Inaugurant
mardi le nouveau département des arts de l'islam au Louvre, François
Hollande a dénoncé "l'insondable bêtise" des groupes radicaux. "Partout
dans le monde - car c'est une agression à l'égard de toutes les
civilisations - quand le patrimoine est saccagé, nous serons là pour
lutter contre les groupes qui sont mus par l'insondable bêtise qui rend
toutes les civilisations vulnérables", a lancé le chef de l'Etat.
François Hollande a donné un discours au musée du Louvre mardi matin. (Reuters)
Il venait inaugurer les nouveaux espaces du
département des arts de l’islam au musée du Louvre. Mais François
Hollande est aussi et surtout venu clarifier son discours au moment où le film anti-islam a suscité de multiples manifestations à travers le monde
musulman. "Partout dans le monde - car c'est une agression à l'égard de
toutes les civilisations - quand le patrimoine est saccagé, nous serons
là pour lutter contre les groupes qui sont mus par l'insondable bêtise
qui rend toutes les civilisations vulnérables", a lancé le chef de
l'Etat.
"L'obscurantisme détruit les valeurs de l'islam"
Le
président a notamment cité la destruction des mausolées de Tombouctou,
qui étaient une "véritable richesse de l'humanité tout entière". Les
islamistes occupant Tombouctou, située dans le nord-ouest du Mali, y ont
détruit l'été dernier des mausolées de saints musulmans situés dans
l'enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine
mondial en péril.
"L'honneur des civilisations
islamiques est d'être plus anciennes, plus vivantes, plus tolérantes que
certains de ceux qui prétendent abusivement aujourd'hui parler en leur
nom", a-t-il dit. "Il est l'exact contraire de l'obscurantisme qui
anéantit les principes et détruit les valeurs de l'islam, apportant la
violence et la haine", a insisté François Hollande.
C.V. - leJDD.fr
mardi 18 septembre 2012
Visitant les nouveaux espaces du Louvre dédiés aux arts
arabo-andalous, mamelouks, ottomans et persans, le président de la
République s'est insurgé contre «le fanatisme qui se réclame de
l'Islam».
«L'honneur des civilisations islamiques est d'être plus anciennes,
plus vivantes et plus tolérantes que certains de ceux qui prétendent
abusivement aujourd'hui parler en leur nom. Il est l'exact contraire de
l'obscurantisme qui anéantit les principes et détruit les valeurs de
l'Islam en portant la violence et la haine.» Avant de visiter, mardi
matin les nouveaux espaces du Louvre dédiés aux collections
arabo-andalouses, mameloukes, ottomanes et persanes du musée, le
président de la République s'est livré à un vibrant plaidoyer pour ces
cultures. Alors qu'un film anti-islam
réalisé aux États-Unis provoque depuis plusieurs jours une vague
d'indignation et de violences anti-Occident dans le monde musulman, et
qu'à deux pas du Louvre, entre 200 et 250 personnes avaient pris part
samedi à une manifestation illégale ciblant l'ambassade américaine, François Hollande a soutenu que «les meilleures armes pour lutter contre le fanatisme qui se réclame de l'islam se trouvent dans l'Islam lui-même».
Il en a tenu pour preuve les 3000 objets qui
seront accessibles au public à partir de samedi, dans 3000 m² créés par
Ricciotti-Bellini, aile Denon, sous la cour Visconti. Disposés dans
vitrines thématiques et chronologiques ils embrassent douze siècles (du
VIIe au XVIIIe) et concernent une zone géographique immense, de
l'Espagne à l'Inde.
Dans cet écrin de béton noir surmonté d'une
spectaculaire verrière mordorée, le président s'est notamment arrêté
devant une boîte en ivoire, la pyxide d'al-Mughira. Elle a été ciselée
en Espagne, en 968. Elle n'est haute que de sept centimètres et est
ornée de 69 personnages. Ainsi a-t-il noté «dans l'Islam les
inspirations interprètent de façons diverses l'interdit de la
représentation». Dans la même vitrine, il a également admiré une
aiguière en cristal de roche réalisée en Égypte au XIe siècle et incluse
dans le trésor de Saint-Denis dès 1152, ainsi qu'un paon en bronze de
972 où figurent côte-à-côte des inscriptions en latin et en arabe.
«Voilà qui nous rappelle que les civilisations ne sont pas des blocs qui
s'ignoreraient ou se heurteraient. Elles progressent par leur
rencontre, par leur dialogue.»
Entouré de mécènes
Dans
l'espace inférieur il s'est arrêté devant le Baptistère de Saint-Louis,
«une création mamelouke qui a servi pendant des siècles aux baptêmes
des enfants royaux de France». «Ainsi des monarques de droit divin ont
baigné dans des œuvres islamiques et nous ne le savions pas! Ce
chef-d'œuvre témoigne, lui aussi, de cette origine parfois commune entre
l'Europe chrétienne et les cultures de l'Islam.» Comme toutes les
autres pièces du département des arts de l'Islam, il a fait l'objet
d'une restauration. Le président s'en est félicité. Sensible au
patrimoine, il avait martelé quelques instants plus tôt, au pied de la Victoire de Samothrace
que «partout dans le monde, quand le patrimoine est saccagé, nous
serons là». Notamment «pour lutter contre les groupes mus par
l'insondable bêtise qui rend chaque civilisation vulnérable. Je pense
aux destructions récentes des mausolées de Tombouctou».
Lors de la
visite, effectuée après celle de Jacques Chirac (dimanche) et avant
celle de Jean-Marc Ayrault (dans la soirée), il était accompagné de sa
compagne Valérie Trierweiler,
d'Henri Loyrette le président du Louvre, de Sophie Makariou en charge
du Département, de plusieurs ministres dont celui de la Culture Aurélie Filippetti
et de certains des prédécesseurs de cette dernière, Jack Lang,
Jean-Jacques Aillagon, Renaud Donnedieu de Vabres et Christine Albanel.
François
Hollande était également entouré de mécènes tels le prince saoudien
al-Walid ben Talal (17 M€) et le président azerbaïdjanais Illham Aliev.
L'émir du Koweït et le sultan d'Oman étaient représentés. Tout comme le
roi Mohammed VI du Maroc qui a apporté 15 M€. Le nouvel équipement a
coûté à 100 millions d'euros. Il n'a été financé qu'à 57% par la France.
Trois groupes français, la fondation Total (6 M€), Lafarge (4,5 M€) et
Bouygues Construction (1 M€), se sont également engagés. «Le Louvre,
musée universel, n'a ni frontières ni limites. Sauf peut être
financières», a conclu François Hollande. Une manière de prévenir Henri
Loyrette et ses équipes que, malgré leurs efforts, ils doivent
s'attendre à des restrictions. Dehors, aux Tuileries, la CGT culture
manifestait.
Le département des arts de l'Islam, premier au monde pour l'intérêt
de ses collections, rouvre samedi dans de nouveaux espaces imaginés par
le duo Ricciotti-Bellini.
Portrait de Shah Abbas. Ici, le souverain
lui-même se trouve en compagnie d'un homme buvant du vin. Un poème
complète la page: «Que la vie vous procure ce que vous désiriez des
trois lèvres: celles de votre amant, de la rivière de et de la coupe». Crédits photo : ©H. Dubois-C. Tabbagh/Musée du Louvre.
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