vendredi 3 janvier 2014

Pourquoi il faut gracier Edward Snowden

The New York Times et The Guardian consacrent leur éditorial du 1er janvier 2014 à la défense du lanceur d'alerte en exil.



Le logo de la NSA sur un téléphone portable, REUTERS/Pawel Kopczynski

A la veille de Noël, nous publiions un article de Ryan Gallagher annonçant qu'Edward Snowden, l'homme à l'origine des révélations sur les programmes d'espionnage «tentaculaire» du gouvernement américain qui ont fait la une des médias du monde entier en 2013, allait sans doute aussi être l'homme de l'année 2014. Les révélations basées sur les documents qu'il a fournis à différents médias ne sont en effet pas terminées, et seront accompagnées de «leur lot de décisions de justice, d'auditions parlementaires, de scandales et de réformes», écrivait Gallagher.
Le premier jour de l'année semble avoir donné raison au journaliste. Les quotidiens américain The New York Times et britannique The Guardian, deux des journaux qui ont été au centre des révélations et de la couverture de l'affaire Snowden, ont chacun publié un éditorial le 1er janvier 2014 pour appeler à la clémence du gouvernement américain au sujet du lanceur d'alerte et pour souligner le bien-fondé de ses révélations pour les sociétés et les citoyens du monde entier.
Il faut dire que la situation actuelle de Snowden est peu enviable. Activement recherché par le gouvernement américain pour espionnage et vol de documents officiels, il risque la prison à perpétuité en cas de capture, et vit actuellement en Russie pour échapper à la justice de son pays.

The New York Times écrit:
«Etant donnée l'énorme valeur des informations qu'il a révélées, et les abus qu'il a exposés, Mr Snowden mérite une meilleure vie que l'exil permanent, la peur et la fuite. Il a peut-être commis un crime pour y arriver, mais il a rendu un grand service à son pays. Il est temps que les Etats-Unis offrent à Mr Snowden un arrangement ou la clémence d'une manière ou d'une autre pour lui permettre de retourner chez lui, de faire face à des sanctions au moins substantiellement réduites en vertu de son rôle de lanceur d'alerte, et d'avoir l'espoir d'une vie où il pourrait défendre la vie privée et une supervision bien plus importante de la communauté du renseignement, qui est actuellement hors de contrôle.»
The Guardian écrit de son côté:
«Mr Snowden a donné des informations classées secrètes à des journalistes en sachant les conséquences probables. C'était un acte de courage moral. Des présidents, de Franklin Roosevelt à Ronald Reagan, ont gracié par le passé. Le débat que Mr Snowden a facilité sera sans aucun doute abordé à la Cour suprême américaine. Si ces juges décident comme le panel d'évaluation mis en place par Obama lui-même et le juge Richard Leon que Mr Snowden a bel et bien soulevé un problème d'importance publique qui était jusqu'ici caché (ou pire, tenu secret de manière malhonnête), est-il concevable qu'il soit traité comme un traître ou un criminel comme les autres? Nous espérons que des têtes calmes au sein de l'administration actuelle travaillent à une stratégie pour permettre à Mr Snowden de revenir aux Etats-Unis avec dignité et au président d'exercer son pouvoir exécutif pour le traiter humainement et d'une manière qui serait un exemple rayonnant sur la valeur des lanceurs d'alerte et de la liberté d'expression elle-même.»
Vous n'avez pas fini d'entendre parler d'Edward Snowden, et c'est tant mieux pour la société.

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