Les Chinois sont passés maîtres dans l’art de l’intrusion informatique , mais les Russes et les Iraniens ne sont pas en reste
Il
y a quelques jours, à la fin du mois de mai dernier, le Washington Post
rendait public un rapport secret du Conseil scientifique de défense
réalisé pour le Pentagone selon lequel des hackers chinois étaient
parvenus à pénétrer les systèmes informatiques ultra-protégés de
programmes d’armement américains parmi les plus sensibles.
Au total, ce serait plus d’une vingtaine de programmes militaires qui
auraient été visités par les intrus chinois, comme le système de radar
Aegis, celui du missile Patriot, les plans de l’hélicoptère Black Hawk,
sans parler du programme de développement du futur chasseur F 35.
Cette cyberattaque n’est pas nouvelle en soi. Depuis l’attaque
cybernétique massive dont l’Estonie fit l’objet (sans doute à
l’initiative de la Russie, même si nous n’en avons toujours à ce jour
aucune confirmation véritable) en 2007, les exemples de tentatives plus
ou moins réussies de pénétration de systèmes informatiques stratégiques
se sont multipliées. Les Chinois sont passés maîtres dans l’art de
l’intrusion électronique.
Il faut dire qu’ils y ont beaucoup investi et que la cyberguerre est
aujourd’hui, à un double titre, une priorité pour Pékin : elle permet en
effet à la Chine tout d’abord, par le pillage et le vol, de rattraper
son retard technologique dans certains secteurs clés. Elle fragilise
ensuite l’efficacité des systèmes de défense américains et la capacité
de résilience de l’infrastructure économique et stratégique des
Etats-Unis. A cette fin, un groupe secret a été constitué au sein de
l’Armée de libération populaire dit “Unité 61 398” qui est chargé de
mener les attaques contre les réseaux des principaux adversaires de
l’empire du Milieu.
Des pays comme la Russie voire l’Iran ne sont pas en reste et ont,
eux aussi, créé des unités spécialisées dans la guerre informatique.
Pour sa part, Washington a recours de plus en plus massivement à cette
arme d’un nouveau genre. Le dernier grand exploit américain connu, mené
conjointement avec Israël, aura été l’intrusion en 2010 du virus Stuxnet
qui avait mis hors-jeu quelque 40 000 ordinateurs liés au programme
nucléaire iranien.
Au cours des derniers mois, la tension entre Pékin et Washington sur
cette question est montée d’un cran. Une loi sur le cyber-espionnage
économique est en discussion au Congrès tandis que le nouveau secrétaire
à la Défense Chuck Hagel dénonçait, sur un ton tout ce qu’il y a de non
diplomatique, il y a quelques jours, à Singapour, devant un parterre de
dirigeants asiatiques, y compris chinois, la menace émanant des
intrusions informatiques grandissantes initiées par les autorités de
Pékin.
Lors de leur dernière rencontre, le week-end dernier en Californie,
Xi Jinping et Barack Obama sont certes convenus de faire baisser la
tension en limitant les cyberattaques réciproques dont les deux pays
s’accusent. Il y a peu de chance pourtant que ces déclarations trouvent
une traduction dans les faits. La cyberguerre est un mode nouveau et peu
visible de conflictualité.
De chez soi, il devient de plus en plus aisé de fragiliser, demain
même peut-être de mettre à terre, des économies adverses elles-mêmes
devenues de plus en plus dépendantes aux réseaux informatiques.
Par Pascal Lorot
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