samedi 29 octobre 2011

La stratégie de HP reste à écrire

Le revirement stratégique opéré par le groupe informatique montre que l'ère Apotheker est révolue. Mais de nombreuses questions restent en suspens. La nouvelle patronne doit préciser sa feuille de route.


HP vient-il de perdre une année ? En décidant de faire marche arrière et de garder la branche micro-informatique au sein du groupe, la directrice générale Meg Whitman a choisi de stopper la réflexion stratégique entamée par son prédécesseur, qui avait pris les rênes de HP en novembre 2010. Pour certains experts, elle n'était pourtant pas dénuée de sens. La dirigeante, elle-même, n'avait pas renié cette stratégie lors de son adoubement le mois dernier.

Abandonner le marché du PC, peu rentable, pour se concentrer sur les serveurs, les logiciels et les services, où le groupe peut apporter davantage de valeur ajoutée, et donc améliorer ses marges : tel était le raisonnement de Léo Apotheker, qui rappelait étrangement la stratégie adoptée, avec succès, par IBM quelques années plus tôt. Les incertitudes entourant un tel projet, ses risques d'exécution, et la pression des actionnaires auront cependant fini par causer sa perte... et celle de son initiateur.

Mais aucune alternative n'émerge pour l'instant. « Ils ne savent pas où ils vont, déplore Benoit Flamant, directeur de IT Asset Management. De nombreuses questions stratégiques restent en suspens ». Le reproche revient souvent, depuis quelques mois, aux oreilles des dirigeants. « Nous avons semé la confusion dans le marché, a reconnu Meg Whitman devant les analystes. Où que j'aille, c'est la même question : qui est HP ? ». La réponse, visiblement, n'est pas encore évidente.

Tout reste donc à faire pour HP. La nouvelle direction n'a pas voulu s'étendre davantage sur la stratégie à mettre en place dans les prochains mois. Tout juste a-t-elle confirmé vouloir se positionner davantage sur le marché du « cloud computing », qui permet aux entreprises et aux administrations de consommer leur informatique à distance et à la demande, via une combinaison de solutions d'infrastructures, de logiciels et de services. Après le rachat du britannique Autonomy pour 10 milliards de dollars, HP devrait aussi limiter les grosses acquisitions. Plus de détails sur la feuille de route stratégique devraient être donnés lors de la publication des résultats annuels, le 21 novembre. « Il faut que HP fasse son travail, simplement, et qu'il délivre des messages clairs sur sa stratégie », conseille Mark Fabbi, analyste chez Gartner.

Meg Whitman a toutefois apporté des précisions sur la répartition des rôles au sein de la firme californienne. Si la directrice générale continuera d'assumer les fonctions administratives, au niveau opérationnel elle se concentrera sur les activités hardware, comme les PC et les serveurs. Le président du conseil d'administration, Ray Lane, veillera plus particulièrement sur les logiciels et les services.

Malgré les doutes, les investisseurs ont salué la décision prise par la nouvelle direction : l'action HP a ouvert dans le vert à Wall Street ce vendredi. « Les incertitudes et les revirements stratégiques laisseront des traces, prévient néanmoins Benoît Flamant, chez IT Asset Management. Il faudra davantage de garanties pour reconquérir la confiance des investisseurs à plus long terme ».

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