Emotion Le réalisateur Francis Grosjean a filmé la fin de vie de sa sœur, à sa demande « Le choix de Michèle »
Michèle et Francis lors du tournage dans les Vosges. Photo DR
Michèle n’est plus là pour partager ces doux souvenirs d’enfance. Atteinte d’un Myélome multiple cinq ans avant, Michèle est décédée en juin 2011. Non sans avoir laissé une trace de son long combat. Qu’elle a mené contre la maladie, avec un courage exemplaire, mais aussi et surtout pour que la qualité de vie du malade soit mieux prise en compte.
Ancienne sage-femme, professeur en psychologie du travail, Michèle s’est beaucoup investie sur la question des relations entre les patients et les hôpitaux. Pour justement mettre en lumière la façon dont elle a été prise en charge. A l’heure où elle se savait condamnée, elle a voulu – bien qu’elle ait décidé de mourir chez elle, « à la Vosgienne », dira son frère – remercier l’ensemble du service. Au départ par le biais d’un livre photos.
« En fait », explique son réalisateur de frère, photographe de formation, « on est vite passé au film ». Un film forcément pas comme tous ceux (300 environ) qu’il a signés en quarante ans de carrière. Il n’empêche que la famille, sa famille s’était déjà retrouvée dans son viseur. Pour « le secret des centenaires des Vosges ». L’histoire, encore une, de son grand-père et de ses trois frères et sœurs qui totalisaient 407 ans à eux quatre. C’était en 1993 et les centenaires avaient fait le tour du monde.
« Le choix de Michèle » suivra peut-être un chemin identique. Pas pour les mêmes raisons. Et Francis n’y accordera pas la même importance. « Quand elle m’a appelé au début du mois de juin 2011 », souligne Francis Grosjean, « je me suis rendu à Lyon et peu après, nous avons commencé le tournage.
« Elle faisait l’actrice, se maquillait, se coiffait et nous tournions le plus possible. Ce fut une sorte de chronologie avec ma sœur de vingt et un jours. Je filmais son quotidien alors qu’un service de soins palliatifs avait été mis en place à son domicile. Elle voulait clairement définir le métier de malade ».
Huit d’heures d’interview sur la maladie qu’elle maîtrisait parfaitement, sur la fin de vie, sur les modalités qui l’accompagnent, cinquante heures de prise de vue sur des scènes de la vie de tous les jours précédèrent la fin de l’intime complicité entre l’homme à la caméra et sa sœur.
« J’ai eu une mission qui n’a pas été simple », confie Francis Grosjean. Encore complètement immergé dans cette vie que les deux ont conjuguée avec une force de caractère énorme. En tout cas, pas de voyeurisme, encore moins de sensationnel, juste une tranche de vie.
« C’est un film pour les autres » ajoute Francis Grosjean. « Un film qui s’est imposé à nous, que l’on a fait ensemble. C’est un film sur la vie jusqu’au bout, pas un film sur la mort. C’est la vie qui se transmet. En tout cas, ce moment de partage, le plus intense que j’ai vécu, a changé ma façon d’appréhender les choses ».
En plein débat sur l’euthanasie et sur la fin de vie, peut-être que ces témoignages apporteront d’autres éclairages, d’autres pistes. C’était le souhait le plus cher de Michèle.
Claude GIRARDET
« Le choix de Michèle » sera projeté ce vendredi 18 janvier (20 h 30) au cinéma L’Entr’actes à Vagney (88).
Bio express
1940 : naissance de Francis Grosjean à Remiremont. Cinq enfants composent cette famille. Président du syndicat d’initiative, son père s’occupe de l’équipe qui vient tourner « Les grandes Gueules ».1973 : Ingénieur des Arts et métiers, Francis Grosjean s’installe à Paris. Il devient vite un réalisateur incontournable de films sur l’automobile, le pétrole, les produits de luxe. Et travaille dans le monde entier.
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