De l'expérience - une chute à la mer, en pleine nuit, alors qu'elle regagnait Marseille seule sur son voilier - Florence Arthaud confie avoir surtout retenu «que c'était pas (son) jour et que ce jour-là, il y a eu pas mal de petits miracles, de vrais miracles».
«J'ai super envie d'une coupe de champagne, pour mon anniversaire», lance depuis son bateau la navigatrice, 54 ans depuis trois jours, aux proches venus l'accueillir à l'embarcadère sur le Vieux-Port, vers 19h00.
«Des miracles oui», répète-t-elle avec un sourire un peu las et les traits tirés, «parce que normalement, je ne devrais pas être là».
Consciente de sa chance, elle serre fort dans ses bras chacun de ses amis, navigateurs comme elle.
Ainsi, montrant ses vêtements chauds, elle précise qu'il s'agit de ceux de la «femme du préfet» de Corse, chez qui elle est allée reprendre des forces dimanche matin après être sortie de l'hôpital de Bastia, où ils n'ont «même été foutus de (lui) filer des couvertures chauffantes», dit-t-elle. Son chaton roux, Bill K - ainsi appelé parce c'est «le verlan de Kabylie, où je l'ai trouvé» - a déjà trouvé refuge dans les bras d'une proche. C'est pour lui, resté seul à bord après sa chute, qu'elle a tenu à récupérer le plus vite possible son bateau.
Elle avoue avoir trouvé le temps «vachement long»
Sur le ponton, alors que la nuit est tombée sur Marseille, elle revit ses quelques heures passées dans l'eau, son téléphone à bout de bras, tenu hors de l'eau tellement fort qu'elle en a encore des crampes.
«Je n'avais pas mes lunettes et donc je ne voyais rien, j'appuyais sur n'importe quelle touche, il a fallu que je compose mon code, tout ça, après avoir enlevé mes bottes et mon ciré», raconte-t-elle. Puis le bateau, qui fonctionnait en pilotage automatique, «est parti vachement vite», lâche-t-elle. «Et là, j'ai prié d'abord pour que le téléphone marche, puis pour qu'il y ait quelqu'un qui soit réveillé à cette heure-là».
Après, «ce qui m'a sauvé, c'est que j'avais ma lampe frontale, sinon ils ne m'auraient jamais retrouvée», ajoute-t-elle, confiant avoir pensé qu'elle n'allait pas s'en sortir, avouant aussi avoir trouvé le temps «vachement long». «Je ne voyais pas les hélicos arriver, je commençais par être à bout de souffle, je ne savais pas si j'allais tenir jusqu'au bout, j'ai nagé sur le dos avec le téléphone en l'air, en me guidant aux étoiles, pour me rapprocher de la côté, mais c'était juste histoire de, pour m'occuper», raconte-t-elle.
Puis, «je les ai vus arriver, j'ai fait clignoter ma frontale et puis voilà...», conclut-elle, souriante, avant de trinquer avec ses amis dans les salons de la Société nautique de Marseille (SNM).
Elle est rentrée lundi soir chez elle à Marseille, seule à bord de son voilier, avec dans les bras son minuscule chaton, lui aussi rescapé.
Et, lorsqu'on lui demande pourquoi elle a tenu à rentrer dès lundi au lieu de se reposer quelques jours en Corse, elle répond simplement, son chaton fermement accroché à son épaule: «Je voulais finir ce que j'avais commencé».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.