Il y a quelques mois nous avons eu l’occasion d’échanger avec la responsable communication web d’un syndicat et cet échange s’est transformé en une interview pour leur journal. En voici les éléments essentiels.
Les réseaux sociaux ont-ils une influence sur les modes de management ?
Une entreprise n’a plus le choix actuellement car qu’elle le veuille ou non elle est déjà sur les Réseaux Sociaux. Que ce soit par des clients, consom’acteurs mécontents ou contents, des partenaires concurrents, candidats ou ses propres salariés sans parles de ses partenaires sociaux, groupes de pressions et autres acteurs. Son seul choix est de savoir si elle continue à faire « comme si » dans une belle imitation de l’autruche face au danger ou si elle devient pro-active.
Les RS en eu-mêmes ne changent pas forcément le type de management dans l’entreprise mais leur introduction en tant que RSE (réseau social d’entreprise) tendra naturellement à remettre en cause les lignes hiérarchiques, la place du management par une accélération des échanges, conversations sans frontières de niveau ou de silo
Les médias sociaux changent-ils le rapport au travail ?
Là encore tout dépend de la volonté et de la capacité des entreprises à utiliser les RSE pour bénéficier et faire bénéficier leurs salariés de ces changements. En bref, un RSE bien mené doit impacter la gestion des talents, celle de la diversité, réinterroger les logiques d’intéressement dans le but de produire de l’engagement de la part des salariés. En externe cela donne des salariés « ambassadeurs » de leur entreprise et en interne des salariés impliqués dans leur travail pour donner le meilleur d’eux-mêmes et participer à l’amélioration, innovation des services produits de l’entreprise.
A l’inverse mal mené ce même RSE va produire une petite vague et une grosse déception
Cela va-t-il modifier le dialogue social dans l’entreprise ?
Actuellement les RH comme les partenaires sociaux sont en retard sur la compréhension et l’adoption de ces nouveaux usages/outils et logiques d’entreprise. Tout cela fait un peu peur car le postulat de base est que pour produire de l’engagement vous devez lâcher prise et passer d’une logique de contrôle à une logique de confiance. Personne n’a envie à long terme de s’investir pour n’en tirer aucun profit mais en faire bénéficier d’autres acteurs ! L’entreprise n’est pas une association à but non lucratif…
Regardez actuellement la prise de décision dans la plus part des grandes organisations syndicales, nous sommes plus proche d’une logique bureaucratique/hiérarchique que d’une logique collaborative/participative.
En revanche ce qui risque de changer rapidement c’est la place et la forme des intranets syndicaux. Ces derniers ont près de 10 ans d’âge et se réduisent trop souvent à quelques pages permettant de mettre des tracts en ligne ou un lien vers le site interne de l’Organisation Syndicale ! L’intranet syndical 2.0 devra prendre en compte les nouveaux usages du web pour offrir des moyens d’animation plus en phase avec les attentes des salariés et un syndicalisme modernisé.
Les réseaux sociaux sont-ils une menace ou une opportunité pour les syndicats de salariés? Pourquoi tardent-ils à s’emparer de cette thématique ?
Les deux suivant les acteurs ! Certains savent qu’ils n’auront pas le temps de s’adapter à cette petite révolution, ce changement de paradigme, et font tout pour que… »oui mais après mon départ !».
D’autres ont une vision plus large de l’évolution des syndicats alors que leur représentativité ne cesse de baisser et leurs moyens de protestation/action ne cessent de perdre en efficacité. Il n’est qu’à voir le résultat des dernières grandes journées nationales d’action pour le comprendre.
Le risque est de voir les RS devenir un nouveau corps intermédiaire, affaiblissant encore un peu plus celui traditionnel des syndicats…et du management au passage.
L’opportunité pour eux c’est de comprendre quels sont les nouveaux leviers de puissance et d’action avec ses RS pour changer tant les modes d’organisation des syndicats que leurs modes d’actions, retrouver de l’influence et répondre aux attente des salariés!
Je précise que cela n’est nullement antinomique avec un dialogue social de qualité et que les entreprises n’ont rien à gagner à laisser le syndicalisme s’enfoncer dans une perte d’influence les menant peu à peu à un isolement face au corps social. Dans les transformations actuelles tout comme les conflits majeurs, des partenaires sociaux de qualité et légitimes face aux salariés sont un atout indispensable pour permettre à l’entreprise de passer ces caps difficiles.
Ce qui est intéressant dans les réseaux sociaux c’est le socle de confiance et de transparence nécessaire à leur fonctionnement. Ce socle gagnerait à être partagé dans la modernisation des moyens du dialogue social et un jeu d’acteur plus productif que défensif.
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