vendredi 3 janvier 2014

Éloge de l’introversion

L’introversion est souvent perçue un vilain défaut qui isole, garantie d’une vie aux antipodes du succès, dans une société qui réseaute à tout va et confond compétences relationnelles et disponibilité sociable perpétuelle, version 24h/24. Je vous propose donc une série de billets pour partir à la découverte d’une caractéristique à réhabiliter…  



 

Comprendre l’introversion


Et commençons aujourd’hui par une vidéo pour sortir des préjugés sur l’introversion et mieux la comprendre…

Nous avons vu la semaine dernière que l’égo est un frein majeur à la collaboration. Selon Susan Cain, auteur du livre “QUIET: The Power of Introverts in a World That Can’t Stop Talking,” un autre frein, c’est le développement d’une société qui préfère les extravertis, au point de chercher à empêcher les introvertis d’être eux-mêmes, au détriment de l’expression des talents qui leurs sont propres et donc de la collaboration.

Elle expose un point de vue passionnant dans cette vidéo du TED (sous-titrée en français).

Entre acceptation de soi et acceptation de l’autre, il s’agit essentiellement de respecter les espaces nécessaires à chacun, de respecter le temps et les rythmes de chacun pour que tous puissent élaborer et développer leurs propres idées. Alors il devient possible de se retrouver et de partager ses idées, pour peu que le groupe soit géré de façon à accorder une place à chacun.

Car les introvertis ne sont ni des solitaires refusant le travail d’équipe ni des timides ou des taiseux. Ce sont simplement, des personnes moins pipelettes et moins rouleaux-compresseusseuses, qui apprécient de réfléchir dans la quiétude tranquille de leur monde intérieur, avant d’aller partager leur génie avec leur entourage.

Ainsi, nous gagnerions tous à considérer l’introversion comme une caractéristique à prendre en compte plutôt qu’un comportement à combattre (quand donc cesserons-nous de lutter contre nous-mêmes?):

  • Chacun gagnerait à ré-évaluer son besoin de solitude et d’autonomie pour identifier l’environnement le plus favorable à sa créativité personnelle et s’autoriser cet espace, ou l’autoriser à l’autre, sans jugement.
  • La société et nos entreprises gagneraient à trouver des moyens de réconcilier les besoins de chacun, en conciliant les espaces individuels et les espaces collectifs pour favoriser l’innovation et la collaboration.
  • L’innovation gagnerait à mieux considérer les besoins de solitude des introvertis pour laisser émerger leurs idées.
  • La collaboration gagnerait à accorder aux introvertis leur temps et leur espace individuel pour leur permettre de préparer à leur manière leurs échanges et leurs partages.


L’introversion, pourtant simple trait de caractère, a été beaucoup mise au pilori au profit d’une extraversion prétendument plus collaborative. Injonction idiote à devenir ce qu’on est pas, plutôt que d’apprendre à vivre et travailler ensemble. Il est grand temps de faire passer ce jugement péremptoire au recyclage à fausses bonnes idées, pour comprendre l’extraordinaire complémentarité des introvertis et extravertis.




Introvertis et extravertis sont complémentairesIntrovertis et extravertis: une merveilleuse complémentarité


Dans cette jolie vidéo version RSAnimate, Susan Cain, grand défenseur des introvertis, reprend son bâton de pèlerin pour parler cette fois-ci de la merveilleuse complémentarité professionnelle des introvertis et extravertis.

Une sacrément chouette notion à se remettre au milieu de la comprenette pour mieux travailler ensemble, au lieu de vouloir s’acharner à transformer des gens en ce qu’il ne sont pas, sous prétexte d’idées préconçues sur les qualités et les défauts.


 

L’extraversion n’est pas une qualité indispensable


Car on a excessivement mis en valeur l’extraversion comme une qualité indispensable à la réussite professionnelle, dans une espèce de confusion des genres entre personnalité extravertie et personne tournée vers les autres ou ouverte aux autres.

  • Un extraverti fait plus de bruit et est plus visible qu’un introverti. Ca n’en fait pas nécessairement un collègue merveilleusement ouvert à l’altérité, à l’accueil des opinions et idées qui diffèrent des siennes. Ca n’en garantit même pas une sociabilité réelle et non auto-centrée. Bref, un extraverti peut être quelqu’un de très bien, tout autant qu’il peut être un abruti comme un autre.
  • Un introverti, parce qu’il est plus discret, n’en est pas nécessairement pour autant plus dénué d’idées ou plus fermé aux autres. Il peut au contraire être très à l’écoute et avoir une grande capacité à accueillir et à s’imprégner des idées des autres. Ou pas. Bref, un introverti peut être quelqu’un de très bien, tout autant qu’il êut être un abruti comme un autre.

En d’autres termes, ce n’est pas tant le trait de caractère qui est déterminant, que ce que chacun de nous va en faire, au delà des idées reçues et des jugements péremptoires. Or, extravertis et introvertis, comme beaucoup d’opposés, sont admirablement complémentaires, pour peu qu’ils trouvent moyen de respecter le mode de fonctionnement de l’autre.

Convergence et collaboration


J’aime beaucoup cette notion de complémentarité, de chercher les lieux de convergence plutôt que de pointer les difficultés à l’excès, au point de transformer un simple trait de personnalité en défaut rédhibitoire, quitte à donner dans le clonage systématique version petit cliché parfait – et détestable – des caractéristiques des winners et des losers.

Et c’est ce que fait Susan Cain ici, en prenant l’exemple de Steve Jobs et Steve Wozniak. Si Steve Jobs le showman extraverti n’avait pas existé, l’ordinateur conçu essentiellement par Steve Wozniak le discret ne serait probablement jamais devenu ce qu’il est. Malheureusement, nous sommes devenus une société dans l’ensemble trop focalisée sur des caractéristiques perçues comme positives, telles que le charisme, le bagout, voire l’étalage de soi et devenons par trop oublieux que la personnalité n’est que ce qu’on en fait.

Or, reconnaître la complémentarité des extravertis et introvertis est un excellent moyen à la fois de favoriser une collaboration mutuellement positive et en même temps de respecter la personnalité de chacun plutôt que de forcer les uns à rentrer dans les moules des autres.

En d’autres termes, cultivons notre singularité, considérons nos traits de caractère comme des réalités à exploiter plutôt que comme des qualités ou des défauts, et enfin creusons la connaissance de nous-mêmes pour identifier avec qui et comment nous travaillons efficacement d’une part et dans le plaisir d’autre part, les deux étant étroitement liés.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.