Une zone cérébrale qui pourrait jouer un rôle dans l'apparition de comportements malhonnêtes et frauduleux vient d'être identifiée.
Sébastien Bohler
L'auteur
Sébastien Bohler est journaliste à Cerveau & Psycho.
Du même auteur
- Les devinettes stimulent l'apprentissage
- Manger à plusieurs, c'est bien meilleur !
- Donner sans retour, un geste paradoxal
- L'effet Federer : la force du mimétisme
- Actualités
- Manger à plusieurs, c'est bien meilleur !
- Donner sans retour, un geste paradoxal
- L'effet Federer : la force du mimétisme
- Actualités
Pourquoi payons-nous nos impôts ? Certains personnages s’en dispensant au plus haut de l’État,
pourquoi n’en ferions-nous pas autant ? Tout simplement, parce qu’il
semblerait que nous soyons – quasiment tous – câblés pour être honnêtes.
Une équipe de chercheurs américains vient de découvrir
que les comportements honnêtes sont en partie contrôlés par une zone
cérébrale située à l’avant de la tempe, et nommée cortex préfrontal
ventromédian. Si cette zone est endommagée ou détruite, des
comportements de triche, de fraude et de mensonge se développent.
Des lésions pas très claires
L’équipe de l’Université de
Virginie a examiné une trentaine de personnes chez qui cette partie du
cerveau était lésée à cause de chocs ou de ruptures de vaisseaux
sanguins. Ils ont testé leur comportement dans des jeux où il s’agit de
vendre des produits dont certains présentent des défauts ou des vices de
fabrication. Les vendeurs sont mis en présence d’acheteurs potentiels
et l’on observe s’ils précisent ou non que le produit n’est pas parfait.
On constate que la majorité des sujets ne peuvent s’empêcher de dire la
vérité, mais que les patients atteints de cette lésion cérébrale ne
disent rien du défaut du produit.
Voilà donc une partie bien
précise du cerveau sans laquelle nous ne pouvons être honnêtes ! Cette
structure cérébrale est impliquée dans le contrôle des désirs
pulsionnels. Ce résultat suggère donc que l’honnêteté est avant tout une
qualité d’inhibition : inhibition de désirs personnels pour respecter
la règle sociale ou morale.
Cerveaux sans foi ni loi
Pourquoi
certains personnages puissants s’en affranchissent-ils ? Nombre d’entre
eux présentent des niveaux élevés de narcissisme, et l’une des
caractéristiques du narcissisme est la conviction que les règles ne
s’appliquent qu’aux autres. Ce qui fait voler en éclats l’action
inhibitrice du cortex préfrontal ventromédian. Le pouvoir qu’ils
détiennent peut aussi réduire la peur des sanctions, qui est un autre
facteur qui encourage l’inhibition. Respect des règles et peur d’être
pris constituent deux stades du développement moral dits conventionnel
et préconventionnel. Il en reste un troisième, le stade
postconventionnel. Il s’appuie sur des convictions morales larges comme
l’empathie ou le souci du bien. Pour résister aux vicissitudes du
pouvoir, ce stade postconventionnel doit être particulièrement
efficace...
Pour en savoir plus
L. Zhu et al., Damage to dorsolateral prefrontal cortex affects tradeoffs between honesty and self-interest, Nature Neuroscience, août 2014.Ch. André et S. Bohler, Politique et psychiatrie : halte à la « neurodéresponsabilisation » ! Cerveau&Psycho N°66, à paraître.
L'Essentiel Cerveau et Psycho n°18 mai-juillet 2014 La |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.