mardi 1 janvier 2013

Etudiante violée en Inde : la victime parle, les manifestations interdites

Depuis une semaine, des milliers de personnes protestent en Inde contre le viol collectif d'une étudiante il y a une semaine.

La police indienne a interdit, dimanche 23 octobre, les manifestations au centre de New Delhi de milliers de personnes protestant contre le viol collectif subi par une jeune étudiante, enfin en état, une semaine après les faits, de livrer son récit aux forces de l'ordre.

La victime, une étudiante kinésithérapeute de 23 ans, a été violée à bord d'un autobus par six hommes dimanche dernier, avant d'être battue à coups de barre de fer, ce qui a provoqué de graves blessures intestinales. Elle a ensuite été jetée du bus, avec le jeune homme qui l'accompagnait. Hospitalisée en soins intensifs, la jeune femme commençait ce week-end à aller mieux, selon les autorités de l'hôpital. Elle a livré son récit aux enquêteurs, pour la première fois samedi.
"Les six hommes m'ont tous violée tour à tour", a-t-elle déclaré à la police, selon le Hindustan Times de dimanche. "Ils nous ont jetés (du bus) sur le bord de la route, et je me suis évanouie". Ses déclarations correspondent aux renseignements donnés par son compagnon. Les six attaquants présumés ont tous été arrêtés et mis en prison.
Selon la police, les six hommes étaient saouls au moment des faits. Ils avaient pris place dans un bus hors service et ont pris en charge le couple, qui rentrait d'une soirée au cinéma et pensait monter dans un bus public.

MANIFESTATIONS INTERDITES
Cette affaire a provoqué une vague d'indignation dans le pays, où les victimes de viols et d'agressions sexuelles peinent souvent à obtenir justice. Des milliers de personnes, dont beaucoup d'étudiants, ont manifesté ces jours derniers, réclamant une plus grande sécurité pour les femmes et une meilleure prise en compte par la police et la justice des plaintes pour viol ou agression sexuelle.
Dimanche, la police a interdit les manifestations au centre de New Delhi, dans les zones proches du parlement, du palais présidentiel et des grands monuments de la capitale, après des échauffourées la veille entre les protestataires et les forces de l'ordre. Des milliers de personnes s'étaient rassemblées près de la Porte de l'Inde, monument emblématique de New Delhi.
Un groupe a campé dans la nuit de samedi à dimanche devant la résidence de Sonia Gandhi, la dirigeante du parti du Congrès, au pouvoir. "Je suis avec vous (...) et justice sera rendue", a-t-elle déclaré aux manifestants devant sa porte, peu après minuit, a rapporté l'agence Press Trust of India. La semaine dernière, le premier ministre Manmohan Singh avait évoqué "un crime odieux, bouleversant".

LA PEINE DE MORT "DEVRA ÊTRE DISCUTÉE"
Dimanche, dans une affaire distincte, un journaliste de 36 ans a été tué par balle à Imphal (nord-est), lors d'une manifestation de soutien à une actrice victime de violences sexuelles, alors que la police avait ouvert le feu. L'actrice, Momoko, avait été poussée hors de la scène par un homme armé qui avait ensuite tenté de la violer, malgré la présence de personnes chargées de la sécurité. Elle s'était débattue et était parvenue à s'enfuir.
A New Delhi, certains réclament la peine de mort pour les violeurs. Le gouvernement, confronté à la colère de la population, étudiera la possibilité d'un châtiment plus sévère dans les affaires exceptionnelles de viol, avait déclaré samedi le ministre de l'intérieur Sushil Kumar Shinde, faisant allusion à la peine capitale. L'emprisonnement à vie est actuellement la peine maximale encourue par les violeurs, mais la peine de mort "devra être discutée en détail", avait-il indiqué. La peine de mort est rare en Inde et n'a été appliquée que deux fois depuis 2004 : un homme qui avait violé et tué une écolière, et le seul tireur survivant des attentats de Bombay de novembre 2008.
En Inde, société dominée par les hommes où les agressions en ville sont fréquentes, de plus en plus de voix s'élèvent pour que les pouvoirs publics mettent un terme à l'idée selon laquelle les femmes violées sont responsables. Les associations de défense des droits des femmes estiment que la misogynie continue de régner en maître et que le pays tarde à prendre la mesure de l'ampleur des agressions et viols, dont le nombre a plus que doublé entre 1990 et 2008.

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