samedi 7 janvier 2012

L'effet Loïck Peyron


Crédits photo : B. Stichelbaut

Débarqué triomphalement à Brest, Loïck Peyron a su mettre en musique le «très, très beau voyage» salué par tous ses hommes à bord de Banque Populaire V, héros de Jules Verne.

Bonheur et soulagement
Les images resteront, de cette arrivée triomphale dans la rade de Brest. Sous les canons à eau des bateaux pompiers, encadré par des bateaux de la marine nationale, de l'Abeille, des dizaines d'embarcations en tout genre, Banque Populaire V a fait un retour magistral à terre. Le routeur Marcel van Triest avait pris la barre pour laisser à Loïck Peyron et ses quatorze équipiers, héros du Trophée Jules Verne (45 jours 13 heures 42 minutes et 53 secondes), tout de jaune vêtus, le bonheur de remercier une foule immense défiant un crachin tenace.

«On ne s'attendait pas un tel engouement, c'est un bonheur énorme», soufflait Thierry Chabagny. «On réalise réellement maintenant. Vendredi soir, une fois la ligne d'arrivée franchie, l'équipe technique nous a apporté un vrai repas. Ah, le goût de la première mandarine ! Mais on a vite repris les quarts, la routine quoi

«Bonheur», «soulagement», «délivrance», «fierté». Les uns après les autres, recevant les félicitations des officiels jusqu'au ministre des sports David Douillet, ne se faisaient pas prier pour raconter la «chance», «le privilège» d'avoir navigué sur «le plus beau bateau du monde», «si puissant et si sain» (26, 51 nœuds de moyenne sans gros soucis techniques). Des images dans leur rétine - les albatros, les Kerguelen, les glaçons approchés de près et délivrant leur lumière si particulière -, ils ont du mal à faire le tri. Les noms de Pascal Bidégorry, le skipper à l'origine du projet, et d'Hubert Desjoyeaux, le frère de Michel décédé l'an passé et qui avait construit le maxi-trimaran de 40 mètres, sont évoqués avec émotion.

Mais, alors que les micros et caméras se focalisaient vers Loïck Peyron, tous ses hommes le portaient aux nues. «L'atmosphère que Loïck a su mettre à bord a fait que même dans les moments compliqués, ça se passait vraiment bien. Il était vraiment heureux d'être là, et il nous faisait partager son envie», soulignait Emmanuel Le Borgne. «Il dégageait une sérénité et pour de gens comme moi dont c'était le premier tour du monde, c'était important de sentir quelqu'un qui sait où il va. Loïck, comme Michel Desjoyeaux, ont une telle prestance, une telle assurance, que vous partez les yeux fermés

«Loïck connaît mieux la musique que tout le monde»
«C'est quelqu'un de très agréable, toujours courtois, il n'a pas eu un mot plus haut que l'autre», abonde Pierre-Yves Moreau avant de se reprendre : «Il a dû élever la voix une fois, c'était durant notre quart parce que nous n'étions pas assez attentifs !» Pour Xavier Revil, «Loïck met en confiance. Il mène le bateau et on a navigué en très bons marins. C'est quelqu'un qui positive sur tout et cet état d'esprit a rejailli sur nous. Il y avait une vraie cohésion de groupe sur ce bateau

«Loïck est un monsieur. Il n'a pas son pareil pour manager, pour que les hommes donnent 100%, pour qu'ils se défoncent parce qu'ils croyaient en ses décisions. Il est dans le tempo en permanence. Il a eu peu de temps d'apprentissage sur ce bateau, mais il sait. Il connaît mieux la musique que tout le monde», adoube à son tour Ronan Lucas, le chef du projet, très ému.

La bonne humeur ressentie durant 45 jours quand le bateau était joint depuis la terre vient de ce «très, très beau voyage» que le «chef d'orchestre» Loïck Peyron a su mettre en musique.

Propos recueillis à Brest par Laurence Schreiner


Loïck Peyron à bord de Banque Populaire V par CourseAuLarge

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