D'après le récit de son écuyer, à la fois dedans et à la marge, ni le prisme de la Politique, ni le prisme de la Religion
L'historien Max Gallo a commenté vendredi sur Europe 1 le déplacement de Nicolas Sarkozy à Domrémy-la-Pucelle, dans les Vosges, à l'occasion du 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc. "Jeanne d'Arc appartient à l'histoire nationale", a estimé Max Gallo, lui réfutant toute appartenance à un courant politique.
"Elle a tellement de visages, sa personnalité et son action sont si complexes que chacun peut la revendiquer", a indiqué Max Gallo. "C'est un peu une patriote française", a ajouté l'académicien. Selon lui, Jeanne d'Arc est "l'incarnation de la France dans sa diversité".
"Il ne faut exclure aucun de ces héros qui ont contribué à faire l'histoire de France", a défendu Max Gallo. Et l'historien de conclure : "La France est un pays qui a une histoire si longue, si diverse et si riche qu'on ne peut pas bâtir le présent et le futur si on ne se réfère pas à cette histoire, à ce qu'elle porte et aux héros qu'elle a fait naître".
Nicolas SarkozyNicolas Sarkozy a célébré, vendredi 6 janvier, la mémoire de Jeanne d'Arc, érigée en symbole de la "résistance" de la France dans l'épreuve et de son "unité nationale", en lançant en Lorraine les festivités du 600e anniversaire de sa naissance.
Sitôt accueilli à Domrémy (Vosges), le village natal de la célèbre bergère au son de "en passant par la Lorraine", le président de la République s'est employé à démentir ceux qui l'ont soupçonné de célébrer celle qui a entendu des voix pour en chasser d'autres. "C'est le 600e anniversaire, ce n'est pas tous les jours, a-t-il lâché. Qu'est-ce qu'on aurait dit si je n'étais pas venu ?"
"En tant que chef de l'Etat, je me devais de rendre aujourd'hui, ici, sur sa terre de naissance, cet hommage solennel que la France rend à ceux auxquels elle doit sa liberté et sa grandeur", a déclaré M. Sarkozy lors d'un discours à Vaucouleurs (Meuse), où elle a lancé sa campagne victorieuse contre les Anglais en 1429.
Lire "Jeanne d'Arc, héroïne et patronne"
"JEANNE N'APPARTIENT À AUCUN PARTI"
Tout au long de son discours, le président s'est attaché à décrire une Jeanne d'Arc "oecuménique", une incarnation de "l'unité nationale" et, en pleine crise économique, de la "première résistance française dans les épreuves", au même titre que Victor Hugo, Charles de Gaulle ou Jean Moulin. Dans son évocation, il s'est gardé de trancher entre la Jeanne "sainte" de l'Eglise catholique et la Jeanne "patriote" de la République laïque, même s'il a affirmé qu'elle incarnait "les racines chrétiennes de la France".
"Jeanne n'appartient à aucun parti, à aucune faction, à aucun clan. Jeanne, c'est la France dans ce que la France a de plus singulier et de plus universel, car Jeanne est sans doute la Française la plus connue, la plus respectée, la plus aimée dans le monde entier, a-t-il ajouté. Jeanne, c'est la France dans ce qu'elle a de plus noble et de plus humble."
"DIVISER EN SON NOM, C'EST TRAHIR SA MÉMOIRE"
Surtout, Nicolas Sarkozy a dénoncé, comme il l'avait déjà fait en 2007 entre les deux tours de la présidentielle, le détournement de l'image de Jeanne d'Arc par le FN, qui en a fait le symbole de sa geste anti-immigration et l'honore à Paris chaque 1er mai depuis les années 1980.
"Puissions-nous aussi continuer à penser à elle comme le symbole de notre unité et ne pas la laisser entre les mains de ceux qui voudraient s'en servir pour diviser. Diviser au nom de Jeanne d'Arc, c'est trahir la mémoire de Jeanne d'Arc", a lancé le chef de l'Etat en direction du Front national.
La présidente du FN et candidate à la présidentielle, Marine Le Pen, doit commémorer à son tour samedi à Paris, avec son père Jean-Marie, le souvenir de celle qui a "bouté les Anglais hors de France".
Marine Le Pen
Après Sarkozy à Domrémy, ce sont Marine et Jean-Marie Le Pen qui vont honorer aujourd’hui la mémoire de Jeanne d’Arc, place des Pyramides à Paris. Et le FN célébrera à nouveau le 600e anniversaire de la naissance de la sainte le 1er mai, entre les deux tours de la présidentielle.
Cela fait plus de trente ans que le fondateur du FN organise ce défilé dédié à Jeanne d’Arc.
Le Pen a repris une tradition de l’extrême droite qui remonte à l’Action française de Charles Maurras. Au FN, on considère avec une certaine ironie ce qu’on qualifie de « récupération électorale ». « Jeanne d’Arc appartient à tous les Français, mais je vois bien que Nicolas Sarkozy court après moi », a commenté Marine Le Pen jeudi sur France 2. En ajoutant : « Il fhttp://www.blogger.com/post-edit.g?blogID=7500952662618442710&postID=3166849054972791518&from=pencilaut qu’il sache que j’ai des convictions plus fortes, que j’ai un cœur plus pur et que j’ai des jambes plus longues et, par conséquent, il va avoir beaucoup de mal, je crois, à me rattraper. » Jeanne d’Arc fait partie de l’univers familier de Jean-Marie Le Pen. Sa maison de Montretout, à Saint-Cloud, compte des bustes et des portraits de la sainte. Quant à Marine Le Pen, l’une de ses filles s’appelle Jehanne.
Le Pen père et fille répliquent à Sarkozy sur Jeanne d'Arc
par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Jean-Marie et Marine Le Pen ont célébré Jeanne d'Arc samedi à Paris et dénié à Nicolas Sarkozy toute légitimité pour revendiquer à son tour l'héritage de l'héroïne nationale, qui se retrouve au coeur de la campagne présidentielle.
Le chef de l'Etat leur avait grillé la politesse la veille lors d'un déplacement dans les Vosges, où la "Pucelle d'Orléans" est née le 6 janvier 1412, en reprochant au Front national de s'être accaparé ce symbole patriotique.
"Si certains pensent que nous avons accaparé Jeanne, c'est parce que tous les autres s'en sont désintéressés", a répliqué samedi Jean-Marie Le Pen.
Le président d'honneur du FN, qui a pris seul la parole devant la statue équestre de Jeanne d'Arc, place des Pyramides, à Paris, a dénoncé devant une centaine de sympathisants les arrière-pensées électorales qui animent selon lui Nicolas Sarkozy.
"Le président de la République serait plus crédible dans son discours de Vaucouleurs s'il n'avait marqué son estime à Jeanne que dans la période électorale présente", a-t-il dit.
Jean-Marie Le Pen s'est "honoré" d'avoir réintroduit depuis une trentaine d'années la célébration de Jeanne d'Arc, qui est devenue l'icône du parti d'extrême droite, lequel l'honore chaque premier mai lors d'un défilé parisien.
Dans les Vosges, Nicolas Sarkozy a affirmé vendredi que Jeanne d'Arc n'appartenait "à aucun clan" et dénoncé "ceux qui voudraient s'en servir pour diviser" - allusion transparente au FN.
Il a estimé que toutes les familles spirituelles pouvaient se reconnaître en cette jeune paysanne lorraine qui lança en 1429 de cette bourgade de la Meuse sa croisade pour "bouter les Anglais" hors du royaume de France.
ORLÉANS DÉPLORE LES RÉCUPÉRATIONS
"Elle appartient à la France et aux Français, comme nous l'avons toujours dit", a répondu Jean-Marie Le Pen.
"Mais elle n'appartient pas aux partis qui ont livré la France à l'européisme et au mondialisme, qui veulent la dissoudre dans l'Europe fédérale (...) et qui ne respectent aucun des principes qui ont fait agir Jeanne et qui l'ont fait mourir", a-t-il ajouté.
Aux côtés de son père, la candidate du FN, Marine Le Pen, a répété aux journalistes que l'héroïne était à ses yeux "un symbole de la grandeur de la France et du combat pour la liberté".
Priée de dire pourquoi elle avait laissé Jean-Marie Le Pen prendre seul la parole, elle a répondu : "Parce que c'est lui qui a instauré cette tradition de rendre hommage chaque année à Jeanne d'Arc."
Jeudi soir, Marine Le Pen avait mis en doute la sincérité de l'hommage rendu par Nicolas Sarkozy.
"Je vois bien que Nicolas Sarkozy court après moi", avait accusé la candidate à l'élection présidentielle avant d'ironiser: "Il faut qu'il sache que j'ai des convictions plus fortes, que j'ai un coeur plus pur et que j'ai des jambes plus longues".
L'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien de la candidate du FN, a souligné que Jeanne d'Arc, "célébrée par Michelet, par Péguy et par de Gaulle", était une icône "républicaine."
"En 1920, il a été décidé qu'il y aurait une journée nationale consacrée à Jeanne d'Arc et c'est la République laïque qui l'avait décidé", a-t-il dit.
A Orléans, où Jeanne d'Arc est célébrée chaque année pour avoir libéré la ville d'un siège anglais en 1429, environ 3.000 personnes ont assisté vendredi soir à la cérémonie dite de la remise de l'épée, mettant en scène 200 participants, dont une centaine de joueurs de tambours et cornemuses.
Jacques Blaquart, l'évêque d'Orléans, a regretté les "dérapages" qui "ont malheureusement cours", en référence aux disputes entre l'UMP et le FN sur l'héritage de la "Pucelle".
Serge Grouard, le député-maire UMP d'Orléans, avait, quelques heures avant la cérémonie, fait part de son exaspération dans un communiqué.
"J'en ai assez que tout le monde tente de récupérer cette figure de l'Histoire, que ce soit à des fins politiques ou médiatiques. Jeanne d'Arc n'appartient à personne puisqu'elle appartient à tous", écrivait-il.
Avec Mourad Guichard à Orléans, édité par Patrick Vignal
1er mai 2011 - Paris - Jeanne d'Arc - discours... par solaristemplar
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