Né à La Valette, sur l’île de Malte, le 10 juillet 1887, d’un père originaire de Cornouailles, marin dans la Royal Navy, et d’une gitane, originaire de Séville, il est de nationalité britannique. Officiellement, il réside à Antigua, dans les Petites Antilles, cependant la seule maison qu'il possède se trouve à Hong Kong.
Une vie d'aventure
Enfant illégitime, il grandit dans un milieu baigné de magie auprès de sa mère, la célèbre Niña de Gibraltar, qui sait lire le passé et l'avenir dans les cartes comme dans les lignes de la main. Corto se plait à faire croire que le peintre Ingres a pris sa mère comme modèle. Il aurait de sa mère le haut du visage, le nez, les pommettes saillantes et les yeux perçants, et de son père le bas, la bouche et la mâchoire carrée.Il doit son éducation à Ezra Toledano, un amour de jeunesse de sa mère1, un rabbin qui le fait entrer à 12 ans dans un collège hébraïque de La Valette où il étudie la Torah, le Talmud et le Sefer Ha Zohar.
Un jour, une amie de sa mère tente de lire son avenir dans les lignes de sa main et se trouve étonnée de ne pas voir de ligne de chance. « La chance, c’est moi qui la fait ! », rétorque-t-il. Il court fouiller dans les affaires de son père, se saisit d’un rasoir et s’entaille profondément la paume de la main.
Son père, souvent absent, lui donne néanmoins le goût pour la liberté et les fables qu’il gardera toute sa vie. Adolescent, Corto prend le large pour la première fois pour débarquer en juin 1900 près de Pékin, pendant la révolte des Boxers. Cinq ans plus tard, à la fin de la guerre russo-japonaise, non loin de Port-Arthur et de la frontière Russo-chinoise, il fait la rencontre de Raspoutine, jeune déserteur de l’armée du Tsar (La Jeunesse). Ils s’embarquent tous deux pour l’Afrique, se fixant comme objectif de rechercher les mines d’or du roi Salomon. Victimes d’une mutinerie, le voyage tourne court. Recueillis par un cargo en route pour l’Amérique, ils sont débarqués à Valparaíso. Ils regagnent l’Argentine, après avoir traversé le Chili2. En Patagonie en 1906, Corto fréquente les hors-la-loi Butch Cassidy et Sundance Kid et côtoie de riches propriétaires étrangers.
Corto Maltese mène sa vie comme il l'entend et, s’il reconnaît la part de la chance, il semble pourtant la maîtriser. Pendant sept années, il court de ports en ports. Tant et si bien que l’on renonce à le suivre. On sait cependant qu’il est venu pour la première fois à Buenos Aires, en 19103.
On retrouve sa trace en 1913. Comme son « ami » Raspoutine, il s’est engagé, comme capitaine dans la flotte pirate du « Moine » (La Ballade de la mer salée). Tous deux écument l’océan Pacifique au profit des forces navales allemandes qui préparent la guerre. Pour une sombre histoire de femme, son équipage se mutine. Corto se retrouve à la dérive, entravé sur un radeau de fortune. Repéré et sauvé par Raspoutine, il fait la connaissance de Pandora Groovesnore et son cousin Caïn également recueillis après le naufrage de leur bateau. L’île Escondida sera le théâtre de multiples rebondissements qui créeront des liens indéfectibles entre eux. Cependant leurs chemins se sépareront un temps. Toujours en compagnie de Raspoutine, Corto fera route vers l’île de Pitcairn. Ils se quitteront à Panama quelque temps plus tard.
En 1916, il est à Paramaribo en Guyane hollandaise (Sous le signe du Capricorne), où il rencontre le professeur Jeremiah Steiner et le jeune Tristan Bantam, point de départ de son intérêt pour le Royaume disparu de Mu. Ainsi il se retrouve auprès des cangaceiros qui luttent pour leur liberté et aux côtés de Bouche Dorée pour contrecarrer les plans de la flotte allemande et aider les Anglais. Poursuivant son voyage vers le nord, il s’offre une course au trésor dans laquelle il retrouve Raspoutine. Par un mauvais coup du sort, elle se soldera par un échec et Raspoutine partira pour Cuba. Par un malencontreux concours de circonstances, notre marin devient amnésique. À Maracaibo, la médecine est impuissante. Il se tourne alors vers la magie des indiens Jivaros. Elle se révèlera efficace (Corto toujours un peu plus loin). Après avoir démonté la supercherie mise en place par le pouvoir en place à La Barbade, il revient en Amazonie du côté du delta de l’Orénoque.
Poursuivant toujours ses recherches sur l’Eldorado, Corto Maltese n’hésite pas à se rendre à Venise en 1917, malgré les bombardements qui menacent. En effet, les moines franciscains sont susceptibles de lui indiquer l’emplacement des villes minières du Haut-Marañon. Il découvrira qu’il n’est pas le seul sur cette piste. Pris dans le tourbillon de la guerre, il assiste en octobre à la victoire des Austro-Allemands sur les Italiens à Caporetto en Carniole. Attiré par les légendes celtes, il se rend en Irlande (Les Celtiques). Là-bas, séduit par le courage de Moïra Banshee, il ne peut rester indifférent à la lutte que livrent les indépendantistes. Il n’hésite pas à se livrer au trafic d’armes pour les aider. Bravant tous les conflits, il se rend sur le site de Stonehenge. Le peuple des légendes lui en sera reconnaissant.
Sachant Caïn Groovesnore engagé volontaire dans la Royal Air Force, il se rend en France, en avril 1918 pour le revoir. Après avoir assisté à la dernière évolution de l’as de l’aviation allemande, Manfred von Richthofen, dit « le Baron rouge », ce sont les retrouvailles avec Caïn. Le jeune aviateur lui apprend que sa cousine Pandora va se marier. Corto accuse le coup. Un mois après, il quitte les côtes françaises pour celles de la mer Rouge. (Les Éthiopiques). À peine débarqué, il est sollicité et payé pour libérer un jeune prince retenu en otage. Le guerrier Cush le seconde dans cette entreprise. Il deviendra son alter ego au cours de diverses aventures en ces terres rimbaldiennes, dans la corne de l’Afrique.
Fin 1918, la guerre est terminée en Europe. Il sait Bouche Dorée à Venise et l’envie de la revoir lui donne l’opportunité d’entreprendre le voyage et de prendre un peu de repos chez elle. Mais Venise le rend paresseux. Il décide de retrouver sa maison de Hong Kong (Corto Maltese en Sibérie). Les combats continuent entre les révolutionnaires communistes et les Alliés soutenant les Armées blanches. Son arrivée à peine connue, les membres de la société secrète des Lanternes Rouges lui demandent son concours pour récupérer l’or impérial que l'amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak transporte en train blindé. Le Transsibérien devient son nouvel océan, et les trains blindés soutiennent la comparaison avec les navires pirates. Dans la confusion des nombreuses forces qui convoitent cet or tsariste, Corto rencontrera des personnes singulières et dangereuses. Le baron fou, Roman Fedorovitch von Ungern-Sternberg en est une figure majeure. Des femmes aussi, telle la fascinante duchesse Marina Seminova et l'irrésistible Shanghaï Li sans oublier « Elle », cet ancien amour qui hante souvent ses pensées.
C’est une lettre que l’écrivain Frederick Rolfe, dit le baron Corvo, lui a envoyée avant sa mort, qui l’incite à revenir à Venise en 1921http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7500952662618442710#editor/target=post;postID=4345752322464054579 (Fable de Venise). Il voudrait bien relever le défi qu’elle contient : résoudre une devinette pour retrouver une émeraude légendaire. Ce jeu de piste à travers la ville lui fera côtoyer le monde secret des francs-maçons et celui d’une fraternité fasciste. Néanmoins, il se fera une amie en la personne de la troublante Louise Brookzowyc.
Corto Maltese vient à savoir son ami Raspoutine enfermé dans une prison près de Samarkande et décide d’entreprendre le voyage pour le délivrer (La Maison dorée de Samarkand). En route, il fait escale à Rhodes, en décembre 1921, pour vérifier le contenu d’un autre message du baron Corvo. Edward John Trelawnay aurait dissimulé les mémoires de son ami Lord Byron dans une mosquée de cette ville. Après avoir trouvé et étudié le document, il se rend compte que le trésor d’Alexandre le Grand est au bout de la quête : à la frontière des Indes et de l’Afghanistan. C’est avec un regain d’intérêt qu’il poursuit son voyage jusqu’au Turkestan (actuel Tadjikistan). Ce périple s’avère semé d’embûches pour retrouver enfin Raspoutine. La rivalité entre le général Enver Pacha et Mustafa Kemal Atatürk, ainsi que l’existence d'un sosie, ne faciliteront pas la découverte du trésor.
En rentrant de ce périple, en 1923, il trouve une lettre de Louise Brookzowyc, lui demandant son secours. Aussitôt, Corto se rend à Buenos Aires. Là-bas, il apprendra sa mort, laissant une petite orpheline (Tango). Pour la venger, il est amené à enquêter sur le réseau de prostitution dans lequel elle travaillait. L’enfant est confié à Esmeralda pour qu'elle l'emmène chez des amis à Venise.
En 1924, en compagnie de son vieil ami, le professeur Steiner, Corto va séjourner dans un petit village suisse (Les Helvétiques). Ils se rendent dans la maison de l’écrivain Herman Hesse. Propice aux songes, le lieu confronte notre héros à la mythologie helvétique. Il rencontre aussi la Mort, le chevalier Klingsor, Belzébuth, même King Kong, sans oublier Raspoutine. L’année suivante atteindra-t-il enfin le continent englouti de Mû ?
Depuis, peu de nouvelles. La disparition de Corto pendant la Guerre d’Espagne, est évoquée par Cush dans Les Scorpions du désert (chapitre V : l’Ange de la mort). C’est là que l’on perd sa trace en effet. Toutefois, nous savons qu’il redeviendra proche de Pandora. Une lettre écrite le 16 juin 1965 par Caïn Groovesnore en est la preuve (On peut lire son contenu en exergue du récit de La Ballade de la mer salée, dans l’album en couleurs). Il y transmet quelques paroles de sa cousine qui nous dépeint la vision d’un Corto vieillissant :
« L’oncle Tarao est mort. […] Mais c’est surtout pour l’oncle Corto que je me fais du souci. Ils se comprenaient parfaitement et étaient inséparables. Maintenant que je vois l’oncle Corto aller s’asseoir seul dans le jardin, le regard éteint, face à la mer, mon cœur se serre. »
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