mardi 12 novembre 2013

Christiane Taubira

Christiane Taubira, née le 2 février 1952 à Cayenne (Guyane), est une femme politique française, actuelle garde des Sceaux, ministre de la Justice, nommée depuis le 16 mai 2012 dans les gouvernements Jean-Marc Ayrault I et II.
Candidate PRG à l'élection présidentielle de 2002, elle a été députée de la première circonscription de la Guyane de 1993 à 2012, et est conseillère régionale de la Guyane dans le groupe de l'opposition « Démocratie et probité » depuis 2010. Elle fait partie du comité exécutif de Walwari.
Elle est à l'origine de la loi Taubira, en 2001, qui reconnaît, comme loi mémorielle, le crime contre l'humanité des traites négrières et de l'esclavage pratiqués à partir du XVe siècle sur certaines populations par des trafiquants.
Elle porte comme garde des Sceaux, ministre de la Justice, la loi en faveur du mariage homosexuel en France en 2013.

Christiane Taubira
Christiane Taubira en juin 2013.
Christiane Taubira en juin 2013.
Fonctions
Garde des Sceaux, ministre de la Justice 28e garde des Sceaux de la Ve République
En fonction depuis le 16 mai 2012
(1 an, 5 mois et 26 jours)
Président François Hollande
Gouvernement Jean-Marc Ayrault I et II
Prédécesseur Michel Mercier
Députée européenne
19 juillet 199419 juillet 1999
(5 ans, 0 mois et 0 jour)
Élection 12 juin 1994
Législature 4e Parlement européen
Députée de la 1re circonscription de la Guyane
2 avril 199316 juin 2012
(19 ans, 2 mois et 14 jours)
Prédécesseur Elie Castor
Successeur Gabriel Serville
Biographie
Date de naissance 2 février 1952 (61 ans)
Lieu de naissance Cayenne (Guyane)
Nationalité Drapeau : France Française
Parti politique Walwari (App. PRG)
Diplômé de Université Panthéon-Assas Université Pierre-et-Marie-Curie Université Paris-Sorbonne
Profession Économiste


Origines et formation

Née à Cayenne, Christiane Taubira est issue d'une famille modeste — sa mère, aide-soignante, élevait seule ses cinq enfants. Divorcée, elle est elle-même mère de quatre enfants.
Diplômée d'un 3e cycle de sciences économiques (Paris II), de sociologie, ethnologie afro-américaine (Sorbonne et Jussieu) et d'agroalimentaire (CFCA de Paris et Bordeaux)1, elle est professeur de sciences économiques en 19782. Cofondatrice de l'association agricole Caricoop pour la Guyane (Confédération caraïbe de la coopération agricole)3, elle en est la directrice générale de 1982 à 1985. Depuis 1990, elle est membre de l'OCCE-G (Office de coopération et de commerce extérieur de la Guyane), un organisme dépendant du conseil régional de la Guyane.

Parcours politique

Elle commence sa carrière politique comme militante indépendantiste, notamment au sein du parti Moguyde4, jusqu'à l'arrivée de la gauche au pouvoir en 19815.

Années 1990

Elle crée en 1993 le parti Walwari et en devient la présidente. La même année, elle est élue députée « non inscrite » de Guyane et vote, dans l'hémicycle, l'investiture du gouvernement Édouard Balladur. Elle intègre un petit groupe parlementaire, République et liberté. L'année suivante, elle est quatrième de la liste Énergie radicale menée par Bernard Tapie lors des élections européennes de 1994. En avril 1994, elle est observateur parlementaire aux premières élections multiraciales en Afrique du Sud1.
À sa réélection en juin 19976, elle rallie le groupe socialiste, et se voit confier par Lionel Jospin un rapport sur la recherche de l'or en Guyane. Jusqu'en novembre 2001, elle est apparentée PS. Elle rejoint ensuite le groupe RCV (PRG-MDC-Verts-PCR).

Années 2000

En 2002, elle est la candidate du Parti radical de gauche à l'élection présidentielle avec une campagne axée sur l'« égalité des chances ». Elle obtient 2,32 % des voix au premier tour. Selon certains socialistes, cette candidature aurait contribué à l'éparpillement des voix « de gauche » et aurait été une des causes de l'échec de Lionel Jospin à accéder au second tour de l'élection présidentielle7. Mais d'après d'autres observateurs, comme Jacques Séguéla, Christiane Taubira avait proposé une alliance à Lionel Jospin, qui n'aurait pas donné suite à cette demande8.
Elle est de nouveau élue députée avec 67,22 % des voix9 le 16 juin 2002, pour la XIIe législature, dans la 1re circonscription de la Guyane. Elle est apparentée au groupe socialiste. Tout en demeurant membre du parti guyanais Walwari, elle devient, après le Congrès de Toulouse (septembre 2002), première vice-présidente du Parti radical de gauche, poste spécialement créé pour elle et supprimé au congrès de 2004. Elle est en tête de la liste « Europe fraternelle » du PRG aux élections européennes de 2004, dans la circonscription Île-de-France : cette dernière n'obtient que 1,54 %, et aucun élu10.
En 2004, elle est condamnée par le conseil des prud'hommes de Paris pour licenciement injustifié et rupture de CDD « abusive » concernant son ancienne assistante parlementaire, et doit lui verser 5 300 euros11.
Le 12 juillet 2006, elle se déclare candidate à l'investiture du PRG pour l'élection présidentielle de 2007. Le 22 octobre, le PRG réuni en Congrès renonce à présenter une candidature, préférant un accord avec le Parti socialiste sur les élections présidentielle et législatives12. Le 20 janvier 2007, Christiane Taubira rallie l'équipe de Ségolène Royal, où elle est nommée « déléguée à l'expression républicaine13 ». Par la suite, lors de la campagne des législatives de juin 2007, elle déclare avoir été « approchée » par l'entourage de Nicolas Sarkozy « avant la fin de la présidentielle » pour faire partie du gouvernement, mais « avoir alors décliné l'offre »14.
Elle est réélue députée avec 63,41 % des suffrages le 17 juin 2007 pour la XIIIe législature, dans la 1re circonscription de la Guyane15. Elle est apparentée au groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
En avril 2008, elle est chargée par le président de la République Nicolas Sarkozy d'une mission sur les accords de partenariats économiques entre l'Union européenne et les pays ACP16. Son rapport, remis deux mois plus tard17, émet de lourdes critiques envers ces dispositifs, et formule des préconisations jugées audacieuses18, mal reçues par l'Élysée, le chef de l'État n'ayant fait aucun commentaire.

Années 2010

Christiane Taubira est candidate, à la tête d'une liste divers gauche à l'élection régionale de 2010 en Guyane. Arrivée en tête des quatre listes de gauche en présence mais largement derrière le candidat de la majorité présidentielle, Rodolphe Alexandre, elle conduit une liste d'union de la gauche au second tour. Le 21 mars 2010, elle est battue par la liste du maire de Cayenne, Rodolphe Alexandre, soutenue par l'UMP, qui réalise 56,11 % de suffrages contre 43,89 pour la liste de Christiane Taubira19.
Le 14 décembre 2010, elle annonce son soutien à Arnaud Montebourg dans le cadre des primaires du Parti socialiste de 2011 pour l'élection présidentielle de 201220.

Garde des Sceaux, ministre de la Justice

Christiane Taubira avec Jean-Jacques Urvoas, à l'Assemblée nationale, après l'adoption du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe.
À la suite de la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle, elle est nommée pour la première fois au gouvernement le 16 mai 2012 en devenant garde des Sceaux, ministre de la Justice21 au sein du gouvernement Ayrault (dont 30 membres sur 35 sont issus du Parti socialiste). Dès sa nomination, elle est la cible des critiques de l'UMP et du FN22 en raison de son laxisme supposé, en particulier après l'évasion d'un détenu lors d'une manifestation sportive opposant détenus et gardiens à laquelle elle assistait.
Après l'annonce du nouveau Premier ministre stipulant que tout ministre de son gouvernement qui se présente aux législatives et qui serait battu devrait démissionner23, les médias annoncent que Christiane Taubira renonce à briguer un nouveau mandat parlementaire24,25.
Les premières mesures qu'elle désire appliquer sont une nouvelle loi contre le harcèlement sexuel26 et supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs pour garantir la spécificité de la justice des mineurs27. L'annonce de cette suppression, prévue dans le programme du candidat Hollande, est qualifiée de laxisme par l'UMP28, mais est favorablement accueillie par les représentants de l'USM, le syndicat majoritaire de la magistrature29.
Au premier trimestre 2013, confrontée à une vague de départs, la ministre est contrainte de remanier son cabinet ; elle embauche ainsi l'épouse d'un proche de François Hollande, Bernard Rullier, conseiller chargé des affaires parlementaires à l'Élysée. Son prétendu compagnon serait également membre de son cabinet30, mais cette information est vigoureusement démentie par les intéressés31.
Elle porte le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe en tant que garde des Sceaux. Lors des débats au Parlement, où elle est particulièrement présente, ses nombreuses prises de parole et son habileté suscitent le respect, plus que l'approbation, de l'opposition, qui avait pourtant fait d'elle une cible privilégiée lors de ses débuts au gouvernement, faisant de ce débat un « moment » particulier de sa carrière politique32,33,34,35.
À l'été 2013, elle met en œuvre le projet de réforme pénale, qui voit notamment la création de la « contrainte pénale ». Si la garde des Sceaux considère qu'il s'agit de la fin du « tout-carcéral », certaines de ses prises de positions ont donné lieu à des divergences avec le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et un à « procès en laxisme » intenté par la droite36.

Travaux et prises de position

Christiane Taubira est fréquemment considérée par les politiques comme un « électron libre », en raison de ses prises de position personnelles entrant peu dans une logique de parti37. Contrairement au PS et au PRG, elle s'oppose ainsi, en 2004, au vote de la loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques, considérant que « Faire œuvre législative plutôt que mission pédagogique, c’est perdre foi en République, alors que sont soigneusement évités les terrains où se nouent les tensions les plus lourdes de sens dans l’affrontement éthique38. » En 2005, elle prend position pour le « Non » lors du référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe39, contrairement au PRG, dont elle est, à l'époque, encore vice-présidente.

Autonomie de la Guyane

Les premiers engagements politiques de Christiane Taubira furent son militantisme pour l'autonomie de la Guyane. Dans les années 1970, elle était indépendantiste ; après l'arrivée de François Mitterrand à la présidence en 1981, elle cessa ce type de militantisme, constatant qu'il n'était plus soutenu par les Guyanais5.
Lors du référendum de 2010 sur le passage de la Guyane à un statut de collectivité d'outre-mer, bien que critique envers le caractère flou du projet, elle appelle à voter « Oui » au sein du mouvement Guyane 7440.

Commémoration de l'abolition de l'esclavage

Christiane Taubira aux côtés de Nicéphore Soglo et de Jean-Marc Ayrault lors de l'inauguration du mémorial de l'abolition de l'esclavage en mars 2012.
Christiane Taubira a donné son nom à la loi française no 2001-434, votée le 10 mai 2001, qui reconnaît comme crimes contre l'humanité la traite négrière transatlantique et l'esclavage qui en a résulté. Plusieurs historiens critiquent le fait que le texte limite l'esclavage à la traite européenne des Africains alors que « la quasi-totalité des esclaves africains avaient été razziés non par des Blancs, mais par des négriers africains et que le commerce des esclaves était une routine sur le continent noir bien avant l'arrivée des négriers européens ». Elle soutient sa position en déclarant qu'il faut éviter d'évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les « jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes »41.
La ministre a rappelé, en mai 2013, ses positions sur l'histoire de l'esclavage en dénonçant qu'« outre-mer, il y a eu une confiscation des terres ce qui fait que, d'une façon générale, les descendants d'esclaves n'ont guère accès au foncier. Il faudrait donc envisager, sans ouvrir de guerre civile, des remembrements fonciers, des politiques foncières »42.

Détail des fonctions et des mandats

Mandat local

Mandats parlementaires

Mandat ministériel

Œuvres

  • L'Esclavage raconté à ma fille, 2001
  • Codes noirs de l'esclavage aux abolitions (Introduction), Dalloz, 2006
  • Rendez-vous avec la République, 2007
  • Égalité pour les exclus : le politique face à l'histoire et à la mémoire coloniales, Temps Présent Éditions, 2009
  • Mes météores : Combats politiques au long cours, Flammarion, 18/03/2012 (ISBN 978-2081278950)

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