Pas facile aujourd'hui pour les syndicats de se faire entendre. Malgré la crise économique et son cortège de plans sociaux qui perdure, la période les rend peu audibles par l'opinion. Certes, à l'occasion du sommet social du 18 janvier organisé à l'Élysée par Nicolas Sarkozy, ils seront sur le devant de la scène et pourront dire tout le mal qu'ils pensent - ce qu'ils ont d'ailleurs déjà fait - des mesures gouvernementales en préparation, comme la TVA sociale par exemple. Certes, ils pourront s'exprimer à l'issue de leurs rencontres avec François Hollande, candidat PS à la présidentielle programmées avant le 18 janvier et qui n'ont rien d'un « contre-sommet social », précise son conseiller Jacky Bontemps, ancien numéro deux de la CFDT. Mais la réalité, c'est qu'« il y a un attentisme général du côté des organisations syndicales », comme le reconnaît Jean-Dominique Simonpoli, directeur général de l'association Dialogues. C'est pourquoi l'appel à la mobilisation lancé par la CGT le jour du sommet ne devrait guère être suivi par des salariés qui ont les yeux tournés vers la présidentielle.
Un contre-pouvoir « institutionnalisé »
Et si « les syndicats sont en stand-by », analyse Stéphane Sirot, professeur d'histoire du XXe siècle à l'université Cergy-Pontoise, c'est certes en raison du contexte politique peu propice aux revendications et aux mouvements d'action, mais cela s'explique également par le « contexte de défaites syndicales observées depuis dix ans ». S'il pointe « le faible taux de syndicalisation en France (autour de 7 %), et la difficulté des syndicats à se renouveler et à recruter des adhérents, » il observe également « depuis un quart de siècle, une phase de recentrage des syndicats, qui a gagné depuis le début des années 1990 une partie de la CGT ». Ce rôle de contre-pouvoir des syndicats se serait en quelque sorte « institutionnalisé », le mouvement syndical étant de « plus en plus souvent - et notamment par les jeunes - identifié à la sphère du pouvoir », ajoute-t-il. Quant à la tradition du syndicalisme français, qui a longtemps joué un rôle politique, avec la grève comme moyen d'action privilégié et des luttes plus marquées que dans les pays voisins (Allemagne, Grande-Bretagne ou pays nordiques), « elle se perd », constate-t-il. C'est pourquoi il estime que « ce qui pourrait contraindre les syndicats à opter pour un autre chemin, à avoir une réaction de survie, c'est la situation du monde du travail qui est pressuré. Mais cela ne viendra pas des directions syndicales. Le corps social est brutalisé au-delà de la base syndicale ».
En cette période délicate pour eux à plus d'un titre, les syndicats ont du pain sur la planche. Parce que « les sujets sociaux vont être un enjeu important de l'élection présidentielle de 2012, davantage qu'en 2007. C'est sur ces thèmes que les deux candidats doivent se positionner pour donner envie aux gens d'aller voter, avec un espoir », prévient Jean-Dominique Simonpoli.
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