lundi 25 novembre 2013

Deux tiers des Français pessimistes, tableau d'une société inquiète pour son avenir

Quand l'horizon est sombre, l'heure n'est pas à l'appel du grand large. Tel est le principal enseignement de l'étude sur "la France dans dix ans" commandée à l'institut BVA par le Service d'information du gouvernement et le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, et réalisée du 16 au 19 octobre par téléphone auprès d'un échantillon de 1083 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

Sans surprise, cette étude brosse le tableau d'une société inquiète pour son avenir. Quand on leur demande d'imaginer la situation de la France dans dix ans, 67 % des personnes interrogées se disent en effet "pessimistes", et même 25 % "très pessimistes".
 
L'AUGMENTATION DES INÉGALITÉS
Plusieurs facteurs nourrissent cette morosité. L'un est purement économique, et concerne la croissance. S'ils ne sont que 18 % à prévoir une récession dans les dix ans, les Français n'imaginent pas pour autant de véritable rebond : pour 46 % d'entre eux, la croissance sera "faible" tout au mieux, tandis que 26 % imaginent qu'elle sera "nulle". L'on comprend mieux, à cette aune, la difficulté qu'a François Hollande à être cru quand il affirme que la reprise est "là" : compte tenu de la façon dont les Français envisagent l'avenir de leur économie, un tel message ne peut guère être audible.
L'autre facteur d'inquiétude est d'ordre sociétal. Interrogés sur ce qu'ils redoutent le plus d'ici dix ans, près d'un quart des Français citent "l'augmentation des inégalités dans la société", bien devant "la hausse des matières premières" et "l'endettement des Etats". Plus inégalitaire, cette société leur apparaît aussi plus fragmentée. Pour 72 % des personnes interrogées, les "différents groupes qui composent la France" vivront ainsi "avec des tensions". Si l'étude ne précise pas la nature de ces groupes, elle relativise cependant la dimension purement "identitaire" de l'inquiétude. Seuls 11 % des sondés citent en effet "les tensions liées à la diversité" comme principale crainte pour l'avenir.
Pour relever ces défis, les Français misent sur les solutions de proximité. A une très large majorité, ils souhaitent ainsi que les communes, les départements et les régions aient davantage de pouvoir. Là encore, ce n'est guère une surprise : en période de crise, les citoyens se tournent davantage vers ce qui leur semble proche que vers ce qui leur paraît lointain, en l'occurrence l'Etat et l'Union européenne, dont ils sont 55 % à souhaiter qu'ils aient moins de pouvoir.

REPLI NATIONAL
De ce point de vue, l'heure est au repli national. A l'exception de l'immigration, de l'énergie, de l'innovation et de l'environnement, les grands domaines de l'action publique doivent être, aux yeux des sondés, pris en charge prioritairement par le gouvernement français, à commencer par la protection sociale (75 %), l'emploi (70 %), le budget et la fiscalité (67 %).
Sur l'avenir de l'Europe, dont ils attendent principalement qu'elle garantisse la paix, les Français sont en revanche divisés en quatre parts à peu près égales : seuls 26% souhaitent un renforcement de l'intégration des seuls pays de la zone euro, ce qui correspond à l'orientation définie par le chef de l'Etat, 21 % sont favorables à davantage d'intégration au niveau de l'UE en général, 28 % souhaitent une simple coopération, tandis que 23 % sont carrément partisans de la fin de l'UE. A six mois des élections européennes, il n'est pas sûr qu'une telle fragmentation de l'opinion incite les différents partis politiques à clarifier leurs ambitions pour l'Europe.

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