Ce weekend marque un tournant dans l’histoire d’Internet et de la vie privée, ou plutôt de sa perte. Ce marasme est dû au projet PRISM, une vaste collaboration secrète entre la NSA, le FBI, et presque toutes les entreprises de haute-technologie que vous côtoyez quotidiennement. Le PRISM a octroyé au gouvernement américain un accès sans précédent aux renseignements personnels au moins durant les six dernières années.
PRISM est un programme gouvernemental secret …
PRISM est le nom de code d’un véritable programme du gouvernement américain, ce n’est pas du tout un projet du Shield. Selon les documents divulgués, il est entré en vigueur en 2007, et a pris de l’ampleur. Son but déclaré est de surveiller les communications étrangères qui pourraient passer par des serveurs américains, mais il semble que dans la pratique, sa portée soit beaucoup plus grande.… Qui donne la NSA un accès sans précédent aux serveurs des grandes entreprises de haute technologie …
Microsoft. Yahoo. Google. Facebook. Paltalk. AOL. Skype. YouTube. Apple. Si un américain a interagi avec l’une de ces sociétés au cours des six dernières années, ses données font certainement partie du PRISM.Le processus fonctionne comme suit : les sociétés mentionnées ci-dessus (et qui sait combien d’autres) reçoivent une directive du procureur général et du directeur des renseignements nationaux. Le FBI a alors la main sur les serveurs et l’énorme quantité de données qui les traverse tous les jours. L’unité Data Intercept Technology Unit du FBI les relaye alors à la NSA.
Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. La plupart des entreprises de haute technologie impliquées nient avec véhémence fournir ces données, et le gouvernement nie le demander. Bien sûr.
… Afin que la NSA puisse espionner les Américains sans qu’ils le sachent…
Il semble impossible que la NSA, une agence uniquement autorisée à surveiller les communications étrangères, ait tellement d’accès aux informations nationales ou strictement personnelles. Et pourtant!Comme on pouvait s’y attendre, il existe des filtres pour que la NSA n’outrepasse pas ses pouvoirs. Quelque chose pour s’assurer que seuls ‘les méchants’ sont suivis, si vous préférez. En fait, il y a UN filtre, un analyste NSA doit être sur à 51% qu’un sujet est ‘étranger’. Après ça, c’est carte blanche pour l’espionnage.
… En pompant un nombre terrifiant de données…
Ce qui est le plus troublant avec le PRISM, ce n’est pas qu’il recueille des données. C’est le type de données qu’il collecte.‘Conversations audio et vidéo, photographies, e-mails, documents et historique de connexion … [Skype] peut être contrôlé pour toute combinaison de « audio, vidéo, le chat, transferts de fichiers. Pour Google, sont inclus Gmail, chat audio et vidéo, fichiers google Drive, photothèques, et la surveillance en direct des termes de recherche.’Utilisez-vous un de ces services ? Evidemment, PRISM s’applique à Facebook, Microsoft, et consorts. PRISM permet apparemment un accès complet à un email ou un chat, mais aussi au contenu. Selon la source du Washington Post, ils peuvent ‘littéralement regarder ce que vous tapez.’
… Avec l’entière coopération (contestée) des géants de la technologie…
Microsoft serait le premier, Apple serait arrivé plus tardivement dans le programme et twitter ne serait pas concerné. D’aucuns ne voudra le reconnaître sans preuve flagrante.Pourquoi trahir ainsi les consommateurs ? Sans doute parce que ces géants n’ont pas le choix. Hélas la théorie des pressions retombe tel un pavé dans la marre. En effet, il apparaît que les leaders technologiques récupéreraient une rémunération confortable pour leurs services, ils ne font pas cela par charité… Business is business.
… de façon absolument légale.
Ce qui est sans doute le plus horrible avec le PRISM, c’est qu’il ne comporte rien de techniquement illégal. Le gouvernement possède ce pouvoir depuis des années, et il n’y a aucun signe d’une quelconque révocation.Un peu d’histoire pourrait être utile. En 2007, la pression croissante du public a forcé l’administration Bush à abandonner le programme de surveillance lancé en 2001. Abandonné est finalement un peu exagéré.
Le Protect America Act de 2007 a permis aux instances de surveiller les données virtuelles s’il était raisonnable de croire au fameux caractère ‘étranger’. Le 11 septembre et le terrorisme auront fait bien plus de mal qu’on ne le supposait à l’époque.
Le Protect America Act a été suivi par le ‘FISA Amendments Act’ en 2008, qui immunise les entreprises qui transmettent des informations au gouvernement. Voilà comment en deux projets de loi, le PRISM devient légal. Acte que l’on pourrait traduire par comment se faire promptement entuber ou encore comment apprendre à être la parfaite petite marionnette du gouvernement.
La question que vous vous posez ? En Europe ? Bien. le PRISM exploite toutes les données entrantes et sortantes, à un moment ou un autre nous sommes certainement concernés. Quant à savoir si le gouvernement Français et les instances européennes ont mis au point un programme similaire… On ne peut que prier.
Il est temps de faire une dernière courbette à la liberté, la vie privée, au respect et de se prosterner devant le PRISM, ce traitre sans vergogne.
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