dimanche 6 novembre 2011

La morale

La morale (du latin moralitas, « façon, caractère, comportement approprié ») désigne l'ensemble des règles ou préceptes relatifs à la conduite, c'est-à-dire à l'action humaine. Ces règles reposent sur la distinction entre des valeurs fondamentales : le juste et l'injuste, ou plus simplement le bien et le mal. C'est d'après ces valeurs que la morale fixe des principes d'action, qu'on appelle les devoirs de l'être humain, vis-à-vis de lui-même ou des autres individus, et qui définissent ce qu'il faut faire et comment agir.

La morale peut renvoyer à l'ensemble des règles de conduite diffuses dans une société et exprimant ses valeurs (politesse, courtoisie, civisme), ou encore à des préceptes énoncés explicitement par une religion ou une doctrine (morale religieuse, philosophie morale, éthique).

Les règles morales peuvent être vues comme de simples habitudes qui ont fini par s'imposer à un groupe social (moeurs, coutumes), c'est-à-dire des façons d'agir culturelles, acquises, apprises et intégrées par les agents (consciemment ou non), et variables selon les communautés et les époques (relatives) ; mais elles sont parfois définies, à l'inverse, comme des règles universelles, indépendantes du lieu et de l'époque, et établies par la raison humaine ou exigées par une certaine représentation de l'être humain en général (universalisme, droits de l'homme).

Les règles morales peuvent se diviser en deux groupes : d'une part, les maximes de la morale personnelle (individuelle), et d'autre part les codes de conduite (ou systèmes de principes) partagés au sein d'une communauté culturelle, religieuse ou civile (collectifs).

Selon l'approche philosophique, le critère définissant une conduite morale (ou ce que signifie « bien agir ») ne sera pas le même. En effet, la valeur morale d'une action (le fait qu'elle soit bonne ou mauvaise) peut être définie soit d'après ses conséquences (conséquentialisme, utilitarisme, pragmatisme), c'est-à-dire selon les effets engendrés par cette action, soit d'après sa conformité à des valeurs (déontologie, [intuitionnisme), c'est-à-dire selon les intentions ou motivations qui la commandent (indépendamment des conséquences).


En français, morale et éthique ont des sens souvent confondus.

Ainsi le Petit Larousse donne les définitions suivantes :

Morale (du latin mores, mœurs) :

  • Ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société,
  • Théorie des fins des actions de l'homme,
  • Précepte, conclusion pratique que l'on veut tirer d'une histoire.

Éthique, Philosophie (du grec ethikos, moral, de éthos mœurs) :

  • Doctrine du bonheur des hommes et des moyens d'accès à cette fin,
  • Ensemble particulier de règles de conduite (syn. morale),
  • Partie théorique de la morale.

Le Petit Robert quant à lui donne :

Morale : science du bien et du mal, des principes de l'action ; théorie de l'action humaine en tant qu'elle est soumise au devoir et a pour but le bien...

Éthique : science de la morale ; ensemble des conceptions morales de quelqu'un ; décrit un comportement.

La morale est généralement rattachée à une tradition idéaliste (de type kantien) qui distingue entre ce qui est et ce qui doit être, alors que l'éthique est liée à une tradition matérialiste (de type spinoziste) qui cherche seulement à améliorer le réel par une attitude raisonnable de recherche du bonheur de tous.

Quant à la déontologie, (gr. deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et logos science), c'est la discipline qui traite des devoirs à remplir, sur un plan professionnel.

La morale peut être individuelle, dans ce cas, il s'agit d'un code d'honneur que l'individu se fixe et qu'il décide d'appliquer ou non1. Cependant, la morale peut être collective, et dans ce cas, elle s'apparente au droit. La morale et le droit travaillent tous deux de manière coordonnée, en ayant pour finalité l'amélioration de la vie en société.

Il existe différentes théories du rapport entre la morale et le droit. Les auteurs ont recours à l'image de deux cercles pour illustrer les rapports de la morale et du droit1. Chez certains, ces deux cercles sont concentriques, car ils considèrent que le droit est entièrement absorbé par la morale. D'autres prétendent que ces cercles sont sécants. Il y aurait alors trois catégories de règles : les règles morales sans dimension juridique, les règles juridiques sans dimension morale, et à l'intersection, les règles morales ayant une application juridique. Enfin, certains avancent l'hypothèse que ces cercles sont strictement séparés. Cependant, cette dernière thèse admet trop d'exceptions pour être valide. On peut donc dire que le droit et la morale ont des domaines d'application distincts, et qu'ils sont séparés, mais ils ont aussi des points de contact : on ne peut par conséquent parler ni de séparation, ni de confusion. Enfin, si la morale peut être le fruit d'une seule personne, et ne s'appliquer qu'à elle, le droit, en revanche, n'apparaît que dans une société1.

Mgr Louis Dicaire affirme qu'il existe une confusion entre morale et religion2. Il estime que la morale possède un caractère davantage personnel, qu'on appelle la conscience. Il pense que la religion, quant à elle, possède un caractère davantage public, puisque, selon une des étymologies probables du mot, elle consiste à « relier » des individus ; « religion » viendrait du latin religere, qui signifie « relier ». Selon lui, le rôle des institutions religieuses est donc d'éclairer les consciences par rapport aux enseignements propres à chaque religion. Selon Louis Dicaire, cette confusion est à l'origine d'une conception fréquemment rencontrée, selon laquelle la religion ne serait qu'une affaire privée.

La morale religieuse est l'ensemble des règles ou des positions que prend la communauté religieuse pour faire avancer les croyants vers un objectif religieux, conformément à leur foi. Elle énonce ainsi divers préceptes d'actions, qui peuvent être relatifs aux rapports avec autrui, à l'emploi du temps, au régime alimentaire ou à des questions plus précises (comme la procréation). Par exemple : manger du poisson le vendredi, jeûner pendant le ramadan, ne pas avorter, respecter le repos dominical, avoir une attitude de non-violence, etc. La morale religieuse peut plus ou moins se rapprocher des lois et commandements édictés dans les textes sacrés.

  • Sur ce socle, s'appuient diverses morales, dont notamment la doctrine des vertus avec ses quatre vertus cardinales (prudence, justice, courage et tempérance).
  • La distinction morale-éthique fait débat, dans la mesure où morale est le mot latin et éthique le mot grec (voir ci-dessus). Les grandes morales ou éthiques chrétiennes contemporaines en France sont portées par le philosophe Paul Ricoeur ou le théologien Paul Valadier. Le philosophe René Simon s'est fait le spécialiste d'une morale chrétienne de la responsabilité.
  • À l'étranger, on remarquera le grand renouveau de la morale chrétienne, notamment aux USA et dans les pays germaniques. Par exemple, le théologien moraliste Reinhold Niebuhr est un des inspirateurs intellectuels de Barack Obama.

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