Hewlett-Packard est l'une des plus grandes sociétés mondiales. Près de 130 milliards de dollars de chiffre d'affaires, plus de 8 milliards de bénéfices. L'une des plus prestigieuses aussi. Quand Bill Hewlett et David Packard ont créé en 1939 leur entreprise, à un jet de pierre de leur ancienne fac de Stanford, ils ont créé la première start-up de la Silicon Valley. Ils sont les pionniers et l'âme de la grande révolution de l'information qui n'en finit pas de secouer le monde.
C'est pourquoi on ne peut qu'être attristé par le spectacle qu'offrent aujourd'hui ses dirigeants. Le limogeage express du PDG, Léo Apotheker, après seulement onze mois de mandat, n'est que le dernier épisode d'un feuilleton qui a vu trois PDG se succéder en seulement six ans (avec de confortables indemnités). Le tout sur fond de dissensions et de scandales.
Cette fois c'est la bonne, assure aujourd'hui le président du conseil d'administration en présentant la nouvelle élue, Meg Whitman, l'ancienne patronne du site d'enchères eBay. Mais comme il avait déjà trouvé son prédécesseur « idéalement adapté » à son poste, sa crédibilité, comme celle de son conseil, est sérieusement entamée. Après l'Allemand spécialiste des logiciels d'entreprise, voici une Californienne experte du grand public.
Ces grands coups de barre masquent un trouble qui ne pardonne pas dans la high-tech : le désarroi stratégique. Si aujourd'hui HP reste le premier groupe informatique mondial, il ne le doit pas à l'excellence de sa croissance interne mais au fait que, depuis dix ans, depuis le rachat des PC de Compaq pour 25 milliards de dollars, il n'a fait qu'un seul choix, celui de ne pas choisir, accumulant tout sur ses étagères, de l'appareil photo au superordinateur, se diversifiant encore par d'onéreuses et chronophages acquisitions.
Face aux omniprésents spécialistes Google, Apple et Oracle, HP est devenu le dernier conglomérat de son secteur, pensant pouvoir concurrencer à la fois Samsung et IBM. Un signe qui ne trompe pas : depuis dix ans, l'entreprise a été incapable de se trouver un patron parmi ses 320.000 employés. Comme si le sang de l'entreprise n'irriguait plus sa tête. La reconstruction sera longue.
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