jeudi 30 janvier 2014

Les chakras, ces zones secrètes du corps

© Jupiter
On ne peut ni les toucher ni les voir. Pourtant, selon la médecine traditionnelle indienne, quand l’un de nos sept chakras est perturbé, tout notre équilibre physique et psychique se trouve bouleversé.
Karine Papillaud


Bouddhisme, encens, "ayurveda" ("science de la vie"), clubs de rire… : l’Inde est en vogue. Et les méthodes de bien-être visant à harmoniser le corps et l’esprit fleurissent. C’est ainsi que, des centres de méditation jusque dans les Spa en passant par les instituts de beauté, on nous parle d’« équilibrer nos énergies » ou, plus sibyllin encore, d’« harmoniser nos “chakras” ». Réservés hier aux initiés, ces derniers font une percée dans le vocabulaire occidental. Sans que l’on sache vraiment ce qu’ils recouvrent…

Sept “roues” invisibles

Pour les hindous, les "chakras" ("roues" en sanskrit) sont nos centres énergétiques. Ils sont à la base de la médecine ayurvédique, vieille de cinq mille ans. Les textes anciens parlent de 88 000 chakras répartis sur tout le corps. Mais ils en dénombrent sept majeurs, situés le long d’une ligne qui suit le trajet de la colonne vertébrale. D’autres médecines les reconnaissent à leur manière : en Chine, ils ont été intégrés dans la pratique de l’acupuncture ; en Occident, ils correspondent aux plexus, des réseaux de nerfs et de vaisseaux, dont le plus connu est le plexus solaire, situé sous le diaphragme.
« Aucune dissection ne peut révéler les chakras : ils appartiennent à notre “corps subtil” (ensemble des énergies invisibles du corps humain (aura, qi, chakras, corps éthérique et une partie de l’âme) et distribuent de l’énergie fondamentale à certains organes physiques », explique le docteur Janine Fontaine, auteur de La Médecine des chakras (Robert Laffont, 1999). Selon la tradition indienne, l’énergie circule d’un chakra à l’autre par des canaux invisibles.
Au passage de ces "roues", le souffle vital se concentrerait en tourbillonnant dans le sens des aiguilles d’une montre, remontant du périnée au sommet de la tête. L’énergie doit pouvoir passer librement dans les chakras, sans excès, sans manque ni stagnation. Or, un mal-être, une émotion aiguë, des problèmes anciens non résolus, une mauvaise hygiène de vie ou le stress pourraient les dérégler : les chakras se fermeraient, empêchant l’énergie de circuler. Pour les hindous, ce déséquilibre favoriserait les maladies. Equilibrer ses chakras contribuerait donc à prévenir ou à soigner ces dernières.

Décoder nos maladies

On ne les voit pas, on ne peut pas les toucher et on ne sait pas très bien comment ils fonctionnent. Difficile de comprendre leur rôle… « Les chakras sont une grille de lecture des maux du corps, explique Jacques Lesperres, praticien formé à la médecine traditionnelle chinoise. Ils nous permettent de remonter d’un malaise physique à l’émotion qui le génère, souvent profondément enfouie. » A chaque chakra correspondent, en effet, une zone du corps, des organes et des systèmes glandulaires, mais aussi des émotions, des troubles physiques et psychiques.
Par exemple, le chakra du plexus solaire est relié au pancréas. Déséquilibré, il entraînerait des maux d’estomac, des problèmes de poids, mais également un manque d’assurance et des cauchemars. Equilibré, il permettrait de s’affirmer sans agressivité. Qui sait interpréter le fonctionnement des chakras pourrait soigner un problème de santé en traitant le dysfonctionnement énergétique en amont de la maladie. « Je me souviens d’une patiente qui souffrait de colites inflammatoires, raconte Alain Jouret, médecin généraliste et énergéticien. La tentation était grande de se focaliser sur le côlon. Or, c’est une pathologie typique du deuxième chakra, lié aux organes sexuels. Son examen a effectivement révélé une faiblesse de l’ovaire gauche. En régulant le problème gynécologique, le chakra s’est rééquilibré et les colites ont disparu. »
Mais attention : comme tous soins parallèles à la médecine allopathique, la "réharmonisation" des chakras ne doit pas dispenser d’un traitement médical adapté à la maladie. Le praticien énergéticien est d’abord médecin. Il doit connaître les limites de cette thérapeutique et vous prévenir si elle ne vous convient pas.



On ne joue pas impunément avec les énergies : si la réharmonisation des chakras est censée apporter un bien-être, leur dérèglement peut générer des malaises. Mieux vaut se fier aux diplômes que médecins énergéticiens et masseurs ayurvédiques ne doivent pas hésiter à vous présenter. Attention aussi aux tarifs pratiqués : un coût prohibitif doit éveiller la vigilance.
Le plus souvent, les kinésithérapeutes ou ostéopathes énergéticiens procèdent par massages combinés à des exercices respiratoires, afin d’éviter "bouchons" et stagnations. « On ne soigne pas à proprement parler les chakras, mais le fait de les stimuler fait circuler l’énergie. La guérison devient possible », assure Hugues Hovine, ostéopathe énergéticien. Le thérapeute suit un protocole précis : « Je commence par un test qui déterminera le chakra bloqué. Par palpations, je vérifie les effets sur le système musculaire, viscéral, glandulaire et émotionnel. Le patient n’est pas passif, nous dialoguons, son ressenti est important. Ensuite, pour ouvrir la zone bloquée, je choisis un massage, l’acupuncture ou le magnétisme. »

Faire circuler l’énergie

Des pratiques simples (yoga, qi gong, méditation, sophrologie, etc.) peuvent aussi permettre d’entretenir soi-même ses chakras. Michel, un jeune retraité de 63 ans, pratique le qi gong depuis son quatrième lumbago : « Il y a trois ans, je devais me faire opérer pour une hernie discale. » Fidèle à la médecine allopathique, il se laisse pourtant convaincre par sa femme et consulte un médecin énergéticien. Nutrithérapie, fleurs de Bach et kinésithérapie énergétique viennent à bout du problème en quelques semaines. Le kinésithérapeute lui parle alors du qi gong, une discipline chinoise qui allie mouvement, respiration et concentration.
« Lors du premier cours, j’ai cru que j’étais dans une secte ! J’ai persisté et, six séances plus tard, j’ai véritablement senti l’énergie circuler en moi et ça ne m’a plus fait sourire. » Tous les matins, Michel fait ce qu’il appelle une "toilette énergétique" pendant une demi-heure. Chaque jour, il s’émerveille de sentir le qi (souffle d’énergie) le traverser. « Dans mon cas, cela se manifeste par un engourdissement et des picotements le long des méridiens. J’ai retrouvé la souplesse de mes 30 ans sans jamais avoir fait de sport. Mais le plus important, c’est que j’ai un autre état d’esprit : je ne m’en fais plus ! »

Chakras : quand ils se referment

Lorsqu’un chakra est bien ouvert, ses qualités – courage, force, équilibre, harmonie sexuelle, etc. – s’expriment de manière optimale. Fermé, des troubles apparaissent. Quelques exemples.
1. Chakra racine (entre l’anus et les parties génitales)
  • Qualités : stabilité, confiance en soi, courage.
  • Troubles physiques : problèmes circulatoires, sciatiques, anémie.
  • Troubles psychiques : égoïsme, manque d’assurance, dépression.
2. Chakra du sexe (au-dessus des organes génitaux)
  • Qualités : sexualité, vitalité et créativité.
  • Troubles physiques : affections génitales, rénales et urinaires.
  • Troubles psychiques : colère, frustration, agressivité, jalousie.
3. Chakra du plexus solaire (deux doigts au-dessus du nombril)
  • Qualités : équilibre, spontanéité.
  • Troubles physiques : troubles de la digestion, diabète, obésité.
  • Troubles psychiques : irritabilité, cauchemars, manque de respect de soi.
4. Chakra du cœur (au centre de la poitrine)
  • Qualités : centre de l’amour et de l’harmonie.
  • Troubles physiques : tension, troubles cardiaques, douleurs dorsales.
  • Troubles psychiques : froideur, difficulté à établir le contact.
5. Chakra de la gorge (dans la région du larynx)
  • Qualités : communication, productivité, expressivité.
  • Troubles physiques : problèmes de gorge, de dents, d’audition.
  • Troubles psychiques : blocages, timidité, peur de livrer ses opinions, troubles de la parole.
6. Chakra du front (au-dessus de la racine du nez)
  • Qualités : imagination, intuition, sagesse.
  • Troubles physiques : maux de tête, affections oculaires, maladies du système nerveux.
  • Troubles psychiques : manque de mémoire et de concentration.
7. Chakra de la couronne (au sommet de la tête)
  • Qualités : spiritualité, réalisation de soi.
  • Troubles physiques : maux de tête, maladies chroniques, paralysies, déficience immunitaire.
  • Troubles psychiques : fuite devant la réalité, dépression, difficulté à décider.

Lotus

« Les chakras sont également appelés padmas ou lotus, écrit Naomi Ozaniec, dans Initiation aux chakras (Editions du Rocher, 1995). Ce beau symbole traduit bien la nature des chakras, qui sont une force vivante. Très proche du nénuphar, le lotus est répandu dans toute l’Asie. Sa fleur exquise s’épanouit à la surface de l’eau, mais ses racines sont ancrées dans les fonds boueux. Elle incarne la condition humaine, enracinée dans des abîmes troubles et obscurs, mais capable, avec le temps, de s’épanouir sous la lumière du soleil. Comme le lotus, le chakra peut être fermé, en bouton, entrouvert ou épanoui, actif ou assoupi. »

Massage ayurvédique

A lire Atlas des centres énergétiques de Kalashatra Govinda.
Une approche simple et des exercices pratiques (Dangles, 2002).

Les massages ayurvédiques ont la cote. Mais souvent, ils sont "adaptés" pour le public occidental et empruntent autant au massage énergétique qu’au drainage lymphatique. S’ils peuvent relaxer, ils n’ont pas les vertus du massage ayurvédique tel que la médecine traditionnelle indienne l’enseigne. Indrajit Garai, lui, pratique le véritable massage indien. Avec de simples impositions des mains sur le corps, il sent le manque, l’excès ou la stagnation des chakras de ses patients.
Avant un massage, il pose de nombreuses questions afin de bien déterminer les déséquilibres. Il procède ensuite à un diagnostic par le pouls et l’examen de la langue. Puis il prépare une huile énergétique adaptée au patient, qu’il applique sur le corps en effleurant, pétrissant et exerçant des pressions sur les chakras.
« Il existe des contre-indications, note Indrajit Garai, comme la crise migraineuse et certaines hypertensions. Le massage relaxant est possible pendant la grossesse, en prenant des précautions pendant le premier et le dernier trimestre. »

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