mardi 1 janvier 2013

Mali : des islamistes détruisent les derniers mausolées de Tombouctou

Les islamistes qui occupent le nord du Mali ont à nouveau détruit, dimanche 23 décembre, des mausolées de Tombouctou, en promettant de les anéantir tous. Après des amputations à Gao la semaine dernière, ces exactions sonnent comme un pied de nez au feu vert de l'ONU à l'envoi d'une force armée internationale pour les combattre.

"Il ne va pas rester un seul mausolée à Tombouctou, Allah n'aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers", a déclaré Abou Dardar, un responsable d'Ansar Eddine (Défenseurs de l'islam), groupe islamiste armé qui occupe Tombouctou avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d'AQMI à Tombouctou, a de son côté justifié ces destructions en affirmant que tout ce qui ne relève pas de l'islam, "ce n'est pas bien, l'homme doit vénérer seulement Allah".
Les destructions des mausolées de saints musulmans de Tombouctou, ville historique "aux 333 saints", ancien centre cultural et intellectuel d'Afrique classé patrimoine mondial en péril, a été confirmée par des habitants. "Actuellement, les islamistes sont en train de briser tous les mausolées des quartiers avec des pioches", a confirmé l'un d'eux. "J'ai vu les islamistes descendre d'une voiture près de la grande mosquée de Tombouctou. Derrière une maison, ils ont cassé un mausolée en criant Allah est grand, Allah est grand", a affirmé un autre témoin.
L'ONU VEUT DÉPLOYER D'UNE FORCE INTERNATIONALE
Outre les cimetières et les mosquées, plusieurs ruelles et des habitations privées de la ville abritent également des mausolées, vénérés par la population. En juillet et en octobre, les islamistes d'Ansar Eddine et d'AQMI, qui considèrent la vénération des saints comme "de l'idolâtrie", avaient suscité un tollé général en détruisant des mausolées en terre dans l'enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine mondial en péril.
Ils avaient récidivé en détruisant d'autres mausolées en octobre, à la veille d'une réunion internationale à Bamako sur l'envoi d'une force armée au Mali pour les chasser du nord du pays. Voilà six mois qu'ils occupent totalement cette zone, avec un autre groupe islamiste, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Cette fois-ci, les destructions ont été commises trois jours après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d'une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, au mieux à partir de septembre 2013. 
LAPIDATIONS ET AMPUTATIONS
Vendredi, les islamistes du Mujao qui occupent Gao, au Nord-Est, y ont amputé la main de deux voleurs présumés, promettant "bientôt" de nouvelles amputations. Fin juillet à Aguelhok, des membres d'Ansar Eddine avaient lapidé à mort, en public, un homme et une femme auxquels ils reprochaient d'avoir eu des enfants sans être mariés.
Depuis août, plusieurs autres amputations publiques ont été commises par les islamistes dans différentes localités du nord du Mali, sans compter des centaines de coups de fouet à des couples "illégitimes", des buveurs d'alcool, des fumeurs, et autres "déviants", selon les groupes islamistes, ainsi que l'arrestation de femmes non voilées chez elles.
Lire l'éditorial du MondeLa loi salafiste menace le Sahel
Ansar Eddine, groupe composé essentiellement de Touaregs islamistes, a signé vendredi à Alger un accord avec la rébellion touareg laïque du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui avait lancé l'offensive dans le Nord en janvier avant d'en être chassé par les islamistes. Les deux groupes se sont engagés à cesser les hostilités dans le nord du Mali et à négocier une solution politique avec Bamako. Mais Ansar Eddine a réaffirmé qu'il n'entendait pas renoncer à l'application de la charia dans les zones sous son contrôle.

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