PARIS (Reuters) - Comme en 2007, Nicolas Sarkozy a désormais le quasi-monopole de la représentation de la droite et du centre-droit à l'élection présidentielle, grâce à l'élimination, avant même la campagne officielle, de presque tous ses "petits" concurrents.
Après Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, Hervé Morin et Frédéric Nihous, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, ennemi intime du président sortant, a jeté l'éponge, faute d'avoir pu recueillir les 500 parrainages nécessaires.
"C'est la copie conforme de ce qui a marché pour Nicolas Sarkozy en 2007", souligne l'ancien porte-parole de l'UMP Dominique Paillé. "Il préfère ne pas avoir de concurrents dans son propre camp pour essayer de terminer en tête au premier tour et bénéficier au second de la dynamique créée au premier."
"Sauf qu'en 2007 il n'était pas président sortant et que s'il fait cette fois-ci 30% ou plus au premier tour et vire en tête, il aura malgré tout des difficultés à franchir le cap des 50% au second", ajoute ce proche du président du Parti radical et ex-ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.
Exceptés les centristes du MoDem et leur champion, François Bayrou, et le Front national de Marine Le Pen, seul résiste au rouleau compresseur sarkozyste le petit village gaulliste et souverainiste incarné par Nicolas Dupont-Aignan.
"Moi, je suis un résistant", a-t-il déclaré vendredi à Reuters. "Je suis très fier d'incarner la seule alternative à droite. Je crois qu'il y a beaucoup de gens qui vont voter pour moi. Vous allez voir que je vais être la vraie surprise."
Une "surprise" à laquelle Nicolas Dupont-Aignan, crédité de 0,5% à 1% des intentions de vote, paraît bien seul à croire.
STRATÉGIE D'ÉTOUFFEMENT
Pour le candidat gaullo-souverainiste, le quasi-monopole de Nicolas Sarkozy est "le résultat d'une stratégie d'étouffement de toute concurrence" qui "ne laisse rien au hasard".
Comme les proches de Dominique de Villepin, il accuse Nicolas Sarkozy et son parti, l'UMP, d'avoir "tout fait" pour que les petits candidats n'obtiennent pas leurs parrainages.
"En tout cas, pour moi, il y avait des consignes très claires pour que les UMP bloquent des quatre fers", dit-il.
Le chef de l'Etat, ses conseillers et les dirigeants de la majorité s'étaient employés bien plus en amont à décourager les velléités de candidature de Jean-Louis Borloo, qui représentait à leurs yeux une menace bien plus importante.
Ils avaient multiplié les avertissements ainsi que les pressions sur les élus et dirigeants centristes pour priver le président du Parti radical d'air et de soutien, jusqu'à que celui-ci déclare forfait début octobre.
Le Parti radical a finalement apporté un soutien "vigilant" à Nicolas Sarkozy mais après d'âpres débats internes.
Du coup, l'ancien numéro deux du gouvernement se fait prier - comme d'ailleurs en 2007 - pour participer à la campagne de Nicolas Sarkozy, qui a cependant assuré mardi qu'il y aurait "bientôt une visite dans les quartiers avec Jean-Louis".
Le ralliement de l'ancien ministre de la Défense, Hervé Morin a également fait débat au sein du Nouveau centre. Mais il a finalement clamé dimanche son soutien à Nicolas Sarkozy à la tribune du meeting de Villepinte, tout comme la présidente du Parti Chrétien-démocrate, Christine Boutin.
Hervé Morin et Christine Boutin, qui avaient aussi pris leurs distances avec le chef de l'Etat, font maintenant partie de son "comité stratégique", de même que l'ex-candidat de Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT), Frédéric Nihous.
APPORTS DE VOIX SYMBOLIQUES
En revanche, si Nicolas Sarkozy a déclaré mercredi qu'il serait "très heureux de discuter" avec Dominique de Villepin, le contentieux est tel entre ces deux hommes qu'un ralliement en bonne et due forme tiendrait là du miracle républicain.
L'apport de voix de tous ces ex-candidats, pour lesquels les intentions de votes sont restées inférieures à la marge d'erreur des enquêtes d'opinion, est symbolique.
Pour Jérôme Sainte-Marie, de l'institut de sondage CSA, le principal intérêt de leur retrait pour Nicolas Sarkozy est de lui donner un degré de liberté supplémentaire.
"Il est totalement libre de mener la campagne sur ce qu'il veut", a-t-il expliqué à Reuters. "Il est beaucoup plus libre que (le candidat socialiste) François Hollande, qui a quand même un Jean-Luc Mélenchon (candidat du Front de gauche) à gérer."
Il estime cependant que l'image d'une droite rassemblée autour de Nicolas Sarkozy pourrait n'être qu'une "apparence" du fait des mauvais reports de voix du MoDem et du FN prédits par les sondages pour le second tour, qui donnent encore François Hollande largement vainqueur, malgré une réduction de l'écart.
Une analyse partagée par Dominique Paillé, pour qui l'absence de Jean-Louis Borloo ou d'un candidat du centre équivalent prive le chef de l'Etat sortant d'un "allié sûr" et de réserves de voix pour le second tour. "Les réserves sont chez Marine Le Pen et chez François Bayrou, ce qui oblige à faire un grand écart pour essayer de les ratisser", explique-t-il.
Une analyse contestée par un des stratèges du président sortant, Patrick Buisson, qui estimait dans Le Monde au début de cette semaine que les réserves de voix étaient "plutôt du côté de Nicolas Sarkozy que de François Hollande".
Edité par Yves Clarisse
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