mercredi 9 janvier 2013

Itinéraire de vie



La statue et le tyran

Les idéaux sont exigeants. Leurs lois haut juchées ne laissent pas de place aux amendements. Non négociables, les valeurs qui leur sont opposées sont écartées. Ecrits en majuscules, gravés dans le marbre, ils tolèrent peu les écarts.
En France La Liberté est une statue qui brandit si haut sa flamme que la plus petite inflexion est perçue comme une grave atteinte.
Alors, pensez donc, quand on parle aux Universitaires d’évaluation, il ne saurait en être question sous peine de tyrannie. Entre statue et tyran, le coeur balance, on ne sait lequel prendre....
Jung quant à lui invite à rechercher « [...] un état de conscience qui n’est pas dominé par ses contenus. Ces contenus attaquent notre conscient avec le feu du désir et nous en devenons possédés. Pour cette raison, il faut, pour ainsi dire, vider le conscient de ces contenus qui nous dominent par leur puissance. Ou, s’il doit y avoir quelque chose, que ce soit comme des poissons dans un étang. Les poissons ne sont pas les maîtres de l’étang. ILs n’en sont que des contenus et ainsi ne peuvent lui imposer leur loi. L’étang est la raison d’être de ces poissons, il est le contenant qui les contient. Eux ne contiennent pas la mare - encore qu’il y ait toujours des poissons qui souffrent de mégalomanie, qui pensent que ce sont eux qui contiennent la mare, qu’ils sont capables d’en boire toute l’eau et ainsi de la contenir dans leur ventre enflé. »
C.G JUNG, L’analyse des rêves, p. 226,Tome 2, Albin Michel,

L’individu confraternel

- Au cours de l’interview Régis Debray, qualifie de petit le « moi-je » et demande à ce qu’il soit dépassé pour se serrer les coudes et pour que fraternité il y ait. Seulement il ne faut pas oublier que le sentiment du moi-je donne ses fondations et son sentiment d’unité à l’individu, le dépasser pouvant entraîner perte de substance et de délimitation.
- D’ailleurs Régis Debray a bien conscience de cette perte possible quand il ajoute que, pour qu’il y ait fraternité, on doit se retrouver dans une marginalité ou une opposition, afin de se se refermer, être entre soi et établir des frontières. Dans ces conditions, il est forcé de constater que pour s’unir dans la fraternité, il faut un adversaire ! Curieuse fraternité.
- La faute à l’idée de dépasser le « moi-je » pour créer un lien de parenté. Communion d’esprit et sentiment d’individualité peuvent faire bon ménage en tenant à l’intérieur de soi une chose et son contraire. Cette coïncidence des opposés en accordant autant de valeur au lien à soi-même et à celui qu’on entretient avec ses frères, donnerait naissance à un individu confraternel qui n’aurait pas besoin, pour s’unir à d’autres, d’un bouc émissaire.
- Enfin Jung nous avertit du danger d’oublier son petit « moi-je » dans la masse :
C’est un fait évident que la moralité d’une société, prise dans sa totalité, est inversement proportionnelle à sa masse, car plus grand est le nombre des individus qui se rassemblent, plus les facteurs individuels sont effacés et du même coup aussi la moralité qui repose entièrement sur le sentiment éthique de chacun et, par le fait même, sur la liberté de l’individu, indispensable à son exercice. C’est pourquoi tout individu , en tant que membre d’une société, est inconsciemment plus mauvais, dans un certain sens, qu’il ne l’est lorsqu’il agit en tant qu’unité pleinement responsable. Car fondu dans la société, il est en une certaine mesure libéré de sa responsabilité individuelle."
C. G JUNG, in « l’Ame et la vie », Ed.Buchet Chastel, Paris ,1963, p.220,221

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