lundi 25 novembre 2013

La fin des énergies fossiles attendue dans moins de... 50 ans

Dominique Pialot | - 1016 mots
L'enquête effectuée par TNS Sofres à la demande de Total auprès d'internautes chinois, allemands, français et américains, souligne des différences de perception sur l'avenir énergétique de la planète et de chacun de ces pays. Si tous prévoient la fin des énergies fossiles à un horizon de 50 ans au plus tard, les Etats-Unis et la Chine font plus confiance à l'innovation pour repousser cette échéance, et les pays européens pour améliorer l'efficacité des énergies renouvelables.
Cette année, Total a choisi les thèmes « Energie et technologie, les promesses de l'innovation » pour son université annuelle qui se déroule ce lundi 15 octobre. Pour étayer les débats, le pétrolier français a commandé à TNS Sofres un sondage effectué dans quatre pays (France, Allemagne, Etats-Unis et Chine) sur les perceptions des populations quant aux sujets du changement climatique, du mix énergétique et du rôle de l'innovation. « Contrairement à d'autres producteurs d'énergie, Total envisage le sujet du mix énergétique à une échelle mondiale », précise le directeur scientifique du groupe, Jean-François Minster.

Le changement climatique moins préoccupant que la protection de la santé
Sur la plupart des sujets, les résultats ont relativement proches d'un pays à un autre. On constate ainsi que le changement climatique en tant que tel ne fait pas partie des principales préoccupations des populations : il est devancé par les problématiques de l'eau et de la faim dans le monde, ou de la protection de la santé et de l'indépendance énergétique au niveau national. Pourtant, plus grand monde (pas même aux Etats-Unis) ne semble douter de sa réalité et même de son imminence, s'attendant à ce qu'il survienne dans les 50 prochaines années et se manifeste par des phénomènes climatiques extrêmes. Néanmoins, la France (23 %) et les Etats-Unis (24%) sont les pays où les populations jugent le plus utile de poursuivre la recherche sur le sujet avant de prendre des mesures définitives.
Une empreinte carbone très sous-estimée
Corollaire du changement climatique, l'empreinte carbone, très présente dans les médias (avec un pic à l'époque du commet de Copenhague en 2009), semble également mal connue. La meilleure preuve en est l'évaluation fantaisiste que font les personnes interrogées de leur propre empreinte. Evaluée à moins de 5 tonnes par personne et par an par une majorité d'internautes, elle se situe en réalité autour de 9 tonnes pour les Français et plus de 20 tonnes pour les Américains. Pour Jean-François Minster, « cela démontre la nécessité d'un travail pédagogique dans la durée, qui permettrait en outre de faire mieux comprendre et donc mieux accepter la nécessité de réaliser des investissements individuels ou les surcoûts induits par des comportements plus vertueux »
Quant aux méthodes pour réduire cette empreinte, les internautes sont également nombreux à privilégier le développement de produits et services dédiés plutôt que l'imposition d'une taxe carbone.
77 % des Chinois favorables à une taxe carbone
La Chine se distingue néanmoins sur ces sujets. Les internautes chinois ayant participé au sondage, s'ils sont 71 % à juger que les autres pays ne se montrent pas assez sobres en termes d'émissions de CO2, sont aussi les plus nombreux (35 %, pour 21 % seulement des Américains) à estimer leur empreinte carbone à plus de 20 tonnes par habitant et par an (alors qu'elle est en réalité d'à peine 6 tonnes). Ils sont également 77 % à préconiser une taxe carbone, pour seulement 36 % des Français, 41 % des Américains et 25 % des Allemands. « L'efficacité énergétique, qui est un élément essentiel de la transformation du mix et de la baisse des émissions des gaz à effet de serre, est un sujet qui se diffuse parmi les populations mais elles ne se l'approprient pas, commente Jean-François Minster. Chacun estime que son propre comportement ou celui de son pays est vertueux, mais se montre critique sur celui du voisin ou des autres pays. »
Les Français associent progrès technologique et précaution
Plus directement liée aux préoccupations du pétrolier, pour la majorité des personnes interrogées, le mix énergétique conserve une place aux énergies fossiles. « Mais les gens n'ont pas nécessairement conscience de ce que cela implique en termes de recherche, souligne Jean-François Minster. Sur ce sujet, on distingue des différences importantes entre les pays européens (France et Allemagne) d'un côté, les Etats-Unis et la Chine de l'autre, qui plébiscitent l'innovation pour accéder à de nouvelles ressources. » En effet, les Chinois (à 83 %) et les Américains (73 %) sont les plus nombreux à penser que beaucoup reste encore à inventer pour exploiter de nouvelles sources fossiles, notamment à l'innovation technologique développée par les entreprises. On peut aisément relier ces chiffres à la situation de ces deux pays, la Chine confrontée à des besoins énergétiques exponentiels et les Etats-Unis qui jouissent actuellement d'une énergie bon marché grâce à la découverte de nombreux gisements de gaz non conventionnels...
« Globalement, le progrès technologique dans l'énergie évoque plutôt les idées d'avenir et d'espoir que celles de précaution ou de danger, constate Jean-François Minster. Mais on constate que c'est en France qu'il est le plus associé à celui de précaution. » Difficile de ne pas faire le lien avec le débat actuel entre tenants et opposants aux gaz de schiste dans l'Hexagone... En tous cas, la France (60%) et l'Allemagne (57%) semblent en effet résignées (ou réjouies ?) à la perspective d'un prochain épuisement de ces énergies fossiles. En revanche, à plus de 80 %, elles tablent plus sur cette innovation pour améliorer l'efficacité des énergies renouvelables.
Les Français les moins optimistes sur la part du solaire dans leur électricité en 2030
Globalement, une majorité des personnes interrogées attend la fin des énergies fossiles dans les 50 prochaines années, et nombreuses sont celles qui anticipent une part prédominante des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Les Allemands pensent même à 81 % qu'elles pourront se substituer totalement aux énergies fossiles. 42 % d'entre eux pensent qu'elles produiront 75 % de leur électricité dès 2030. Les objectifs officiels, déjà très ambitieux, fixent cette proportion à 50 % à cette échéance (et 80 % en 2050). Cette vision est d'ailleurs largement partagée par les Chinois (à 44 %) et les Américains (40 %). Seuls les Français sont plus nombreux (32%) à voir les renouvelables à 50 % du mix électrique plutôt qu'à 75 % en 2030.
Ces estimations sont d'autant plus surprenantes que dans leur majorité (mais un peu moins en Chine), les personnes interrogées s'estiment très bien informées sur le solaire et l'éolien...

 

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