L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes de la Russie1, de l'Union européenne et des États-Unis.
Les talibans ne peuvent toutefois pas être considérés comme appartenant à une même organisation. Il existe en effet de nombreuses mouvances, plus au moins liées, et celles-ci ne mènent pas toujours le même combat. On distingue parfois les talibans « afghans » se battant contre les forces internationales et nationales dans la Guerre d'Afghanistan, et les talibans « pakistanais », opposés aux autorités pakistanaises dans le conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan2.
Étymologie
Taleb désigne en pachto un étudiant en théologie dans une madrasa (université théologique musulmane). Le mot vient de l'arabe, avec le même sens. On parle aussi de « talibé » dans certains pays d’Afrique de l'Ouest : Mali, Guinée, Niger, Bénin, Togo et Ghana au sud et de la Côte d'Ivoire au sud-ouest, et au Sénégal3.Par ailleurs, le sens du terme a, à l'occasion, été étendu pour définir toute forme d'extrémisme ou d'intégrisme.
Origine
Durant la guerre contre les Soviétiques, des millions de jeunes Afghans furent éduqués dans les madrasas de la zone tribale pakistanaise. Ils y furent fortement influencés par une école de pensée, l'école deobandi, qui prône le retour à « un islam juste et respectant les principes islamiques ».Les chefs de guerre se déchirent pendant et après l'occupation de l'Afghanistan par les Russes.
Les talibans, eux, sont des « néo-fondamentalistes ». Ils veulent d'abord réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains. La forme de l'État n'a pas d'importance pour eux à la condition de respecter la loi divine. Et seuls ceux qui l'ont étudiée, c'est-à-dire les talibans, sont à même de l'expliquer et d'en assurer le respect.
C'est pour cela qu'ils déclarent dans leurs premières années qu'ils ne veulent pas le pouvoir politique. C'est aussi pour cela qu'ils attachent tant d'importance à tout ce qui touche à la vie quotidienne, publique ou privée.
Durant les premières années de leur prise de pouvoir, les talibans jouissent d'un réel soutien populaire, surtout, mais pas uniquement, de la part des populations pachtounes du sud et de l'est. Les Afghans sont fatigués de leur guerre avec l'URSS et des exactions des chefs de guerre qui ensanglantent le pays, et beaucoup accueillent volontiers ces religieux qui amènent l'ordre et la sécurité. Les contraintes morales ne changent, en fait, pas grand-chose dans les campagnes où les femmes portent déjà la burqa, et où, dans leur très grande majorité, elles ne travaillent ni ne vont à l'école.
De 1994 à fin 1997, les talibans profitent aussi d'un soutien moral, sinon financier et militaire, de la part des services secrets pakistanais, dans une relative indifférence internationale. La présence sur le territoire afghan, à partir de 1996, d'Oussama Ben Laden, qui a déclaré haut et fort qu'il allait, entre autres, s'attaquer aux États-Unis par tous les moyens, change la donne. Ben Laden avait déjà eu l'occasion de rencontrer le ministre taliban aux frontières, Jalaluddine Haqqani, en 1986, lors du programme afghan de la CIA4.
Une situation complexe
Il existe en Afghanistan, principalement quatre peuples : les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras (d'origine mongole, mais parlant un dialecte persan et à majorité chiite), et les Pachtounes. Les Ouzbeks sont présents au nord ainsi qu´en Ouzbékistan, les Tadjiks parlent une langue iranienne et sont en majorité sunnite, vivant dans l´ouest, le nord-est et au Tadjikistan. Les talibans sont issus majoritairement des Pachtounes, estimés à 15 millions d'habitants. Le "noyau dur" du mouvement vient des tribus pachtounes du Sud, qui ont fourni une grande partie des réfugiés au Pakistan. Selon leurs vicissitudes, les talibans obtiendront, puis perdront le soutien de la plupart des chefs tribaux pachtouns.En 1980, les Soviétiques envahissent l'Afghanistan dans le but, selon certains, de rallier ce pays au bloc soviétique, pour d'autres, de répondre, à ses frontières, au soutien actif des États-Unis d'Amérique aux moudjahidines luttant contre le régime communiste de Kaboul. L'ancien conseiller à la sécurité nationale américain du président Carter, Zbigniew Brzezinski, confirmera par la suite5 que les États-Unis ont aidé les opposants quelques mois avant l'invasion soviétique.
La guerre civile au temps des talibans
La naissance du mouvement
À l'origine, les talibans sont les élèves des écoles religieuses deobandi créées dans les camps de réfugiés au Pakistan. Peu instruits, ils cultivent un islam sommaire, multiplient les interdits et prônent des pratiques étrangères à l'islam[réf. nécessaire], dont certaines vont à l'encontre des prescriptions de Mahomet. Lors du retrait soviétique, ils étendent leur activité sur le territoire afghan. Ils fournissent quelques volontaires aux moudjahidines, mais ne jouent encore qu'un rôle effacé. Selon la tradition du mouvement, c'est en 1994 que le mollah Omar et ses élèves prennent les armes pour protéger la population locale, à la suite de deux agressions: le viol et le meurtre de deux jeunes filles par un chef de bande, puis la mort d'un jeune homme disputé entre deux chefs de bande. Ils reçoivent le soutien de l'ISI pakistanaise et de la puissante corporation des camionneurs, qui font appel à eux pour mettre fin au banditisme sur la route qui relie le Pakistan à l'Asie Centrale6 .La montée des talibans
Les talibans deviennent une force conséquente en octobre 1994. Ils s'emparent de Kandahar et saisissent un important stock d'armes appartenant au chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar. Ils prennent, en quelques mois, le contrôle de la moitié sud du pays. En février 1995, ils sont à Maydan Shahr à une vingtaine de kilomètres au sud de Kaboul, et à une centaine de kilomètres d'Hérat dans l'ouest. Les talibans ayant défait le Hezb-i-Islami dans le Logar et tué Mazari, le chef hazara du Hezb-i-wahdat, Ahmad Shah Massoud, chef tadjik du Jamiat-Islami, en profite pour prendre le contrôle total de Kaboul. La capitale est détruite à 40 %7 par les combats de la guerre civile.Hérat est prise en septembre 1995, Kaboul le 27 septembre 1996 et les talibans en profitent pour tuer l'ancien président communiste Mohammed Nadjibullah qui avait trouvé refuge dans une maison de l'ONU depuis sa destitution. Le mollah Omar, chef des talibans, devient de facto le nouveau chef d'État sous le titre de commandeur des croyants. Le régime politique mis en place par les talibans prend le nom d'Émirat islamique d'Afghanistan.
Mazar-i-Sharif est prise une première fois en 1997 mais cela s'avère être un piège dans lequel environ 3 000 talibans seront froidement massacrés, et lorsque les talibans reprennent Mazar en 1998, ils se vengent en massacrant, à leur tour, plusieurs milliers de Hazaras, hommes, femmes et enfants8. Ils exécutent également 10 diplomates et journalistes iraniens accusés d'espionnage, et l'Iran est sur le point d'entrer en guerre contre les talibans. L'Hazaradjat est alors presque encerclé et tombe après la chute de Bâmiyân en septembre 1998.
L'Alliance du Nord, rassemblement de frères ennemis mais unis contre les talibans, se désagrège alors. La plupart de ses chefs se réfugient à l'étranger et Ahmad Shah Massoud reste le seul leader de l'alliance à résister depuis son fief montagneux du Panchir, d'où il garde le contrôle du nord-est de l'Afghanistan. Ailleurs dans le pays, seules quelques poches de résistance en Hazaradjat, sous le commandement de Khalili, continuent de harceler les talibans, provoquant vengeances, massacres de civils et une totale destruction de la ville de Bâmiyân et de ses alentours.
Les talibans défient les États-Unis et l'ONU
Au plan international, le gouvernement taliban n'a été reconnu que par trois États : Pakistan, Arabie saoudite et Émirats arabes unis. Au contraire, la Russie, l'Inde, l'Iran et les républiques d'Asie Centrale s'en méfient et soutiennent leurs adversaires.Le 20 août 1998, les États-Unis lancent des douzaines de missiles de croisière sur des camps d'entraînement présumés d'Oussama Ben Laden, en représailles aux attentats contre leurs ambassades de Nairobi et Dar es Salam.
En 1999, suite aux exactions des talibans et leur connivence avec Al-Quaida, le Conseil de sécurité des Nations unies met en place des sanctions et crée le Comité des sanctions contre Al-Qaida et les talibans le 15 octobre 1999.
Les talibans font dynamiter les deux bouddhas sculptés de Bamiyan en mars 2001, classés dans le patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le 9 septembre 2001 à Khwadja Bahuddin, Ahmad Shah Massoud est tué lors d'un attentat suicide commis par Abdessatar Dahmane et Bouari El-Ouaer, deux islamistes d'origine tunisienne se faisant passer pour des journalistes munis de faux passeports belges.
Après les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center à New York dont la planification est attribuée à Oussama Ben Laden, les États-Unis dressent un ultimatum aux talibans : ils réclament la livraison de tous les dirigeants d'Al-Qaida, la fermeture des camps terroristes et l'acceptation de missions d'inspection américaines[réf. nécessaire] . Les talibans proposent alors que Ben Laden soit jugé selon la loi islamique si les États-Unis apportent des preuves de sa culpabilité [réf. nécessaire], offre jugée "insuffisante" par les Américains[réf. nécessaire] .
Le gouvernement des États-Unis forme une coalition mandatée par l'ONU. Des bombardements aériens intensifs, une offensive de l'Alliance du Nord encadrée par les Forces spéciales et les unités opérationnelles de la CIA, le ralliement à l'Alliance du Nord d'une grande partie des unités tribales pachtounes, entraînent la chute du régime. Le pouvoir taliban s'écroule en quelques jours début novembre 2001. Le mollah Omar, encerclé dans Kandahar, parvient à échapper aux recherches.
Après quelques mois de transition, une Loyah Jirgah investit Hamid Karzai.
La vie sous les talibans
Le régime imposé par les talibans fut fondé sur un respect strict et littéral d'une certaine vision de l'islam, particulièrement rigoriste. La culture de l'opium est réduite mais les zones contrôlées par les talibans poursuivent une faible partie de leur production, environ 35 tonnes en 2001 selon le PNUCID (Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues)9 malgré l'interdiction de culture décrétée par le mollah Mohammed Omar en l'an 200010. C'est un faible chiffre si on le rapporte aux 150 tonnes d'opium produits cette même année 2001 dans le Badakhshan, province sous contrôle de l'Alliance du Nord (total de 180 tonnes), aux 3 276 tonnes produites l'année précédente, en 200011, et aux 8 200 tonnes produites en 200712.
L'Afghanistan vivait alors sous la domination de 30 000 à 40 000 talibans, motivés par un retour à la pureté originelle de l'islam. Le « ministère pour la promotion de la vertu et la répression du vice » contrôle tous les aspects de la vie des Afghans.
Certaines régions du Pakistan ont été également soumises aux talibans, notamment la vallée de Swat de 2007 et jusqu'à début 2009.
De fortes restrictions
Le théâtre, le cinéma, la télévision, et les ordinateurs étaient interdits ; la possession d'appareils photographiques et de magnétoscopes devint illégale. Le ministère de l'Information interdisait aux journalistes étrangers de parler aux femmes, de prendre des clichés et de se promener seuls13. Un seul hôtel était ouvert aux reporters occidentaux dans Kaboul. Dans les écoles, la moitié du temps était consacrée à la religion.[réf. nécessaire] Les talibans brûlaient les instruments de musique et les cassettes, frappaient et emprisonnaient les musiciens, interdisaient la danse. La boxe, comme beaucoup d'autres sports, était prohibée14. Certains jeux basiques, comme les échecs ou le billard était également prohibés15. Chaque jour, la radio des talibans énumérait de nouveaux interdits : peindre en blanc les vitres des maisons pour ne pas voir les femmes à l'intérieur, expéditions punitives pour casser les téléviseurs, magnétoscopes, déchirer les photographies de famille. Les autorités faisaient également vérifier que l'on n'écoutait pas de musique dans les maisons ou au cours des mariages16. Les systèmes médicaux et scolaires furent dédoublés en fonction du genre, tout en donnant la priorité aux hommes[réf. nécessaire]. Toute représentation humaine était illégale, même pour les poupées des petites filles17. Au nom de l'iconoclasme, les talibans dynamitèrent les statues de bouddhas géants de Bamiyan, vieilles de quinze siècles. Ils détruisirent, dans les collections archéologiques du musée de Kaboul, tout ce qui portait des représentations humaines ou animales et firent des autodafé des 55 000 livres rares de la plus vieille fondation Afghane et détruisirent plusieurs autres bibliothèques publiques et privées18.
La charia devint la base du droit afghan. Notamment, l'amputation et la lapidation furent parmi des peines appliquées sous les talibans. Les relations sexuelles hors mariage étaient prohibées et punies de 100 coups de fouet13 (cette sentence, équivalente en pratique à une condamnation à mort, mettait en œuvre littéralement le verset 2 de la sourate XXIV du Coran intitulée La Lumière19). La diffusion d'idées « non-musulmanes » était également prohibée. En 2001, les minorités hindoues devaient porter un signe distinctif20, un morceau d'étoffe jaune21. Les homosexuels étaient condamnés à mort : on faisait s'écraser sur eux un mur, et on utilisait un bulldozer pour achever la peine[réf. à confirmer]17.
Condition des femmes et des hommes
Les femmes furent exclues du marché de l'emploi, elles devaient être entièrement couvertes par le vêtement traditionnel, le tchadri, et ne pouvaient quitter leur maison qu'accompagnées de leur mari ou d'un parent proche. Le tchadri est une sorte de tente plissée et opaque, sur laquelle était découpée une grille brodée à la hauteur des yeux. Les musulmans doivent se raser le pubis et les aisselles, par mesure d'hygiène22. Ils doivent également se brosser les dents régulièrement (l'idéal étant cinq fois par jour avant chaque prière obligatoire). Les hommes n'ont pas le droit d'avoir des relations charnelles sans être mariés à la femme, cela les oblige à prendre les responsabilités de leur actes en assurant un contrat officiel entre les deux partenaires. Le mari est obligé de pourvoir aux besoins de son épouse et de ses enfants ; il est strictement interdit pour lui de les abandonner sans subvenir à leurs besoins tant qu'il en a les capacités. Dans le cas où il est trop pauvre pour nourrir sa famille, il peut demander à bénéficier de la Zakah, qui est un prélèvement obligatoire pour tout musulman qui en a les moyens, de 2,5 % du salaire pour le redistribuer ensuite aux plus pauvres de la société. Les hommes sont obligés d'aller à la mosquée le vendredi vers midi pour prier en congrégation, alors que les femmes ont le choix d'y aller si elles le souhaitent. Les femmes et les hommes jugés pour crimes d'adultère sont lapidés s'ils sont pris en flagrant délit par au moins quatre témoins dignes de confiance (qui sont connus pour dire la vérité et ne jamais mentir). La lapidation concerne l'homme comme la femme, cela implique d'être enterré jusqu'au cou et subir ensuite des jets de pierre jusqu'à ce que mort s'ensuive. La lapidation n'est pas mentionnée dans le Coran mais dans les hadiths, ce pourquoi elle est présente dans la charia (« loi divine »). La sentence de lapidation ne peut être prononcée sans la présence de quatre témoins oculaires de confiance témoignant avoir vu les deux personnes adultères en pleine action, ou bien lorsque les coupables témoignent contre eux-mêmes par quatre fois et demandent à ce que la sentence soit appliquée (cela permet de se repentir de ce péché ici-bas et de ne pas souffrir des conséquences de cet acte après la mort). Ces mesures sont établies par l'ordre divin et on ne peut y passer outre dans l'islam. Sans ces conditions réunies, il est interdit en islam de décréter une telle sentence, cela limite énormément les cas de lapidation dans le monde musulman. L'enseignement secondaire était interdit aux filles. Mais le régime fermait les yeux sur les écoles privées et clandestines23.Au Pakistan, dans la vallée de Swat, qui a été soumise au TNSM en 2008, les hommes s'opposant à certaines règles étaient décapités, et à Mingora, les corps devaient reposer sur la place principale afin d'être visibles de tous24.
Les talibans après 2001
Articles détaillés : Guerre d'Afghanistan et conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan.
Forces talibanes et alliées
Organisation politique
Les forces talibanes sont théoriquement dirigées par le mollah Omar et un conseil de direction nommé Rahbari Shura mis en place en 2003. Ce conseil était, à l'origine, composé de dix hommes : Akhtar Mohammad Osmani, Akhtar Mohammad Mansour, Djalâlouddine Haqqani, Hâfez Aboul Madjid, Saif-ur Mansour et les mollah Dadullah, Mohammad Rasoul, Beradar et Abdorrazzaq Nafez25. Le mollah Omar y dispose également d'un représentant permanent en la personne de Obaidullah Akhund26. Sa position est également renforcée par le fait que les principaux chefs de l'islamisme international le reconnaissent comme chef de leur résistance en Irak et en Afghanistan26. Cependant, dans les faits, le commandement passe par l'envoi d'émissaires, diplomatiques ou militaires, aux différents groupes de guérilla27.Ce conseil de direction voit sa composition évoluer en fonction des pertes (Akhtar Mohammad Osmani, le mollah Dadullah par exemple) et surtout des nouvelles nominations. En effet, il passe de dix à douze membres, puis à dix-huit et enfin trente-trois28. Cette extension montre les besoins d'équilibre et d'organisation face à l'expansion de la guérilla.
En octobre 2006, un second conseil a été mis en place, toujours par le mollah Omar. Il se nomme Majlis al-Shura et se compose de treize membres, tous déjà présents dans le Rabhari Shura. Les attributions de ce conseil sont cependant encore mal connues28.
La dernière structure de direction mise en place par la guérilla talibane est un gouvernement "de l'ombre" dont les pouvoirs sont aussi peu connus28. Il semblerait que Haji Obeidullah y joue le rôle de ministre de la Défense et que le mollah Abdul Ali y soit ministre des questions religieuses28.
Depuis 2005, les talibans ont aussi multiplié les contacts avec les seigneurs de guerre afghans et ont noué une alliance contre le gouvernement Karzaï avec deux importants groupes, hostiles l'un vis-à-vis de l'autre, mais en lutte contre les Américains et le nouveau gouvernement. Ces groupes sont le Hezb-e-Islami de Hekmatyar et le groupe ultraorthodoxe dirigé par Mohammed Younès Khalid26.
Organisation militaire
À la fin de l'année 2008, les forces de la guérilla sont organisées selon trois grands fronts actifs se recouvrant partiellement et disposant de bases arrières au Pakistan29 :- Front Nord recouvrant les provinces du Nourestân, de Kounar, de Nangarhâr, de Laghmân et une partie de celle de Kâpîssâ. Les mouvements présents sont le Hezb-e-Islami Gulbuddin, le Hezb-e-Islami Khalis, le Tehrik-e-Taliban Pakistan et Al-Qaïda29.
- Front Central recouvrant également les provinces de Kunar et de Nangharar mais s'étendant aussi aux provinces de Khost, de Paktika et de Paktia. Les mouvements présents sont les forces de Haqqani et Al-Qaïda29.
- Front Sud, le plus étendu, est mené par les talibans et Al-Qaïda. Il recouvre les provinces du sud (Nimroz, Helmand, Kandahar, Zaboul et d'Ourouzgan), de l'est (Nouristan, Laghman et Nangharar) et la région de Kaboul (Parwan, Kapissa, Logar, Ghazny et Wardak)29.
- À 50 km au sud d'Hérat29.
- Autour de Maymana29.
- Autour de Mazar-e-Charif29.
- Autour de Baghlan29.
- Autour de Faizabad29.
Sur le terrain, les groupes de la guérilla comprennent généralement de cinq à cinquante hommes31. Les commandants de ces unités peuvent recruter des combattants locaux non membres d'un autre groupe32. Cette dernière règle permettant d'éviter les frictions entre groupes et l'émergence de grands groupes semi-autonomes dont le chef pourrait s'ériger en seigneur de guerre32. Les communications sont assurés par des messagers32. Les téléphones satellitaires ont été utilisés en début de conflit mais ont été rapidement abandonnés vu la maitrise américaine en matière d'écoute32. Depuis 2001, les talibans auraient perdu près de 50 000 hommes.
Évolutions du programme politique des talibans
Depuis leur défaite de 2001, le mouvement taliban a dû reconsidérer une large partie de ses orientations politiques. Ces évolutions sont principalement imposées par les contraintes de la guerre contre la Coalition et le gouvernement central qu'elle soutient. Cependant, des évolutions notables sont à signaler autant l'échelle du pays qu'à celle de la vie quotidienne des habitants.Les talibans ont notamment revu leur position concernant la culture du pavot dont ils sont devenus défenseurs33. Ils protègent aussi désormais la vie rurale33.
Les autres évolutions les plus spectaculaires affectent la vie quotidienne et les restrictions imposées lorsque les talibans étaient maîtres de Kaboul (1996-2001). Ainsi, lors de la prise de Musa Qala de 2006 à 2007, la guérilla talibane a renoncé au port obligatoire de la barbe, à l'interdiction de la musique et à celle du cinéma33. Le cinéma et la musique, longtemps considérés comme idolâtres, sont désormais très largement utilisés par tout le mouvement, notamment dans ses films de propagande ou d'instruction33.
Chronologie
- 16 juillet 2004 : une roquette tombe près d’un collège visité quelques minutes plus tard par le président Hamid Karzaï. Les talibans revendiquent l'attentat.
- 29 août 2004 : attentat à la voiture piégée, à Kaboul, faisant au moins 12 morts et une trentaine de blessés. Les talibans visaient l'entreprise de sécurité américaine DynCorp, qui s’occupe de la protection du président afghan Hamid Karzaï.
- 9 juillet 2005 : six policiers sont décapités et quatre autres sont tués dans le sud du pays par des rebelles talibans. D'après les autorités afghanes, il y aurait eu 500 morts dans le premier semestre 2005 à cause d'attaques et d'attentats dans le pays.
- 13 mai 2007 : confirmation par l'OTAN de la mort du mollah Dadullah. Ceci est considéré comme un coup dur porté aux talibans.
- Décembre 2007 : le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) est fondé en agrégeant une quarantaine de factions basées dans le nord-ouest du Pakistan et devient la principale mouvance des talibans pakistanais.
- 27 avril 2008 : tir de roquette sur la tribune du président Hamid Karzaï lors d'un défilé militaire. Le président s'en sort indemne.
- 18 août 2008 : une embuscade des talibans contre une patrouille des forces françaises de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) fait 10 morts et 21 blessés.
- 30 mai 2009 : l'armée pakistanaise reprend la ville de Mingora dans la vallée de Swat qui était sous le régime des talibans.
- 17 octobre 2009 : l'armée pakistanaise lance la deuxième phase de son opération Rah-e-Nijat, qui consiste en une offensive terrestre dans le Waziristan du Sud ayant pour but de démanteler les fiefs du Tehrik-e-Taliban Pakistan.
- Février 2010 : Abdul Ghani Baradar, considéré comme le no 2 des talibans afghans, est arrêté au Pakistan lors d'une opération conjointe de la CIA et de l'ISI.
- 23 mars 2010 : l'armée pakistanaise lance une offensive dans l'agence d'Orakzai (dans les régions tribales) contre le TTP surtout.
Depuis août 2006, les actions violentes des talibans ont redoublé au sud du pays (ville de Kandahar et sa région), entraînant, en réponse, de vastes opérations de l'Armée nationale afghane et des contingents de l'OTAN pour les contrer.
Les talibans pakistanais
Articles détaillés : Conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan et Tehrik-e-Taliban Pakistan.
Les Zones tribales pachtounes du Pakistan,
qui servaient depuis longtemps de base arrière aux talibans afghans,
ont vu émerger des mouvements islamistes pakistanais dont le Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-e-Mohammadi (TNSM) et le Mouvement des talibans du Pakistan (le Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP). Le TNSM a occupé la vallée de Swat d'où l'armée pakistanaise s'efforce de le déloger depuis mai 2009. L'armée a ensuite attaqué le TTP au Waziristan du Sud. Ces deux dernières opérations militaires constituent un tournant dans la stratégie du gouvernement pakistanais.Le chef du TTP, Baitullah Mehsud, mort lors d'une frappe aérienne américaine le 5 août 2009, a été remplacé par Hakimullah Mehsud depuis le 24 août 2009.
Les talibans ont édicté depuis 1996 de nombreuses règles de conduite
auxquelles doit impérativement se soumettre la population, en particulier la population féminine. La stricte application de
ces règles est surveillée par les agents du tout-puissant Ministère de la Répression du Vice et de la Propagation de
la Vertu. Voici quelques-unes de ces règles:
- Interdiction faite aux femmes de travailler en dehors de chez elles (quelques rares exceptions dans le secteur médical).
- Interdiction faite aux médecins ou infirmiers hommes de soigner des femmes.
-
Obligation pour les femmes de porter la burka (ou tchadri).
- Interdiction faite aux femmes de se déplacer en taxi sans être accompagnées par un parent de sexe masculin.
- Interdiction faite aux femmes de conduire une voiture (cette mesure vaut également pour les étrangères travaillant auprès d'organisations humanitaires).
- Les petites filles ne sont autorisées à fréquenter l'école que jusqu'à l'âge de 8 ans.
- Stricte séparation des hommes et des femmes dans tous les lieux publics (y compris les cantines des organisations humanitaires).
- Interdiction faite aux hommes de se raser ou de se tailler la barbe; un homme aperçu avec une barbe rasée ou taillée sera emprisonné jusqu'à ce que sa barbe soit touffue.
- Interdiction des cheveux trop longs pour les hommes.
- Interdiction du prosélytisme religieux dès lors qu'il s'agit de religions autres que l'islam.
- Les seuls Afghans non-musulmans autorisés à pratiquer leur religion sont les Hindous et les Sikhs. Les Hindous sont tenus de porter comme signe distinctif un morceau de tissu jaune sur leurs vêtements. Les Sikhs, reconnaissables à leur turban, en sont dispensés.
- Les prières communes aux heures définies sont obligatoires pour tous. Tout homme adulte rencontré dans un lieu public à ces heures-là est passible d'emprisonnement.
- Interdiction de la télévision, de la musique, des cassettes audio et vidéo, de la peinture, du dessin, de la photographie, des cinémas et - bien entendu - de l'Internet. (La radio n'est pas interdite, mais les rares stations existantes ne diffusent que des programmes religieux entrecoupés de nouvelles. Il n'y a en tout et pour tout que 160.000 postes récepteurs dans tout le pays.)
- Interdiction du jeu d'échecs (détourne les gens de la prière).
- Interdiction des jeux traditionnels (y compris les cerfs-volants et les poupées pour enfants).
- Interdiction des compétitions sportives.
- Interdiction des costumes occidentaux et des chaussettes blanches.
- Interdiction des tambourins, des danses et des chants dans les mariages.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la grande majorité de la population afghane, rurale et analphabète, a toujours
appliqué ces règles et n'y voit aucune contrainte nouvelle. Il en va autrement des couches sociales urbaines, plus instruites
et sensibles aux influences extérieures. Elles rejettent ces préceptes médiévaux et les sanctions arbitraires et barbares
qui les accompagnent (châtiment corporel, mutilation, exécution publique).
A qui les talibans doivent-ils leur accession au pouvoir ?
Sans l'intervention massive des Saoudiens, il n'y aurait probablement pas de talibans. On sait que les règles qui régissent le système absolutiste et intégriste de Riyadh sont en grande partie aussi barbares qu'à Kaboul. Mais personne ne s'en offusque, car l'Arabie est le pays des pétro-dollars. Une partie de cet argent sert à financer l'expansion idéologique et religieuse du wahhabisme sunnite dont se réclament les despotes saoudiens. En implantant dans le monde musulman des écoles coraniques de leur obédience, ils espèrent repousser l'influence de leurs concurrents chiites iraniens. Ce phénomène est à la fois confessionnel et politique. Il contribue à déstabiliser des régions entières et ouvre la porte au fanatisme religieux qui constitue souvent la base du terrorisme (artisanal).
Mais les talibans ne sont pas apparus par la seule volonté des Saoudiens. L'intervention occulte des USA en Afghanistan depuis 1978 y a elle aussi contribué. Après la défaite des Soviétiques en 1989, les Américains ont eu la surprise de voir que le conflit continuait, opposant dans une interminable guerre civile des groupes divers aux intérêts obscurs et changeants, engagés dans des alliances mouvantes et éphémères. Bref, une situation incompréhensible et inextricable, un financement aussi coûteux qu'inutile d'une multitude de warlords dignes de la Guerre de Trente ans.
Au bout de quelques années, cependant, un des groupes antagonistes, les talibans, émerge et semble se distinguer du reste. Aussi fanatique, sans doute, mais guidé davantage par le purisme religieux que par l'appât du gain, les talibans réussissent à conquérir la capitale et la presque-totalité de l'Afghanistan. Ils deviennent donc le partenaire privilégié des Etats-Unis qui voient en eux un facteur de stabilité: plus de morcèlement territorial, plus de contrôles arbitraires sur les routes, plus de brigandage pratiqué par des bandes armées. En somme, un retour à la normale permettant enfin de gagner de l'argent.
Le nord du pays abrite justement des gisements de pétrole, dont l'exploitation n'est possible que dans un cadre politique sûr. En outre, la compagnie pétrolière américaine Unocal est très intéressée par la construction d'un oléoduc-gazoduc traversant l'Afghanistan de bout en bout afin d'acheminer pétrole et gaz naturel du Turkménistan au Pakistan, en contournant l'Iran, toujours sous le coup de l'embargo US - carte. Ce projet d'une valeur de 4 milliards de dollars n'est réalisable que si la guerre civile cesse dans cette région du pays. En finançant les talibans (100 millions de dollars par an), Unocal compte garantir la sécurité du pipeline qui rapporterait, à terme, quelques 2 milliards annuels. L'enjeu est donc considérable. Dans ces conditions, que pèsent quelques ridicules violations des droits de l'homme - et de la femme ?
Finalement, le projet échoue. Les talibans s'avèrent moins efficaces que prévu, d'autant que leurs adversaires reçoivent eux aussi de multiples soutiens extérieurs. Et puis, il y a l'affaire Ben Laden. Toujours est-il que les Américains, fin 2001, ne misent plus sur les talibans - provisoirement sans doute car on parle déjà d'inclure les plus "modérés" d'entre eux dans un futur gouvernement de coalition.
En fait, l'enjeu stratégique est plus vaste: on sait que l'Asie centrale et la région de la Caspienne regorgent de pétrole...
A qui les talibans doivent-ils leur accession au pouvoir ?
Sans l'intervention massive des Saoudiens, il n'y aurait probablement pas de talibans. On sait que les règles qui régissent le système absolutiste et intégriste de Riyadh sont en grande partie aussi barbares qu'à Kaboul. Mais personne ne s'en offusque, car l'Arabie est le pays des pétro-dollars. Une partie de cet argent sert à financer l'expansion idéologique et religieuse du wahhabisme sunnite dont se réclament les despotes saoudiens. En implantant dans le monde musulman des écoles coraniques de leur obédience, ils espèrent repousser l'influence de leurs concurrents chiites iraniens. Ce phénomène est à la fois confessionnel et politique. Il contribue à déstabiliser des régions entières et ouvre la porte au fanatisme religieux qui constitue souvent la base du terrorisme (artisanal).
Mais les talibans ne sont pas apparus par la seule volonté des Saoudiens. L'intervention occulte des USA en Afghanistan depuis 1978 y a elle aussi contribué. Après la défaite des Soviétiques en 1989, les Américains ont eu la surprise de voir que le conflit continuait, opposant dans une interminable guerre civile des groupes divers aux intérêts obscurs et changeants, engagés dans des alliances mouvantes et éphémères. Bref, une situation incompréhensible et inextricable, un financement aussi coûteux qu'inutile d'une multitude de warlords dignes de la Guerre de Trente ans.
Au bout de quelques années, cependant, un des groupes antagonistes, les talibans, émerge et semble se distinguer du reste. Aussi fanatique, sans doute, mais guidé davantage par le purisme religieux que par l'appât du gain, les talibans réussissent à conquérir la capitale et la presque-totalité de l'Afghanistan. Ils deviennent donc le partenaire privilégié des Etats-Unis qui voient en eux un facteur de stabilité: plus de morcèlement territorial, plus de contrôles arbitraires sur les routes, plus de brigandage pratiqué par des bandes armées. En somme, un retour à la normale permettant enfin de gagner de l'argent.
Le nord du pays abrite justement des gisements de pétrole, dont l'exploitation n'est possible que dans un cadre politique sûr. En outre, la compagnie pétrolière américaine Unocal est très intéressée par la construction d'un oléoduc-gazoduc traversant l'Afghanistan de bout en bout afin d'acheminer pétrole et gaz naturel du Turkménistan au Pakistan, en contournant l'Iran, toujours sous le coup de l'embargo US - carte. Ce projet d'une valeur de 4 milliards de dollars n'est réalisable que si la guerre civile cesse dans cette région du pays. En finançant les talibans (100 millions de dollars par an), Unocal compte garantir la sécurité du pipeline qui rapporterait, à terme, quelques 2 milliards annuels. L'enjeu est donc considérable. Dans ces conditions, que pèsent quelques ridicules violations des droits de l'homme - et de la femme ?
Finalement, le projet échoue. Les talibans s'avèrent moins efficaces que prévu, d'autant que leurs adversaires reçoivent eux aussi de multiples soutiens extérieurs. Et puis, il y a l'affaire Ben Laden. Toujours est-il que les Américains, fin 2001, ne misent plus sur les talibans - provisoirement sans doute car on parle déjà d'inclure les plus "modérés" d'entre eux dans un futur gouvernement de coalition.
En fait, l'enjeu stratégique est plus vaste: on sait que l'Asie centrale et la région de la Caspienne regorgent de pétrole...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.