dimanche 17 novembre 2013

Saoussen Boudiaf avance sabre au clair


Saoussen Boudiaf, championne d'Europe junior en sabre.

Assise dans un coin de la salle Christian-d'Oriola à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), Saoussen Boudiaf ne perd rien de l'entraînement de ses aînés. Silencieuse, l'athlète de 20 ans regarde fixement la piste et reste à l'affût du moindre conseil prodigué par le maître d'armes. Sait-on jamais, peut-être qu'une parole, un pas, un mouvement pourraient lui servir aux Mondiaux d'escrime, du 5 au 12 août à Budapest, en Hongrie ? Ses premiers en tant que senior après un passage prometteur chez les juniors où elle a presque tout gagné.

Championne du monde par équipe en 2012, elle a remporté cette année un titre de championne d'Europe en individuel et une médaille d'argent aux Mondiaux avec ses coéquipières. Un palmarès junior éloquent et une juste récompense du travail fourni pour en arriver là. "Je sais, moi, que je donne de ma personne mais, de l'extérieur, je passe un peu pour une fainéante. Ces titres, c'est une manière de leur prouver que, sans tout le travail que j'ai fourni, je n'aurais jamais pu être championne d'Europe", répond à ses détracteurs cette jeune femme au caractère bien trempé.

DE LA ZAPPETTE AU SABRE
Cela a toujours été ainsi depuis que Saoussen Boudiaf, originaire de Roubaix, a troqué la zappette contre un sabre. Initiée à l'escrime grâce à un stage de la municipalité nordiste, elle s'inscrit ensuite au Cercle d'escrime de la ville "pour ne pas s'ennuyer le mercredi devant la télé". Après une période de stagnation chez les benjamines, passée cadette, elle se rend compte que seule l'ivresse de la victoire la motive. "Au début, l'escrime n'était qu'un loisir, et jamais je ne m'étais projetée à l'Insep, mais j'avais envie d'une seule chose : gagner", confie-t-elle sans embarras.
"Un jour, Saoussen a demandé de faire des heures supplémentaires pour s'entraîner davantage. Je connaissais son potentiel et j'ai tout de suite dit oui", se souvient Cédric Wallard, son maître d'armes à Roubaix, qu'elle considère comme son "grand frère". Cédric Wallard, lui, préfère se voir comme "une personne qui peut l'aider à se développer au maximum". C'est d'ailleurs lui qui a convaincu la famille de Saoussen de la laisser rejoindre le pôle espoir d'Orléans pour ses deux premières années en juniors avant d'intégrer l'Insep en septembre 2012. "La seule condition était qu'elle s'accroche à ses études. C'est ce qu'elle a fait. Aujourd'hui, elle est en école de commerce et ça se passe bien, très bien même depuis quelques mois."
Pour la suite de sa carrière, son objectif est déjà tout tracé : participer aux Jeux olympiques de Rio en 2016. "Au moment où on parle, je sais que je n'ai pas le niveau mais j'ai le temps pour travailler, pour progresser et d'ici là ce sera bon", assure-t-elle sans douter un dixième de seconde. Cédric Wallard voit aussi sa participation aux JO comme une simple formalité : "S'il ne lui arrive aucun pépin physique, elle sera à Rio. J'en suis certain." La concurrence est prévenue.



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