vendredi 20 janvier 2012

Mammon

Mammon, mot d'origine araméenne, signifiant « riche ». Néanmoins son étymologie est obscure. Certains le rapprochent de l'hébreu matmon, signifiant trésor, argent.

D'autres le rapprochent du phénicien mommon signifiant bénéfice.

Dans le Talmud, ainsi que dans le Nouveau Testament, le mot « Mammon » signifie « possession » (matérielle), mais il est parfois personnifié.

« Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l'un et aimera l'autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon. (Matthieu 6:24). »

C'est une pratique courante chez les Kabbalistes de donner à un ange, le nom de sa fonction. Ainsi l'ange/démon Mammon a été créé depuis ce contexte biblique. Mammon est l'ange de la richesse et le démon de l'avarice.

Sainte Françoise Romaine (1384-1440) présente Mammon comme étant un des trois princes des Enfers, soumis à Lucifer uniquement. Il préside aux divers péchés que fait commettre l'amour de l'argent.

Jacques Ellul, quant à lui, écrit dans La subversion du christianisme que Mammon est une partie de Satan, une de ses caractéristiques, un moyen de le définir. Il y consacre d'ailleurs toute une partie de son ouvrage.

Dans son ouvrage L'Unique et sa propriété, le philosophe allemand Max Stirner associe Mammon à une divinité illusoire à laquelle sacrifieraient les impies, par opposition avec le Dieu des croyants pieux.

Mot appartenant à la langue juive et judéo-chrétienne, mammon est la transcription européenne, hébraïque ou araméenne du mot grec mamônas, probablement dérivé de la racine hébraïque amên (ce qui est fidèle, sûr). Dans l'Ancien Testament, on ne le rencontre que dans l'Ecclésiastique (xxxi, 8). On trouve mammon à Qumrân, en hébreu, dans la Règle de la communauté (vi, 2) et dans l'Écrit de Damas (xiv, 20), où il désigne l'argent. Dans le Nouveau Testament, il apparaît en Matthieu (vi, 24) et en Luc (xvi, 9, 11 et 13). Dans le judaïsme tardif, en hébreu mishnaïque ou en araméen targumique, mammon désigne la richesse ou le gain, souvent mal acquis. Il apparaît dans le Talmud de Babylone et dans les targums, où il a le sens de profit ou d'argent. Dans le targum palestinien du Pentateuque, il sert à rendre (Genèse, xxxiv, 23) le mot original, hébraïque, « bétail » (la richesse du fermier). On le trouve fréquemment dans le Talmud de Palestine. On le rencontre aussi dans la littérature apocalyptique, notamment dans l'Énoch éthiopien, où il signifie les sécurités illusoires de ce monde.

Dans l'Évangile de Matthieu (vi, 24, « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon »), le terme est, dans la bouche de Jésus, presque personnifié et identifié à une puissance démoniaque.

Crise financière et émeutes anglaises : peut-on juguler Mammon ?

On ne peut qu’être frappé par la coïncidence. En plein affolement des marchés internationaux, les émeutes des grandes villes anglaises tournant à la razzia sur les magasins viennent souligner, à l’autre bout de l’échelle sociale, la violence et l’irrationnel qui s’attachent à l’argent lorsqu’il n’a plus de règles.

La finance internationale semble n’avoir tiré aucune leçon de la crise de 2008. Et les États ? Il est bien injuste de voir la France, qui fait des efforts douloureux pour réduire ses déficits, attaquée sans vergogne par des rumeurs sans fondement. Mais le modèle de croissance, chez nous comme ailleurs, n’a pas substantiellement changé. La surconsommation des pays développés n’est remise en cause nulle part. On apprenait la semaine dernière que le Canada déployait des troupes dans l’Arctique pour faire comprendre à la Russie que le Grand Nord, nouvelle terre promise des sociétés pétrolières (tous risques écologiques minimisés), lui appartenait d’abord.

Partout, la crise des dettes souveraines des États suscite la volonté de « rassurer les marchés », pas de les brider. Comme si la logique impériale de Mammon était la seule digne. Comme s’il n’y avait pas, derrière tout cela, des êtres de chair et de sang qui ont peut-être autre chose à faire sur terre que de consommer comme des brutes ! À quand une régulation politique des marchés au nom du bien commun ? À quand la volonté politique d’orienter la production économique vers les biens nécessaires et le partage avec les plus démunis, en lieu et place de cette course folle et anxiogène au superflu ?


Même le cynisme des marchés s’appuie sur la confiance, donc sur la vérité

On parle beaucoup de « règle d’or » pour limiter les déficits. Mais on oublie la « règle d’or du juste milieu », cette aurea mediocritas des Anciens que le christianisme a sublimée en vertu de tempérance. Maîtrise de soi et de ses pulsions, considération d’autrui, capacité à s’amender en cas de débordement quoi qu’il en coûte à ses intérêts…

Sans morale et sans vérité, il n’y a pas de « règle d’or » financière qui tienne. L’homme est un être moral, même le cynisme des marchés s’appuie sur la confiance et donc au bout du compte sur la vérité.

L’irruption de la Chine, puissance émergente, créancière des États-Unis et leur faisant la leçon sans ménagement, illustre le caractère incontournable du principe de réalité. Mais, la Chine étant loup parmi les loups, il reste la meute. C’est elle qu’il faut dompter.

Personne ne semble pouvoir échapper à Mammon. Son empire devient de plus en plus puissant, au point qu'il cherche à rivaliser avec le royaume de Dieu. En effet, les crises finacières actuelles ne font que susciter la soif effrénée de l’argent et augmenter les soucis des hommes. Jésus a dit "Nul ne peut servir deux Maîtres, car il haïra l'un et aimera l'autre ; ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon". Dans ce contexte, Mammon est considéré comme un Maître et plus encore comme un dieu despote qui tyrannise l'espèce humaine. L'apôtre Paul l'a souligné dans sa première lettre à Timothée (6/9-10) : "L'amour de l'argent est une racine de tous les maux". Quoi faire donc ? Eviterons-nous de toucher l'argent dans une telle société matérialiste ? Pouvons-nous vivre comme les moines des temps passés ou bien pouvons-nous avoir le courage d'utiliser l'argent sans en être son esclave ?

"Mammon" : mot araméen qui signifie richesse. Ici personnifiée comme une divinité opposée au Dieu créateur.

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