vendredi 11 janvier 2013

L’expérience des nouvelles technologies après 25 ans de prison

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Intéressante question que voilà, imaginez un homme coupé du monde et enfermé dans un univers carcéral pendant 25 ans. L’univers fait un tel bond technologique qu’il y a de quoi être perturbé en sortant de cellule. Voici le témoignage de Michael Santros
« Quand je suis rentré en prison en 1987, Motorola venait de fabriquer le plus grand portable gris que je n’avais jamais utilisé. Les gens qui l’avaient testé l’appelaient ‘la brique’. Il avait la capacité d’envoyer et de recevoir des appels téléphoniques, mais il n’y avait pas encore de texto à l’époque.J’ai aussi eu un Pager (l’équivalent d’un Tatoo), mais il ne pouvait transmettre que des chiffres si je me souviens bien. J’ai eu un PC fabriqué par ibm avec un système d’exploitation DOS que je ne comprenais pas vraiment, il n’y avait que 40 Mo de mémoire. On m’avait dit que c’était une bonne affaire.  J’ai relié l’ordinateur à une imprimante Epson, je me souviens du papier perforé qui se coinçait sans arrêt. C’était une vraie galère.
La technologie a considérablement évolué au cours de mes 25 années d’emprisonnement. Je me suis beaucoup renseigné durant mon incarcération, mais la lecture des nouvelles sur les technologies me donnait, pour ainsi dire, l’impression de lire plus que de taper au clavier.
Peu importe ce que j’ai lu, je ne pouvais pas saisir la puissance de la technologie jusqu’à ce que je commence à l’utiliser. Oubliez la puissance, je ne comprenais plus un traître mot du langage technologique. Par exemple, je n’ai jamais compris ce que les gens voulaient dire quand ils parlaient d’un «navigateur». En fait, j’ai juste demandé à ma femme de le définir, et quand elle l’a décrit comme un programme qui me permettrait d’accéder à Internet, je lui ai  répondu par un regard vide…
« Mais je pensais que le navigateur était la zone de texte de l’écran, où je tape ce que je recherche sur google. »
« Non chéri », dit-elle. « C’est la barre d’URL. »
J’ai passé 25 ans en prison et je suis libre depuis moins de 5 mois. Peut-être que d’autres peuvent comprendre mon ignorance sur le sujet… Je ne peux accepter que les informations de base, au-delà c’est au-dessus de mes capacités. Mais avec tout ce que j’ai à apprendre, je ne sais même pas si je pourrais réellement saisir tout ce que j’ai besoin de savoir. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’est un « serveur », et je ne sais pas trop comment offrir du contenu aux personnes qui en ont besoin. A vrai dire, la technologie est le seul domaine qui me donne l’impression de vivre dans une autre époque.
Je ressens un réel handicap car j’envisageais la technologie comme l’élément central de ma future entreprise. Je me considère comme ayant une responsabilité ou un devoir, je veux aider les autres à comprendre la prison, ses tenants et aboutissants. La technologie pourrait vraiment m’aider à réussir, mais étant donné que je ne comprends pas comment l’utiliser, je suis un peu perdu dans ce monde.
Avant ma sortie de prison, j’ai beaucoup réfléchi à une stratégie technologique. Ma femme a l’habitude d’utiliser les produits Microsoft, mais les appareils d’Apple offrent une possibilité d’apprentissage beaucoup plus rapide. Le jour où elle est venue me chercher, elle m’a tendu un iphone 4S. Au cours de ma première semaine de liberté, nous avons acheté un MacBook Pro et un iMac pour le bureau [...] J’ai eu beaucoup de problèmes avec les tâches les plus simples comme les emails, ou la synchronisation de mes ordinateurs entre eux. J’ai aussi eu du mal à me souvenir de tous les mots de passe. Je pensais qu’il fallait mieux n’utiliser qu’un seul mot de passe, mais c’était avant de comprendre les risques du vol d’identité.
[...]
J’ai hâte d’en apprendre davantage sur la technologie et les médias sociaux de manière générale, mais avec tout ce que je dois saisir, je ne sais pas quel niveau de progrès raisonnable je peux espérer. »

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