étés secs et chauds, des automnes et des hivers doux sans gel et des printemps peu pluvieux. La neige est présente surtout fin décembre puis en janvier voire selon les années en février. Cependant, les eaux du lac du Bourget se refroidissant moins vite que la terre6, la neige fond beaucoup plus vite, contrairement aux autres communes savoyardes. Mais l'hiver 2007-2008 s'est caractérisé par une absence totale de neige. Cependant l'année 2010 a vu pratiquement un mètre de neige tomber en quantités cumulées.
Aix-les-Bains se situe sur l'axe majeur de communication entre Chambéry et Annecy. La branche Nord de l'autoroute A41 passe à l'est de la ville permettant un accès direct à Annecy puis plus loin par la continuité de l'A40, à la ville de Genève. Deux sorties (13 et 14) desservent la commune, l'une au sud, l'autre au nord. Sur le réseau secondaire, la route départementale 9919 traverse Aix-les-Bains et rejoint le Viviers-du-Lac et Chambéry au sud. À l'ouest, la route départementale 1201 longe, en direction du sud-ouest, le lac du Bourget pour rejoindre la commune du Bourget-du-Lac et au centre la route départementale 991.
Aix-les-Bains est aussi accessible par le train. Elle fut l'une des toutes premières communes européennes à accueillir un réseau ferré sur son territoire lorsque celle-ci fut administrée par les ducs de Savoie10. Aujourd'hui la ville est reliée à Chambéry ainsi qu'à Annecy et Culoz. La Liaison ferroviaire transalpine Lyon-Turin va, dans les années à venir, rapprocher la ville de Paris, Lyon et Turin. La gare d'Aix-les-Bains est dotée d'un pôle multimodal11 depuis 2007. Située à l'ouest du centre-ville sur le boulevard du Président-Wilson, la gare d'Aix-les-Bains-Le Revard est desservie par le TGV qui met la ville à trois heures de Paris.
L'aéroport de Chambéry - Savoie12, anciennement appelé Chambéry - Aix-les-Bains13, est implanté au sud de la ville d'Aix-les-Bains, sur la commune de Voglans, à quelques mètres seulement de la rive sud du lac du Bourget. Il dessert de nombreux pays dont la Grande-Bretagne (Manchester, Birmingham, Édimbourg…), le Danemark (Copenhague, Billund…), la Suède (Göteborg…)14. Il y a de nombreuses lignes hivernales en raison de la proximité des stations de sport d'hiver. Trois compagnies à bas prix proposent des vols réguliers. En 2002, l'aéroport a enregistré un record de fréquentation avec trois mille six cent mouvements d´avions à l'année, traitant plus de dix mille passagers par week-end, principalement en hiver.
En centre-ville, la voiture est l'un des moyens de transport privilégié des Aixois, malgré les efforts déployés par l'association Roue Libre chargée du développement du cyclisme urbain. La circulation aux heures de pointe y est difficile, surtout en été avec l'afflux de touristes. La portion de la route départementale 1201 longeant le lac en direction de Chambéry est tout particulièrement sensible à cette différence de trafic routier. Au nord, il en va de même à la sortie de la ville pour prendre la direction d'Albens et d'Annecy. Cependant, la circulation a tendance à s'améliorer avec des aménagements urbains favorisant l'émergence des ronds-points au détriment des feux tricolores, permettant ainsi une meilleure fluidité de la circulation. De plus, en centre-ville, deux parkings permettent d'accueillir les véhicules.
Du côté des transports en commun, deux lignes de bus principales et quatorze lignes complémentaires desservent l'agglomération. Deux lignes à la demande sont également disponibles afin d'accéder au flanc du Revard et à la Chapelle du Mont du Chat. Ondéa (nom commercial du réseau exploité par la société Keolis15) a été chargée par la CALB de gérer les services de transports en commun. Elle emploie 45 personnes. Pendant la période estivale, la ville est desservie pour de courts trajets par un petit train circulant sur les axes routiers. Il circule entre l'esplanade du lac, la plage et le centre-ville.
Aix-les-Bains, ville fondée au Ier siècle de notre ère, n’est que rarement citée dans les textes épigraphiques, et jamais par les auteurs romains connus. Toutefois, deux inscriptions conservées par le musée archéologique font mention d’Aquæ (les Eaux) et d’Aquensis (les habitants du lieu des Eaux), et nous renseignent donc sur l’appellation de ce vicus dépendant de la cité de Vienne. Les historiens du XIXe siècle ont parfois soumis au lecteur des appellations fantaisistes et sans fondement historique qui parsèment encore certains ouvrages de vulgarisation. On peut citer Aquae allobrogium, Aquæ gratianæ (inscription qui orna le fronton des Thermes nationaux de 1934 à 1968), Allobrogum Aquæ Gratianæ21… En l’an 1011, nous retrouvons l’appellation Aquæ dans la charte de donation de la terre royale d’Aix (de Acquis) par le roi de Bourgogne Rodolphe III à sa femme Ermengarde. Quelques textes du Moyen Âge font mention d’Aquæ grationapolis. Ce suffixe indiquant simplement qu’Aix faisait partie du diocèse de Grenoble.
La première mention connue d’Aix-les-Bains apparaît dans les archives en septembre 1792, sur une lettre d’un soldat français en convalescence aux eaux d’Aix. C’est cette appellation qui figure ensuite dans tous les documents officiels, telles les délibérations du conseil municipal. En ce début du XIXe siècle, quelques textes littéraires font usage de l’appellation : Aix en Savoie. Toutefois, ce toponyme n’est jamais employé dans les documents administratifs. Depuis 1954, la gare d’Aix-les-Bains, à la demande du conseil municipal, se dénomme gare d'Aix-les-Bains-le Revard.
L'histoire d'Aix-les-Bains est directement liée au lac du Bourget et surtout à ses sources chaudes qui en firent une station thermale des plus réputées au monde. L'analyse historique de la ville doit être rapprochée de l'histoire de la Savoie, si l'on veut mieux comprendre son évolution et ses influences culturelles. Voici ci-dessous les périodes et les faits historiques les plus marquants de la commune d'Aix-les-Bains.
Les armes d'Aix-les-Bains se blasonnent ainsi : De gueules à une étoile d'or au point du chef. On sait très peu de chose sur ce blason. Amédée IV, comte de Savoie, avait pour armoiries : De gueules à une étoile de seize rais d'argent22. La proximité des deux blasons peut constituer un début de réponse quant à l'étude des armoiries de la ville considérée, alors, au Moyen Âge comme étant une collectivité humaine.
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Depuis 1992, la ville utilise aussi un logo, notamment présent sur les publicités de ses partenaires économiques, comme les eaux d'Aix, l'Office du tourisme…
Les historiens s’accordent à dire qu’Aix est née de ses sources d’eau à l’époque romaine, sur les restes d’un habitat celtique. Les premières occupations du site ont été datées par Alain Canal24 du premier siècle avant notre ère, cependant rien ne permet d’attribuer ces vestiges à un habitat fixe. Il ne nous reste que les ruines d’établissements publics et l’on serait bien en peine d’établir une esquisse de « l’Aquae » antique. La situation administrative du lieu est connue par l’épigraphie, qui nous apprend qu’Aix était au Ier siècle de notre ère un « vicus », doté d’un conseil de « decemlecti » (conseil municipal de dix membres)25, faisant administrativement parti de la cité de Vienne. Quelques citoyens vivaient là avec, semble-t-il, des moyens assez importants pour offrir aux dieux un bois sacré, une vigne ou se faire construire un arc funéraire pour le cas de la famille des Campanii.
Les archéologues nous ont fait découvrir au cours de leurs fouilles26, un important complexe thermal, à proximité immédiate des sources. Sur une terrasse inférieure, à l’ouest, se trouvait l’arc de Campanus, probablement construit au Ier siècle et, plus en aval, une seconde terrasse portait le temple dit de « Diane », qui avait remplacé au IIe siècle un édifice circulaire plus ancien, probablement contemporain de l’arc. Des vestiges de nécropoles ont été dégagés au nord du temple. Le Parc des Thermes, différents autres lieux éparpillés en ville, renferment de nombreux vestiges très divers : restes de nécropoles, poteries… Mais aucune pièce maîtresse qui aurait conduit à des fouilles archéologiques approfondies. À défaut, rien ne nous permet de connaître le vicus gallo romain d’Aquae, ni dans son étendue, ni dans la disposition de son habitat. Où les «Romains» habitaient-t-ils ? Où se situaient leurs exploitations agricoles, les villages de leur personnel ; qu’elles étaient les activités du vicus… ? Le mystère est encore complet. Les seuls indices sont issus de la carte archéologique des vestiges dressée par les services archéologiques de la Drac, et l'archéologue Alain Canal de conclure, «Paradoxalement, si Aix à livré de nombreux documents illustrant l’ancienneté du site et la qualité de l’urbanisme monumental dès le début de l’Empire, nous n’avons aucune connaissance précise sur l’ordonnance de cette bourgade».
En guise de synthèse27, l'histoire de la période peut se résumer à l’occupation du site du centre ville depuis le Ier siècle avant notre ère, puis par un aménagement progressif de la zone entre les Ier et IIe siècles. L’occupation semble s’être faite à partir de l’édification progressive du complexe thermal, autour duquel rayonnaient des édifices monumentaux présentés sur un système de terrasses, qui ont évolué plusieurs fois au cours de la période romaine. Si les sources chaudes furent à l’origine de l’emplacement choisi d’autres facteurs, comme la qualité du site, ont peut-être été déterminant.
La connaissance de l’histoire d’Aix déjà bien pauvre à l'époque romaine, s’obscurcie encore par suite du manque de sources concernant la fin de l’Empire romain et le haut Moyen Âge. Nous en sommes réduits à des conjectures en étudiant les destructions dues aux invasions barbares qui ont laissées des traces d’incendies sur les villas gallo romaines des environs (Arbin…). Toujours est-il que les Thermes romains d’Aix tombent en ruine à partir du Ve siècle et que la trace des aménagements urbains se perd.
Aix n'est de nouveau mentionné dans les sources qu’au IXe siècle, en 867, puis en 1011 au travers de chartes. Dans la seconde, le roi de Bourgogne Rodolphe III fait don de la villa d’Aix, qualifiée de siège royal, avec ses colons et ses esclaves à sa femme Ermengarde qui, à son tour, les transmets à l’Evêché de Grenoble28. Cette charte nous apprend qu’Aix est une bourgade, possédant une église et des domaines agricoles. Le Grand Saint Hugues, évêque de Grenoble, en fit ensuite don au monastère Saint-Martin de Miséréré, au début du XIIe siècle. Celui-ci érigea l’église en prieuré cure, sous le vocable de Sainte Marie. Le cartulaire de Saint Hugues révèle, à la fin du XIIe siècle, l’existence de deux autres paroisses, celle de Saint Simond avec son église et celle de Saint Hippolyte (actuel faubourg de Mouxy) portant aussi un petit prieuré. La géographie urbaine commence à s’éclaircir : Il faut imaginer la petite bourgade, enserrée dans ses remparts, dont personne ne sait quand ils ont été construits. Le point central de la cité est le prieuré, à proximité de l’ancien temple romain. Ce centre pourrait être aussi le centre administratif puisqu’au moins depuis le XIIIe siècle, Aix est une seigneurie inféodée à la famille de Seyssel, qui y possède un château qui, même si nous ne savons pas le situer avec certitude était probablement à l’emplacement du château actuel29. Deux hameaux sont attestés, Saint Hyppolite, à proximité immédiate de la ville mais hors les remparts, avec comme centre un petit prieuré et à son côté, actuellement sous la villa Chevalley, une maison forte dépendant de la famille de Savoie30 que les dernières études datent du XIIIe siècle. Un second village d’importance apparaît, Saint Simond (Saint Sigismond) doté lui aussi d’une église et d’un cimetière, érigée en paroisse, membre dépendant de Saint Hyppolite.
Les textes laissent supposer l’existence des autres villages dont la trace certifiée qu’à partir de 1561, lors du dénombrement général de la population pour la gabelle du sel31. À cette époque, sur les 1095 habitants d’Aix, 46 % logent dans le bourg ; Saint Simond compte 125 habitants, Puer 91, Choudy 87, Lafin 86, et le reste des hameaux, soit une dizaine, se partagent le reste. (Marlioz ayant échappé à nos sources)32. Cette géographie de l’habitat semble figée jusqu’à la fin du XIXe siècle. L'abbaye voisine d'Hautecombe possédait à Aix un assez grand domaine sur le haut de Saint Simond.
Au début du XVIe siècle, l'antique église Sainte Marie fut victime d'un incendie dévastateur. Pour la reconstruire les aixois firent appellent à Claude de Seyssel, un membre de la famille seigneurial de la ville, qui s'était élevé à la dignité épiscopale. Il était en effet évêque d'Albi, et surtout conseiller particulier du roi de France Louis XII. Il est aussi l'auteur d'un certain nombre de traités de droit. Grâce à son appui les De Seyssel purent faire édifier une église collégiale, dotée d'un chapitre de douze chanoines, commandé par un doyen, dont la nomination revenait au comte. Une église fut édifiée sur la place, voisine du cimetière, qui comportait un chœur de style gothique flamboyant. Si le chœur appartenait à la collégiale, la nef elle, appartenait aux paroissiens et présentait un aspect plus sommaire. D'ailleurs la voûte mal construite s'écroula en 1644. Parmi les chapelles latérales, l'une était réservée aux De Seyssel d'Aix qui y enterraient leurs morts. La collégiale, devenu entièrement paroissiale après la Révolution, fut démolie en 1909, après la construction de la nouvelle église. Cette église était connue pour abriter une relique de la vraie croix, que l'on venait vénérer d'assez loin33. C'est aussi à la fin du Moyen Âge que le château seigneurial d'Aix fut reconstruit. Le plafond de la grande salle du rez-de-chaussée est daté de 1400 quant au magnifique escalier d'honneur, il fut construit vers 1590.
Le 9 avril 1739, un gigantesque incendie se déclare au centre-ville et détruisit 80 maisons, soit près de la moitié de la ville. Pour la reconstruction on fait appel aux subsides du roi, qui imposa un plan d’alignement dont la réalisation fut confiée à l’ingénieur Garella. Ce plan allait plus loin qu’un simple plan de reconstruction puisqu’il prévoyait un véritable alignement des rues, et imposait certaines règles d’urbanisme comme, par exemple la construction de maisons de deux étages et d’un rez-de-chaussée; il interdisait également les toits en chaume. Toutefois il était très limité dans son périmètre puisqu’il ne concernait que le quartier incendié, soit la rue principale (rue Albert Ier), la place centrale (Place Carnot) et la rue des Bains. Au début du XVIIe siècle, les aixois et le monde médical avaient commencé à être sensibilisés à la valeur des sources d’eau chaude d’Aix, grâce aux célèbres écrits du médecin dauphinois Jean Baptiste Cabias, qui fut suivi en ce domaine par d’autres médecins de renommée. En effet, depuis l’antiquité l’exploitation des sources d’eau chaude n’avait jamais totalement oubliée. On se baignait à Aix au Moyen Âge et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, soit dans la seule piscine romaine existant encore, à l’air libre, soit chez l’habitant où l’on se faisait apporter l’eau thermale par porteur. Le roi de France Henri IV passe pour avoir fortement apprécié son bain aixois, selon Jean Baptiste Cabias34. En 1737, afin de protéger les eaux thermales des infiltrations d’eau du ruisseau qui traversaient la ville, un important chantier fut programmé par l’Intendance Générale. Cela modifia la distribution urbaine du centre ville, puisqu’il fallut creuser un nouveau lit au ruisseau des moulins, à l’extérieur des remparts. Il fallut aussi reconstruire les quatre moulins du marquis d’Aix, jusque là en centre ville, le long du nouveau canal (actuellement montée des moulins). C’est au duc de Chablais, fils du roi Victor Amédée III, qu’Aix doit sa renaissance, car c’est lui qui après avoir goûté au bienfait des sources et s’y être trouvé mal logé, suggéra au roi, la construction d’un établissement thermal. Par billet royal du 11 juin 1776 le roi Victor Amédée III chargea le comte de Robiland de dresser les plans d’un établissement de bains. Celui-ci fut construit de 1779 à 1783 sous la direction de l’ingénieur Capellini35. Cette date marque aussi le début de la démolition de l’ancien centre ville, car à la suite de cette construction imposante, on commença à dégager les alentours des maisons pour créer une place. Ce premier établissement thermal devint un facteur important de développement.
Pendant toute cette période et jusqu’à la Révolution, la ville accueillie un nombre à peu près stable d’environ 600 curistes l’an, dont une majorité de français. Consécutivement la population augmenta pour atteindre 1700 habitants en 1793. En 1783, pour agrémenter la vie des curistes, le Conseil de la Commune fait édifier une promenade publique paysagée : le Gigot, actuellement Square A.Boucher. Elle était alors bordée de marronniers et avait été dessinée par l’architecte Louis Lampro. Mise à part les jardins privés, c’est là la naissance du premier acte d’urbanisme concernant les espaces verts, qui donna un coup de pouce au développement de la ville de ce côté des remparts, le long de la route de Genève. En 1792 les troupes révolutionnaires françaises, sous le commandement de Montesquiou, entre en Savoie. Le thermalisme marque alors le pas. Les Thermes sont réquisitionnés par les armées de la République, qui y envoie les soldats blessés en convalescence. Mais c’est par ailleurs une occasion de faire connaître Aix au plus grand nombre. Aix devient alors Aix-les-Bains. La Révolution aboutie, abolit les privilèges de la noblesse locale, et permet surtout à la ville de ne pas payer au seigneur marquis d’Aix l’importante somme d’argent qu’elle lui devait suite au rachat des droits seigneuriaux (la ville n’avait pas de charte de franchise). En outre la liberté du commerce instauré donne un nouveau souffle à la création d’une économie basée sur l’exploitation des sources thermales, dès la paix retrouvée. On assiste alors au développement de pensions, d’hôtels, de cabarets, … En revanche, la Révolution laisse ses marques sur les biens d’église : abandon de la collégiale, destruction du clocher et du mobilier d’église…
C’est au bord du lac qu’il faut se déplacer pour trouver la nouveauté. Le petit môle portuaire de Puer, construit sous l’Ancien Régime (1720) devient un véritable port. D’abord fréquenté par les bateaux ravitaillant les troupes de l’Armée des Alpes, doté d’un magasin militaire, il est progressivement aménagé pour l’exportation de marchandises et notamment de la verroterie issue des ateliers installés au bord du lac. Désormais l’on l’appelle le Port de Puer. Le développement de ce quartier impliqua la mise en état de « l’avenue du lac » et toute cette activité attira les premières constructions en alignement le long de cette voie fréquentée, hors du centre et des villages existants.
Les négociations concernant l'indépendance du Maroc se sont déroulées à Aix-les-Bains36. Lors de la conférence de septembre 195537, le président du Conseil français, en la personne d'Edgar Faure, résuma publiquement, le compromis proposé au Maroc, selon l'expression « L'indépendance dans l'interdépendance » . Jusqu'alors, le territoire marocain était juridiquement sous protectorat français et avait pour sultan l'exilé Mohammed Ben Youssef. Les négociations furent organisées en la présence de nombreuses personnalités et organisations françaises et marocaines. Il figurait à la table des pourparlers du côté marocain le Parti pour la Démocratie et l'Indépendance (P.D.I.) ainsi que le parti de l'Istiqlal, représenté notamment par Mehdi Ben Barka, Omar Benabdejlil, Abdelhadi Boutaleb, Abderrahim Bouabid ou encore M'Hamed Boucetta. Du côté français, on trouva une délégation française composée d'Edgar Faure38, Pierre July, Robert Schuman ainsi que d'autres membres du gouvernement. Voilà pour ce qui est des principaux protagonistes. En marge de ceux-ci, on convia également des invités de tous horizons capables de donner des avis éclairés sur la condition du Maroc et de son indépendance. Des alliés fidèles du protectorat et des chefs traditionnels marocains furent également invités. Ainsi, ils purent également négocier eux aussi en présence des partis concernés. Il leur sera accordé la préséance, si tant est, à la déception des istiqlaliens.
Bien que ces négociations organisées à Aix-les-Bains aient joué un rôle important dans la marche vers l'indépendance du Maroc, il n'en demeure pas moins que la France avait, au préalable, pris soin de préparer en grande partie cette transition. En effet, l'État français d'alors était convaincu de la nécessité de permettre l'indépendance à ce territoire nord-africain. Cependant, de nombreux intérêts économiques en jeu et de nombreuses relations d'affaires, avec notamment les pachas et les caïds, pousseront la France à prendre soin de ne pas brusquer cette transition et d'amorcer en douceur ce changement. La destinée de la souveraineté du Royaume du Maroc se sera dessinée durant cette conférence d'Aix-les-Bains. Officiellement, les négociations permirent de dégager un accord en vue de donner naissance à un État indépendant. Le Maroc fut définitivement proclamé indépendant lors de la déclaration de la Celle Saint-Cloud le 6 novembre 1955. Il y eut, en 2005, la commémoration du cinquantenaire de la négociation des accords de l’Indépendance du Maroc. Pour cette occasion, il fut réalisé une fontaine, avec un bassin en zellige marocain39,40. Des mâalems-artisans41 sont venus tout spécialement de leur capitale spirituelle pour réaliser cet ouvrage dans le parc de verdure d'Aix-les-Bains. Le projet a été pris en charge par le conseil régional du tourisme de la ville de Fès (CRT-Fès) et l’office du tourisme.
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