Le scandale du rachat de l’éditeur de logiciels britannique,
Autonomy, par le groupe informatique américain Hewlett-Packard (HP)
concentre à lui seul toutes les failles d’un système qui réclame une
remise à plat urgente et drastique. Auditeurs, banques d’affaires,
management, conseil d’administration, tous dans un bel ensemble ont
donné leur bénédiction à une opération, qui a amené HP à provisionner
plus de 8,8 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) de pertes
comptables pour un rachat qui lui avait coûté 11 milliards. Rappelons
qu’Autonomy réalisait à l’époque 1 milliard de chiffre d’affaires.
Cherchez l’erreur.
Ce scandale, c’est d’abord l’histoire d’un groupe autrefois
prestigieux et innovant et qui, confronté au déclin de ses activités
traditionnelles, les PC et les imprimantes, s’est lancé dans une
politique d’acquisitions périlleuses : 38 milliards dépensés en cinq
ans! Un peu comme le loup dans les dessins animés de Tex Avery,
l’entreprise a continué à foncer, alors qu’elle était déjà au-dessus du
vide. Car les acquisitions payées rubis sur l’ongle ne datent pas
d’Autnomy. Avant, il y a eu EDS, Palm, Compaq. Standard & Poor’s a
fait l’addition de toutes les dépréciations que HP a dû assumer après
ces rachats et arrive au montant faramineux de 26 milliards de dollars.
HP en vaut 23 en Bourse aujourd’hui !
Ce scandale, c’est aussi une nouvelle pierre dans le jardin du
cabinet Deloitte, chargé d'étudier les comptes de l’éditeur de logiciels
britannique et qui n’a rien vu venir. Mike Lynch, le PDG d’Autonomy
était-il aussi brillant prestidigitateur que cela ? Certains cabinets
d’audit auraient peut-être besoin d’un bon audit.
Ce scandale, c’est encore celui de banquiers d’affaires, qui malgré
les nuits blanches passées sur le dossier et les litres de café
ingurgités, ont continué à convaincre le management qu’il faisait une
affaire, qui faisait surtout la leur.
Ce scandale, c’est enfin celui d’un conseil d’administration, qui a
regardé passer les trains pour ensuite se tromper d'aiguillage. C’est
lui qui est venu chercher Leo Apotheker, l’ex-patron de SAP pour qu’il
invente un avenir à HP. C’est ce qu’il a tenté de faire en voulant se
séparer de l’activité PC, pour se concentrer sur les services et des
logiciels. D’où le rachat d'Autonomy.
Mais n’est pas IBM qui veut. On avait demandé à M. Apotheker de faire
la révolution, onze mois plus tard, celle-ci à peine esquissée, on le
décapitait. Pas très cohérent. Sa remplaçante, Meg Whitman, l’ex-PDG
d’eBay, savait-elle où elle mettait les pieds? En tout cas, il a fallu
attendre une dénonciation anonyme pour découvrir le scandale. Meg
Whitman va demander des comptes et pas seulement ceux d’Apotheker.
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