En 1939, alors qu'il était encore lycéen, Glezos participa à la création d'un groupe anti-fasciste luttant contre l'occupation du Dodécanèse par l'Italie et contre la dictature de Ioánnis Metaxás. Lors de l'invasion de la Grèce par l'Italie, il décida de s'engager dans l'armée pour être envoyé sur le front albanais, mais sa demande fut rejetée en raison de son âge. Pendant l'occupation de la Grèce par l'Allemagne nazie, il travailla pour la Croix Rouge et la municipalité d'Athènes, et s'engagea dans la résistance.
Le 30 mai 1941, il monta au sommet de l'Acropole en compagnie d'Apóstolos Sántas et déroba le drapeau nazi qui flottait sur la ville depuis le 27 avril 1941, date de l'entrée des troupes allemandes dans Athènes1. Ce geste fut le premier acte de résistance en Grèce, et probablement un des tout premiers en Europe1. Manolis Glezos et Apostolos Santas furent condamnés à mort par contumace par les nazis. Le 24 mars 1942, il fut arrêté par les Allemands et torturé. Il fut de nouveau arrêté par les Italiens le 21 avril 1943 et emprisonné pendant trois mois. Le 7 février 1944, il fut de nouveau arrêté par des Grecs collaborateurs et passa sept mois et demi en prison avant de s'évader le 21 septembre de la même année.
La fin de la Seconde Guerre mondiale ne mit pas fin aux ennuis de Glezos. Le 3 mars 1948, en pleine guerre civile grecque, il fut jugé pour ses convictions politiques et condamné à mort à plusieurs reprises par le gouvernement de droite1. Mais ces peines capitales ne furent pas appliquées en raison des réactions à l'étranger et finalement réduites à une condamnation à perpétuité en 1950. Encore en prison, Manolis Glezos fut élu membre au Parlement hellénique en 1951 comme candidat de la Gauche démocratique unie (EDA). Après son élection, il fit une grève de la faim pour obtenir la libération des autres députés d'EDA qui étaient en prison ou exilés dans les îles. Il mit fin à sa grève de la faim lorsque les sept députés furent libérés. Il fut lui-même relâché le 16 juillet 1954.
Le 5 décembre 1958, Glezos fut de nouveau arrêté et condamné cette fois pour espionnage, un prétexte courant pour persécuter les militants de gauche pendant la Guerre froide. Les protestations et réactions en Grèce et à l'étranger — dont le Prix Lénine pour la paix — aboutirent à sa libération le 15 décembre 1962. Au cours de son deuxième emprisonnement pour raisons politiques après la guerre, il fut réélu député d'EDA en 1961. Lors du coup d'État du 21 avril 1967, Glezos fut arrêté à 2 heures du matin, avec les autres dirigeants politiques grecs. De 1967 à 1974, sous la dictature des colonels dirigée par Geórgios Papadópoulos, il subit quatre années d'emprisonnement1 et d'exil jusqu'à sa libération en 1971.
Au total, pendant la Seconde Guerre mondiale, la guerre civile grecque et le régime des colonels, Manolis Glezos passa 11 ans et quatre mois en prison et 4 ans et 6 mois en exil.
Après la restauration de la démocratie en Grèce, en 1974, Glezos participa à la relance de l'EDA. Lors des élections législatives de 1981 et de 1985, il fut élu député sur les listes du PASOK. En 1984, il devint député au Parlement européen, à nouveau sur une liste PASOK. Il fut président de l'EDA de 1985 à 1989. Entre-temps, en 1986, il se retira du Parlement, afin de tenter une expérience de démocratie à l'échelon local, dans la commune d'Aperathu. Il fut élu président du conseil municipal en 1986. Ensuite, il abolit les privilèges du conseil, introduisit une « constitution » et mit en place une assemblée locale qui avait le contrôle total sur l'administration de la commune. Ce modèle fonctionna pendant plusieurs années, mais l'intérêt de la population diminua et l'assemblée fut abandonnée. Glezos en resta le président jusqu'en 1989. Aux élections législatives de 2000, il conduisit la liste de Synaspismos (en français : Coalition), un parti de la gauche radicale. En 2002, il forma le groupe « Citoyens actifs », partie de la Coalition de la gauche radicale, une alliance avec le Synaspismos et d'autres petits partis de la gauche grecque, et présenta sa candidature pour être préfet de l'Attique.
Le 5 mars 2010, lors d'une manifestation contre le plan de rigueur destiné à réduire la dette de la Grèce, Manolis Glezos fut victime de tir de gaz lacrymogènes sous le regard de nombreux appareils photos. Il dut être soigné à l'hôpital sans que ses jours soient en danger. Cet évènement eut lieu lors d'affrontements avec la police qui se déroulèrent pendant la manifestation. Il a été relaté à de nombreuses reprises par les manifestants qui ont mis en avant la figure historique de Manolis Glezos comme symbole de la répression et de l'injustice policière.
Le 12 février 2012, lors d'une manifestation de plus de 80 000 personnes sur la place Syntagma, devant le Parlement, pour protester contre l'adoption du plan d'austérité imposé par l'Union européenne, il tenta avec le compositeur Mikis Theodorakis de pénétrer dans le Parlement, mais en fut empêché par la police2. Theodorakis et lui réussissent finalement à entrer au titre de leur statut d'anciens députés et assistent au vote1.
Athènes Correspondance - Manolis Glezos est un héros grec. Pas un demi-dieu de l'Antiquité, mais un homme bien vivant et toujours actif de 89 ans – "dont 75 ans de luttes" –, qui résume à lui seul l'histoire blessée de la Grèce moderne, de l'Occupation allemande au combat actuel contre la "troïka".
L'homme qui a décroché le drapeau nazi de l'Acropole en 1941 conserve en lui une part de jeunesse. Il n'est pas très grand. Sa chevelure blanche ondule légèrement sur la nuque. Il a l'oeil vif et souriant. Sa moustache et ses sourcils fournis lui donnent une "gueule" qui porte sur elle toute la fierté de la Grèce. Et son humanité passe dans son regard clair.
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