vendredi 23 novembre 2012

Comment le patron d'Orange a préparé son show techno

Stéphane Richard, PDG de France Télécom Orange Challenges
Stéphane Richard, PDG de France Télécom Orange Challenges
 
Le temps est un peu brumeux, mais la vue reste époustouflante. Situé au 15e étage du nouveau siège d'Orange, dans le sud de Paris, le très vaste bureau de Stéphane Richard offre un panorama à 180 degrés sur la capitale. "Il n'y a qu'une tache dans ce décor", regrette le patron de l'opérateur historique, pointant du doigt vers l'ouest et l'imposante tour Bouygues Telecom. Il est en forme, le boss d'Orange, ce 19 novembre. Juste un peu stressé. Dans deux jours, il doit se produire devant 1.000 invités sur la scène de l'immense salle des Docks de Paris, à Saint-Denis, pour un show technologique qu'il a personnellement organisé dans les moindres détails. Cet événement est une première pour l'entreprise. Et il insiste: "Je voulais faire connaître l'innovation fabriquée par Orange, c'est mon projet personnel... Je le dis parce que c'est parfois compliqué dans ce genre de groupe de savoir qui a eu l'idée."
 
Le temps est un peu brumeux, mais la vue reste époustouflante. Situé au 15e étage du nouveau siège d'Orange, dans le sud de Paris, le très vaste bureau de Stéphane Richard offre un panorama à 180 degrés sur la capitale. "Il n'y a qu'une tache dans ce décor", regrette le patron de l'opérateur historique, pointant du doigt vers l'ouest et l'imposante tour Bouygues Telecom. Il est en forme, le boss d'Orange, ce 19 novembre. Juste un peu stressé. Dans deux jours, il doit se produire devant 1.000 invités sur la scène de l'immense salle des Docks de Paris, à Saint-Denis, pour un show technologique qu'il a personnellement organisé dans les moindres détails. Cet événement est une première pour l'entreprise. Et il insiste: "Je voulais faire connaître l'innovation fabriquée par Orange, c'est mon projet personnel... Je le dis parce que c'est parfois compliqué dans ce genre de groupe de savoir qui a eu l'idée."

Il a lancé son projet au printemps dernier, et ses équipes y ont travaillé d'arrache-pied durant trois mois, avec celles de Havas. Du grand spectacle à l'américaine, avec une sono puissante pour lancer sa présentation de quarante-cinq minutes et des vidéos sur écran géant, pour appuyer sa démonstration: Sheryl Sandberg, numéro deux de Facebook, annonçant un accord en exclusivité mondiale permettant aux abonnés d'Orange de se parler via le réseau social. Ou Paul Otellini, le PDG d'Intel, vantant les mérites de la nouvelle Livebox - disponible en février 2013 - comme "la plus puissante du monde". Pour autant, le patron français ne se voit pas dans la peau d'un évangéliste high-tech américain haranguant les foules en jean et baskets. Il veut la jouer "à la Stéphane Richard": costume sombre, chemise blanche... élégant. "On n'est pas obligé d'être cradingue pour parler de technologie", lâche-t-il.

Cap sur l'innovation
Il se souvient d'un rendez-vous au siège de Google, en Californie, l'an dernier. La réunion avait débuté depuis dix minutes lorsqu'un énergumène fit son entrée dans la pièce: tongs, bermuda à carreaux, chemise vert pomme et cheveux mouillés... Il a d'abord cru que le gaillard venait changer la bonbonne d'eau. C'était Larry Page, patron et fondateur de Google. "Mais moi, je suis le PDG de France Télécom Orange", tranche-t-il. Deux mondes qui s'opposent. "On s'est fait voler notre image d'innovateur par ces géants du Web." Selon lui, le thème de l'innovation a été sous-valorisé. Le marché a été tiré vers le bas.
Stéphane Richard reprend donc la parole sur ce terrain-là, tous azimuts. La nouvelle box d'Orange ne sera pas seulement hyperpuissante. Il assure qu'elle offrira aussi la première véritable expérience de télévision connectée. Côté mobile, le PDG dévoile les accords signés avec MasterCard, BNP Paribas, la Société générale et le Crédit mutuel. Grâce à la technologie NFC, ces alliances transformeront le téléphone en terminal de paiement utilisable chez les commerçants ou dans les transports - Air France, la RATP et la SNCF, notamment. Dans l'Internet à très haut débit, l'opérateur affiche 150.000 abonnés. Le patron d'Orange en promet dix fois plus pour 2015. Et lance de nouvelles offres dans le stockage de données ou la 4G. "Les télécoms ne sont pas seulement une charge subie par les consommateurs."

Inquiet pour la compétitivité
Voilà le message que Stéphane Richard a voulu faire passer lors de son grand show sur l'innovation. Petit rappel: au début des années 2000, "France Télécom était dans la bulle Internet: l'action était montée jusqu'à 219 euros." Elle n'en vaut plus que 8. Le titre se fait massacrer en Bourse depuis deux ans, conséquence de la forte pression sur les prix, les revenus, les marges... "Il y a un autre avenir que la réduction des coûts qu'imposent les politiques européens, veut croire Stéphane Richard. C'est mortifère: les opérateurs n'auront bientôt plus les moyens d'investir et d'innover." Le contexte est "adverse", il faut agir vite. "On est en train de livrer les industriels européens, pieds et poings liés, aux acteurs américains pour les services, et aux Chinois pour les infrastructures", s'alarme-t-il.
Le patron d'Orange est sincèrement inquiet. Il s'enflamme, mais tout n'est peut-être pas si noir: "Le gouvernement actuel a compris qu'il y avait un problème de compétitivité, notamment dans les télécoms, et qu'il devait s'emparer du sujet pour fixer des conditions de jeu équitables." Selon lui, l'équipe au pouvoir a fait "beaucoup d'efforts" pour écouter le patronat ces dernières semaines. Les tensions sont retombées, la relation est rétablie. "Il y a un temps pour la lutte des classes et un temps pour trouver des solutions aux problèmes", dit-il. Stéphane Richard pourrait appliquer la formule à Orange. Après la souffrance au travail, les suicides et l'offensive de Free, parler technologie et compétitivité aidera le groupe, espère-t-il, à aller de l'avant. Et dissipera la brume qui brouille ses perspectives.

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