jeudi 13 octobre 2011

Les relations troubles entre les politiques et la pègre

En marge du commentaire de l'actualité, Philippe Braud, professeur émérite à Sciences-Po, décrypte les relations troubles que certains responsables politiques peuvent parfois entretenir avec la pègre. (Photo Libre)


Les dernières affaires politico financières reflètent-elles une porosité entre le milieu politique et celui des hors-la-loi ?
La vie politique coûte très cher et, pour faire face aux dépenses considérables qu’exige une campagne électorale, certains n’hésitent pas à recourir à ce que l’on pourrait nommer un complément de ressources. Nous savons aussi que le pouvoir politique, même démocratique, peut avoir recours à des individus à la morale douteuse quand il ne peut se défendre sans sortir lui-même des règles admises. Pendant la guerre d’Algérie, le général de Gaulle a encouragé la création du Service Action Civique (SAC) afin de lutter contre l’OAS.
La pègre peut donc mettre au service des politiques toutes sortes d’intermédiaires officieux. Encore faut-il s’entendre sur les termes et distinguer les véritables gangsters, qui vivent en permanence de la criminalité, qui s’intéressent peu au champ politique, de ceux qui agissent dans la clandestinité mais se livrent à des activités somme toute classiques, semblables à celles qui se pratique dans le secteur commercial. C’est dans cette dernière catégorie que se situent, par exemple, ceux qui facilitent les ventes d’armes entre les Etats.


Pensez-vous qu’il existe une fascination réciproque entre les responsables politiques et la pègre?
Il faut rester prudent. S’il existe des responsables politiques particulièrement cupides, nous savons que c’est le pouvoir et la notoriété qui, le plus souvent mobilisent les politiques. Les gangsters, eux , ne sont motivés que par l’appât du gain .
Je crois cependant que certains traits de caractère nourrissent une fascination réciproque, ou du moins une compréhension mutuelle. Les femmes ou les hommes politiques qui veulent parvenir au sommet sont mus par une ambition monomaniaque. Or, quelqu’un qui possède en lui pareil moteur est tenté, pour gagner les batailles qu’il engage, de ne pas être trop regardant sur les méthodes et les moyens qu’il emploie. C’est là que peut s’établir un parallèle entre les deux univers.
A cela s’ajoutent des traits de caractère commun: le désir de jouissance rapide et l’arrogance de la victoire brutale, un empressement presque frénétique à réussir, s’expriment dans les deux domaines d’une manière spectaculaire.

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