CFDT Cadres |
20 Dec. 2011 par Laurent Mahieu
Quand le télétravail avance par la négociation dans les entreprises.
L’Observatoire
sur la responsabilité sociale des entreprises (Orse) vient de rendre
public un « état des lieux des pratiques de négociation sur le
télétravail dans les entreprises en France – outil d’aide à la
négociation » auquel la CFDT Cadres a contribué.
La réalité du télétravail négocié
L’Orse
s’est appuyé sur 35 accords signés dans les entreprises pour réaliser
cet outil pratique en 19 entrées thématiques complétées par 10 fiches
annexes. Chaque entrée est illustrée par plusieurs extraits d’accords
signés. C’est la traduction concrète de l’accord national signé en 2005
par les partenaires sociaux et étendu en 2006 par le ministère en charge
du travail.
Cet outil illustre le
travail réel de négociation et d’invention des syndicalistes et DRH,
négociation dont le caractère volontaire à souligner dans une période où
les négociations obligatoires se sont imposées en grand nombre (stress,
séniors, égalité professionnelle, pénibilité).
Avec notre partenaire Obergo et
les fédérations professionnelles CFDT, nous poursuivons notre recueil
des accords et chartes, accords signés par la CFDT ou non signés comme
récemment chez GFI. Dans un certain nombre de cas, le télétravail n’est
pas le cœur de l’accord mais un outil au service de la GPEC, de
l’égalité pro, de l’insertion des personnes en situation de handicap,
d’un plan de déplacement d’entreprise, de la prévention des risques
psychosociaux… Ces différentes entrées traduisent bien le lien entre
télétravail et RSE.
Une autre réalité
du télétravail serait de pouvoir recenser et analyser les avenants au
contrat de travail signés dans le cadre de la mise en œuvre du
télétravail qu’elle soit personnelle (sans accord d’entreprise) ou
collective (avec accord) car les deux voies co-existent.
Rappelons
que tout salarié peut demander à son employeur la mise en œuvre de
l’accord national sur le télétravail (sous réserve de travailler dans
les entreprises du secteur privé).
De la téléréalité à la réalité du travail des télétravailleurs
Les
accords ne disent pas la vie de travail des télétravailleurs. Pour la
CFDT Cadres il est indispensable d’y voir plus clair sur la face «
cachée » ou « grise » du télétravail afin d’enrichir le suivi de la mise
en œuvre des accords quand ils existent sans se contenter des bilans
chiffrés qui n’expriment pas la qualité de vie des télétravailleurs.
Pour cela il importe de questionner le quotidien des télétravailleurs
officiels comme des télétravailleurs officieux ou des télétravailleurs
par convenance personnelle ou pour cause de débordement. C’est ce que
propose la CFDT Cadres au travers de ses enquêtes ou celles de ses
partenaires. Les résultats de l’enquête Obergo comme celle du projet
WITE 2.0 sont très attendus.
Soulignons
qu’un angle mort des travaux porte sur la qualité des relations de
travail avec les télétravailleurs du point de vue des managers et des
non télétravailleurs.
Il est
regrettable qu’en Île-de-France, le Medef ait finalement refusé que
l’Observatoire régional de la santé au travail se penche sur la question
du télétravail.
C’est par cette
exigence d’attention au télétravail réel que l’on évitera les
désillusions et que la qualité de l’organisation du travail pour tous
progressera pour tous.
Des illusions du télétravail à l’expérimentation
Lors
du dernier Bureau national de la CFDT Cadres, les membres ont tenu a
souligné quelques menaces qui entravent un développement raisonné du
télétravail :
- Vouloir utiliser le télétravail comme la solution miracle pour le travail des personnes handicapées au risque d’une plus grande exclusion,
- Vouloir faire du télétravail à domicile LA solution aux problèmes d’articulation entre vie professionnelle et vie familiale sans se pencher sérieusement sur les conditions réelles du télétravail au domicile,
- Vouloir faire du télétravail un outil au service aux petits arrangements locaux, individuels et de gré à gré entre managers et managés (partant en général d’une bonne intention réciproque) au détriment d’une approche maitrisée des risques et de la performance des collectifs,
- Sous prétexte d’une joignabilité / accessibilité permanente rendue possible par la technologie, faire monter l’exigence de disponibilité de façon excessive au risque de l’addiction et du burn out,
- Sous couvert d’ouvrir au maximum le parapluie de la responsabilité, développer des questionnaires de plus en plus intrusifs sur la vie privée en amont de l'acceptation d'une demande de télétravail.
Mais
le télétravail est aussi apparu comme un levier à soutenir dans le
cadre de multiples négociations évoquées plus haut, compte tenu de son
impact possible dans l’amélioration intégrante de l’organisation du
travail (de l’usage modéré de la messagerie à la gestion des situations
de crise sanitaire, environnementale ou sociale, en passant par une
appropriation réelle, généralisée et maitrisée des outils collaboratifs)
comme de son impact sur l’organisation de la vie en société par un
usage moindre des transports urbains usants, pour un développement des
socialisations locales.
L’innovation
professionnelle et sociale contenue en germe dans les accords
télétravail signés, la satisfaction des télétravailleurs volontaires,
bien accompagnés et bien intégrés, laissent augurer de possibles
prolongements par le biais d’expérimentations négociées dans d'autres
entreprises et en dehors, comme celles qui pourraient voir le jour dès
2012 dans le domaine des télécentres et autres espaces de co-working.
Grande enquête publique sur le travail à distance
Participez à l'enquête Wite 2.0 en décrivant les réalités de l’exercice de votre métier en partageant vos préoccupations sur le monde du travail.
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