vendredi 13 janvier 2012

Etre un manager responsable

Dans un monde en perpétuelle évolution, les entreprises pérennes de demain seront celles qui auront développé un « management responsable », prenant en compte, en plus des aspects économiques et environnementaux, la véritable richesse de l’entreprise : les femmes et les hommes qui la composent.

Quand nous parlons de management, de quel management parlons-nous ? Il est en réalité possible de distinguer trois niveaux de management :

1. Le manager de proximité qui encadre une équipe de collaborateurs non managers.

2. Le manager de managers qui encadre une équipe de collaborateurs managers, que ceux-ci soient managers opérationnels ou managers de managers. Ce manager peut être directeur d’une unité opérationnelle

3. Le niveau directeur, du directeur général, du P.-D.G., nommés par le conseil d’administration, ou le gérant dirigeant de son entreprise.

Nous voyons dans ces trois types de management que l’approche managériale se distingue par le niveau dans lequel se trouve le manager dans l’entreprise et par ce qui est attendu de lui par l’organisation.

Encore confidentielle il y a quelques années, la question du management responsable est désormais abordée dans différents programmes de formation destinés aux étudiants comme aux salariés. Quel est l’objectif de ces modules ? Comment, ensuite, passer de la théorie à la pratique ?

Le point avec Laurence Harribey, professeur, responsable de la Chaire « Développement durable et responsabilité globale des organisations » à Bordeaux Ecole de Management.


- Qu’est ce qu’un management « responsable » ?

« C’est un management qui prend en compte les profits de l’entreprise, les intérêts des actionnaires et des fournisseurs mais aussi l’impact de cette activité sur l’environnement. Loin d’être déconnecté du marché, ce management a pour but d’adapter les pratiques afin de limiter leurs effets négatifs sur l’environnement ».

- N’est ce pas le rôle de l’Etat ?

« Pendant longtemps cohabitaient deux visions distinctes basées sur un rapport de force : aux entreprises de gérer le développement économique, à l’Etat de faire le reste. Or ce système n’est pas viable car certaines actions sur notre environnement sont irrémédiables et ensuite que, de toutes façons, on fait peser sur la collectivité le coût de ces dégradations. Et nous savons bien que ce que la collectivité paie, elle vous le fera payer un jour… Autrement dit : les entreprises reverseront sous forme de taxes ce que la collectivité a déboursé pour elles. C’est le serpent qui se mord la queue ».

Supprimer un voyage d’affaires par an : un exemple de bonne pratique

- Concrètement, comme peuvent agir les entreprises sans que cela n’influent négativement sur leurs comptes ?

« En faisant rentrer dans ses coûts l’impact social comme les émissions de CO2, le trajet quotidien de 3 heures de votre salarié ou encore la dégradation des routes par votre transporteur routier, on peut mieux adapter son mode de production. Avec, au final, un retour intéressant car on pèse moins sur la collectivité tout en réalisant des économies. Ainsi, certaines entreprises ont demandé à leurs salariés de supprimer un voyage par an et de le remplacer par une visioconférence. La Poste a formé ses postiers à une conduite douce afin de réduire de 6 % la consommation d’essence etc. ».

- Qu’en est-il des financiers, des actionnaires ? Sont-ils aussi réceptifs à vos arguments ?

« Ils ont été difficiles à convaincre mais je les vois arriver de plus en plus. Il faut savoir qu’en France l’épargne salariale se développe beaucoup or ce type d’épargne est sensible à la notation sociale d’une entreprise. Quant aux scandales Enron ou Nike, ils ont prouvé quel impact négatif avait de mauvaises pratiques sur l’image, et donc les bénéfices ».

- Comment former à ce type de pratiques ?

« Il faut bien comprendre que le développement durable est transversal : on acquiert d’abord une spécialité (marketing, ressources humaines, finance…) puis l’on regarde quelles sont les bonnes pratiques à mettre en œuvre dans son métier. On ne devient pas un « ingénieur spécialisé en développement durable ». Nos programmes destinés aux salariés permettent de former en 3 à 4 jours aux bonnes pratiques. Pour être efficaces, elles sont suivies d’un coaching sur site car il s’agit bien de mettre en place un process, et non de s’arrêter à la théorie ».

C.G.

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