Les appels à la censure visent trois secteurs : la publicité, la presse et l'art. Vendre, rire et créer, trois libertés bien distinctes, rassemblées pour l'occasion sous un même chef d'accusation : le blasphème. Peine perdue, objecteront les rationalistes, puisque le délit de blasphème n'existe plus en droit français depuis la Révolution. Il n'empêche, à l'heure de la communication de masse, plus personne n'échappe à l'invasion des images, et les susceptibilités sont exacerbées.
Illustration ci-dessous avec une sélection de quinze images jugées blasphématoires qui ont choqué ces dernières années. On constate que l'écrasante majorité de ces scandales – à l'exception des crises récurrentes autour des caricatures de Mahomet – sont liés au christianisme. "Un auteur s'intéresse en priorité à ce qui l'a traumatisé pendant son enfance. Les images scandaleuses en France sont donc majoritairement chrétiennes", explique Emmanuel Pierrat, avocat spécialisé dans les affaires de censure et auteur de 100 Images qui ont fait scandale (Ed. Hoebeke, 2011).
Mais le blasphème et la représentation du divin, assimilés de longue date dans l'Occident chrétien, sont plus douloureusement vécus dans d'autres confessions ou régions du monde, où ils n'ont pas valeur de tradition. Dans un entretien au Monde.fr, François Bœspflug, dominicain, professeur d'histoire des religions à la Faculté de théologique catholique de l'université Marc-Bloch de Strasbourg, revient sur le statut de l'image dans l'histoire des religions. Il rappelle que, parmi les religions monothéistes abrahamiques, la représentation du divin est une spécificité chrétienne. La caricature religieuse est quant à elle une tradition européenne depuis la fin du XIXe siècle. Elle n'en constitue pas moins, à l'échelle des siècles, une situation tout à fait "insolite dans l'histoire des civilisations".
- Unhate (Benneton) – 15 novembre 2011
Benetton est un habitué des campagnes choc (voir l'affiche de 1992 plus bas). Sa dernière en date, diffusée le 15 novembre, met en scène, parmi d'autres "couples" célèbres, le pape Benoît XVI embrassant l'imam de l'université Al-Azhar du Caire, la plus haute autorité sunnite égyptienne, Ahmed Al-Tayeb.
Fait rare, le photomontage fait aussitôt réagir les plus hautes autorités de l'église catholique. Le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Bernard Podvin, y voit "un buzz assez indigne". Le Vatican dénonce "une utilisation inacceptable de l'image du Saint-Père, manipulée et instrumentalisée dans le cadre d'une campagne publicitaire à des fins commerciales".
La marque italienne annonce dès le lendemain le "retrait immédiat de l'image de toute publication". Insuffisant pour l'Eglise. Redoutant que l'image soit diffusée sur d'autres supports, le Vatican annonce des actions en justice à travers le monde. Plus prudente, la principale institution sunnite égyptienne "hésite encore pour savoir si cela mérite une réponse tant ce n'est pas sérieux".
"Une réaction des autorités officielles chrétiennes est devenue un phénomène rare, explique Emmanuel Pierrat. La dernière fois que l'épiscopat français avait réagi à une image, c'était la photo de La Cène [voir ci-dessous], contre laquelle une plainte avait été déposée. Depuis vingt ans, on assiste plutôt à des opérations coups de poing ou des actions en justice de groupuscules fondamentalistes comme l'Agrif", l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne, proche du Front national, ou l'Institut Civitas, des catholiques traditionalistes et intégristes proches de l'extrême droite.
>> Lire : "L'épiscopat réfléchit à son attitude face aux œuvres blasphématoires"
- Golgota Picnic (Rodrigo Garcia) – novembre 2011
"J'ai honte de présenter une œuvre d'art protégée par des mesures de sécurité." C'est par ces mots que s'est ouverte la première représentation de Golgota picnic, de Rodrigo Garcia, le 16 novembre, à Toulouse (lire le reportage du Monde, accès payant). Devant le Théâtre Garonne, les forces de l'ordre canalisent les manifestants de l'Institut Civitas, venus protester contre une pièce qu'ils jugent "blasphématoire".
Celle-ci est inspirée par la peur de Dieu que l'auteur espagnol a connue quand il était enfant. Elle a été joué à Madrid, puis à Rotterdam et à Graz, sans susciter d'incident. Elle est programmée à Paris du 8 au 17 décembre.
Aucune violence n'est constatée aux abords du théâtre, entre les membres de l'Institut et ceux, deux fois plus nombreux, qui manifestaient leur soutien à la pièce. Trois élus radicaux de gauche de la ville ont cependant tenu, "au nom de la laïcité", à critiquer la "démarche provocante" de la pièce, jugeant que "les subventions publiques ne doivent pas servir à financer ce genre de spectacle".
L'Agrif, dirigée par l'ancien député européen du Front national Bernard Antony, porte plainte. Elle est déboutée. "Ces groupuscules étaient dispersés pendant quelques années. Ils sont aujourd'hui réunifiés, non pas sous la banière de l'Eglise catholique, mais du Front national", explique Emmanuel Pierrat.
>> Eclairage : "Extrême droite : la mouvance intégriste cherche sa revanche"
- Charlie Hebdo, Mahomet et le cocktail molotov – novembre 2011
Quelques jours avant la parution d'un numéro spécial intitulé "Charia Hebdo", dont la couverture circule déjà sur le Net mais que personne n'a encore eu le loisir de feuilleter, le siège de l'hebdomadaire satirique est victime d'un incendie d'origine criminelle. Une semaine plus tard, Charlie retrouve le chemin des kiosques avec un appel à la tolérance en forme de french kiss.
L'enquête n'a pas permis d'identifier les auteurs de l'attentat. Mais leur acte a porté au-delà des frontières de l'Hexagone. Dans les jours qui suivent, une centaine de salafistes manifestent devant l'ambassade de France au Caire pour protester contre le journal satirique. Des groupes djihadistes appellent les musulmans d'Egypte, de Libye et de Tunisie à "manifester pour réclamer à leurs dirigeants de rompre leurs relations avec la France". Ils demandent que le blasphème soit "condamné par la loi".
Le blasphème, objet de toutes les incompréhensions, ici comme ailleurs. Une tribune publiée en France, signée notamment par Rokhaya Diallo et les "Indigènes de la République", dénonce l'"anticléricalisme primaire doublé d'une obsession islamophobe" du magazine satirique. Ses auteurs affirment que le blasphème existe bel et bien en France : "Les leçons de tolérance adressées par l'élite blanche aux musulmans, présumés coupables de l'incendie, sont pour le moins malvenues puisque, contrairement à ce qui se dit et se répète, le délit de blasphème existe en France : depuis les lois Sarkozy de 2003, de très lourdes amendes et peines de prison sont prévues contre toute 'offense au drapeau ou à l'hymne national'."
Il ne s'agit évidemment pas d'un délit de blasphème, ou alors par extension, ce délit étant banni du code pénal depuis plus de deux siècles : le délit d'outrage au drapeau français, prévu par l'article 433-5-1 du code pénal, a été voté en 2003 à la suite du match de foot France-Algérie au cours duquel La Marseillaise avait été sifflée. Au pays de la laïcité, le tabou des symboles républicains a remplacé, accidentellement, celui du divin. "On se rapproche d'une situation à l'américaine, où on peut blasphémer tant qu'on veut, mais où il est interdit de brûler le drapeau national", souligne Emmanuel Pierrat.
>> Eclairage : "Peut-on vraiment sanctionner une atteinte au drapeau français ?"
- Sur le concept du visage du fils de Dieu (Romeo Castellucci) – octobre 2011
Le 20 octobre, des membres d'Institut Civitas interrompent la représentation qui se tient au Théâtre de la Ville à Paris. La pièce met en scène un père et son fils affrontant ensemble la déchéance de l'âge, sous le regard d'un portrait géant du Christ peint par Antonello de Messine.
La Ville de Paris et le Théâtre de la Ville portent plainte. Quelques jours plus tard, une vingtaine de fondamentalistes seront placés en garde à vue après avoir jeté des boules puantes dans la salle aux cris de "christianophobie, ça suffit !".
Le secrétaire général de Civitas, Alain Escada, salue l'intervention de ses troupes : "Jeudi comme vendredi, des jeunes gens issus de mouvements divers ont démontré qu'une belle jeunesse pouvait se coaliser pour défendre l'honneur du Christ à travers une grande réaction spontanée qui s'étendra, je l'espère, de jour en jour." Aux avant-postes de cette mouvance catholique intégriste se trouve un groupuscule, le Renouveau français, qui joue volontiers le rôle de "groupe choc" pour l'Institut Civitas.
L'Eglise, elle, prend ses distances avec les intégristes. Le président de l'assemblée des évêques, Mgr André Vingt-Trois, demande aux catholiques de ne "pas se laisser enfermer dans une forme de débat où l'Eglise se défendrait elle-même comme un groupe minoritaire". Il dénonce les méthodes d'"un groupuscule lefebvriste qui fait de la foi un argument de violence".
Mais des initiatives et des déclarations diverses laissent apparaître des divergences au sein des autorités officielles. Certains évêques, comme celui de Vannes (Morbihan), Mgr Centène, ou de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Mgr Aillet, soutiennent les manifestants parisiens.
>> Blog Digne de foi : compte-rendu du colloque de l'association Aide à l'Eglise en détresse sur la "christianophobie" en Europe
>> L'interview de Romeo Castellucci : "La foi est à mille lieues de l'idéologie"
- Immersion Piss Christ (Andres Serrano) – avril 2011
Des centaines de militants d'Institut Civitas manifestent leur colère devant le musée d'art contemporain privé d'Avignon pour protester contre l'exposition d'une photographie de l'artiste new-yorkais afro-cubain Andres Serrano, Piss Christ. Une poignée d'entre eux s'introduit dans l'établissement et détruit la photo. L'œuvre, qui représente un crucifix plongé dans un verre d'urine, n'est pourtant pas nouvelle : elle date de 1987. Critiquée à chacune de ses apparitions par les évangélistes protestants américains, elle avait été exposée il y a deux ans au Centre Pompidou sans faire de bruit. L'artiste, Serrano, se décrit comme croyant et "fasciné" par la foi catholique.
>> Eclairage : "Qui sont ces catholiques intégristes qui protestent ?"
>> Tribune : "Le symbole du Christ doit être respecté par les artistes"
- Publicité d'Antonio Federici – 2010
Une nonne enceinte déguste une glace à l'intérieur d'une église. Un slogan : "Conçue de manière immaculée". Cette campagne de publicité pour une marque de glace italienne est destinée au marché britannique, pays dont la majorité des habitants sont anglicans (protestants). Mais "elle n'est pas du goût de tous les amateurs de glaces", relate Emmanuel Pierrat. Des plaintes affluent en direction de l'Autorité de régulation de la publicité britannique. Celle-ci décide d'interdire les photos, jusque-là parues dans la presse essentiellement féminine, au motif qu'elles portent atteinte aux valeurs des catholiques.
- Publicité de Marithé et François Girbaud – 2005
Marithé et François Girbaud, créateurs de vêtements, réalisent un pastiche de La Cène de Léonard de Vinci. La mise en scène chiffonne l'Eglise : les onze apôtres, ainsi que le Christ, sont remplacés par de ravissantes jeunes filles.
L'association catholique Croyances et libertés, qui représente l'épiscopat français, porte plainte. Les créateurs perdent en première instance puis en appel, le juge ayant qualifié l'affiche d'injure faite aux chrétiens, rapporte Emmanuel Pierrat.
"L'injure ainsi faite aux catholiques apparaît disproportionnée au but mercantile recherché." Le péché est encore aggravé par " l'incongruité de la position du seul personnage masculin, présenté dans une pose équivoque", estime le tribunal. Le juge ordonne le retrait immédiat de l'affiche. L'affaire est portée devant la Cour de cassation. Le 14 novembre 2006, l'arrêt de la cour d'appel est cassé et l'association Croyances et libertés déboutée.
- Les caricatures de Mahomet – 2005
Le 30 septembre 2005, le quotidien danois Jyllands-Posten publie des caricatures de Mahomet. Sur l'une d'entre elles, la tête du prophète est surmontée d'un turban en forme de bombe. Une colère sans précédent embrase le monde musulman. Des ambassades ont été prises d'assaut, des produits danois boycottés. Un an après, les spécialistes ont recensé 300 manifestations dans une vingtaine de pays, ainsi que des morts au Nigeria, en Libye et en Turquie, où une église a été incendiée.
Les têtes des caricaturistes sont mises à prix, 100 000 dollars par Al-Qaida, 1 million de dollars et une voiture de la part d'un dignitaire musulman pakistanais. Plusieurs attentats terroristes visant les satiristes sont déjoués.
Par solidarité, 150 journaux dans une soixantaine de pays reproduisent les caricatures. A la suite de France-Soir et de journaux allemand, italien, espagnol, belge ou même égyptien, Charlie Hebdo décide de publier les caricatures dans son édition du 8 février 2006.
L'Union des organisations islamiques de France, la grande mosquée de Paris et la Ligue islamique mondiale (LIM) portent plainte. Le délit de blasphème n'exitant pas en droit français, ils s'appuient sur l'article R. 624-4 condamnant "l'injure envers un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".
Un an plus tard, le "procès des caricatures de Mahomet" s'ouvre. Sur le banc des accusés, le directeur de la publication, Philippe Val. Face à lui, Me Salah Djemaï, conseil de la LIM, organisation basée en Arabie saoudite. "La Ligue islamique mondiale veut sensibiliser l'opinion à la montée du racisme dans ce pays. On envisage de demander l'euro symbolique. La Ligue islamique mondiale ne fait pas ça pour le fric. Le fric de M. Val est puant", lance-t-il. Philippe Val est relaxé.
Le Coran considère la représentation de Dieu et de tout être animé comme une "abomination". Mais l'interdit de la représentation du prophète a été constamment détourné en terre d'islam. La carte postale ci-dessous, qui représente un "jeune Mahomet", n'a cessé de circuler en Iran qu'en 2008.
>> Analyse : "Respect des croyances ou manipulation de l'islam ?"
>> Tribune de Jean-Michel Ribes : "Quel est ce sacré qui tremble devant le rire ?"
- Amen (Costa-Gavras) – 2002
Découvrant les affiches qui annoncent la sortie du film de Costa-Gavras, l'Agrif assigne en référé le producteur, le réalisateur et le distributeur afin d'obtenir l'interdiction de l'affiche sur la voie publique. Elle estime que, pour des raisons mercantiles, cette image constitue "une offense gratuite, inutile et publique aux sentiments religieux les plus respectables", raconte Emmanuel Pierrat.
L'argument est immédiatement réfuté par Costa-Gavras : "L'affiche correspond au problème posé par le film, qui est traité aussi par de nombreux historiens : celui de la responsabilité du Vatican, du fait de sa passivité lors du génocide des Juifs et des Tziganes par les nazis." L'Agrif est déboutée, le tribunal jugeant que "les catholiques, ou plus généralement les chrétiens d'aujourd'hui, […] ne sont pas visés par l'éventuelle imputation diffamatoire".
- La Nona Ora (Maurizio Cattelan) – 1999
Le titre de cette œuvre de l'Italien Maurizio Cattelan (La Neuvième Heure) fait référence au moment de la mort du Christ. On y voit le pape terrassé par une attaque de météorites, victime de la colère divine. Deux responsables politiques polonais, la nationalité de Jean-Paul II, ont exigé que la scupture soit retirée de l'exposition au motif qu'elle n'était pas sur ses pieds. Mais comme souvent, la provocation se révèle lucrative : La Nona Ora s'est vendue 2,7 millions de dollars (hors frais) en 2004.
- Publicité Benetton (Oliviero Toscani) - 1992
En 1992, Oliviero Toscani met en scène un jeune couple formé d'un prêtre et d'une nonne se donnant un baiser parfaitement profane. La campagne, baptisée "Kissing Nun", est censurée en France et en Italie. Ironie de l'histoire, elle reçoit au Royaume-Uni le prix Eurobest, qui récompense les meilleures créations publicitaires européennes.
- Il gèle en enfer (Jean-Pierre Mocky) – 1990
Jean-Pierre Mocky n'aime rien tant que chatouiller la susceptibilité des croyants. Les petits anges sexués de l'affiche d'Il gèle en enfer lui apporteront entière satisfaction. L'Agrif réclame aussitôt son retrait. Elle est là encore déboutée.
- La quéquette à Jésus-Christ (Politis) – 1989
Un peu plus d'un an après sa création, l'hebdomadaire Politis publie un dossier consacré aux abus de la restauration des œuvres d'art, "qui s'attarde naturellement sur les dérives pudibondes de l'Eglise catholique, une experte en la matière", relate Emmanuel Pierrat. En couverture, un magnifique exemple de ces agissements : un Christ nu de Michel-Ange, dont les autorités cléricales avaient exigé que le sexe fût dissimulé derrière un voile de bronze.
La couverture de l'hebdomadaire est barrée du titre "La quéquette à Jésus-Christ", allusion à une comptine enfantine qui se chantait jadis. La rédaction de Politis reçoit des menaces après la sortie de ce numéro et va se retrouver sous protection policière.
- La dernière tentation du Christ (Martin Scorsese) – 1988
A sa sortie en 1988, ce film de Martin Scorsese retraçant la vie d'un Christ écartelé entre son humanité et sa divinité est victime de violentes attaques des catholiques intégristes de droite. Leur colère atteindra un point culminant avec l'incendie du cinéma Saint-Michel à Paris, dans la nuit du 22 au 23 octobre, qui fera plusieurs blessés, dont un à vie.
Cinq militants de l'Agrif sont arrêtés et condamnés à de la prison avec sursis et à 450 000 francs de dommages et intérêts. Ce qui n'empêchera pas l'association de revendiquer le concept de "racisme antichrétien" pour tenter de détourner la législation antiraciste au service de la lutte contre le blasphème.
Après trois semaines de diffusion dans dix-sept salles parisiennes, seules deux salles poursuivirent la distribution. Les autres abandonnent la partie face aux actes de dégradation dont elles font l'objet. Des actes similaires sont commis dans d'autres villes françaises. Le Front national réclame pour sa part la destruction pure et simple des bobines.
Le film présente un Jésus dans le doute, amoureux de Marie-Madeleine et cédant à la tentation. S'inspirant de La Dernière Tentation de l'écrivain grec Nikos Kazantzaki, le réalisateur tente de retracer la vie d'un Jésus tenté par l'humanité. "Ce qui m'a fasciné dans l'œuvre de Kazantzaki, c'est que Jésus y est présenté d'abord comme un homme qui souffre autant que nous tous. Bien qu'il soit le messie, il doit s'incarner en un être humain pour vivre pleinement nos épreuves", expliquait à l'époque Martin Scorsese.
>> Tribune : "Les nouveaux inquisiteurs", par Caroline Fourest
- Je vous salue Marie (Jean-Luc Godard) – 1985
Lorsque le film de Jean-Luc Godard sort en salles, on retrouve encore l'Agrif au premier rang. Objet du courroux de l'association frontiste : l'affiche, sur laquelle on voit un ventre de femme, probablement enceinte de Jésus, s'offrant à la main d'un homme, au choix l'archange Gabriel ou son époux Joseph.
L'Agrif saisit la justice et perd. "Elle est déboutée de sa demande de censure au motif que le film est exclusivement projeté dans les salles de cinéma, et ne peut donc choquer des personnes qui n'auraient pas souhaité le voir", raconte Emmanuel Pierrat.
Les intégristes maintiennent la pression en organisant des manifestations devant les cinémas qui programment le film. "A Nantes, un sit-in organisé par les défenseurs de la foi, qui se rassemblent pour prier pendant chaque séance du film, tourne à l'affrontement avec quelques punks facétieux venus défendre la liberté d'expression à coups de seaux d'eau et de boules puantes", poursuit-il.
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