Pourrait-on vous amener à divulguer votre code bancaire simplement en
vous faisant penser à lui ? L'activité électrique de votre cerveau
peut-elle trahir vos secrets ? C'est la démonstration qu'ont accomplie
des chercheurs lors de la récente conférence sur la sécurité
informatique Usenix. Pour cela, ils ont utilisé un simple casque EEG
(type Emotiv, disponible dans le commerce pour 500 $), qui mesure
l'activité électrique du cerveau, une technologie qui n'avait jamais été
étudiée sous l'angle de ses implications en matière de sécurité,
rapportent Extreme Tech et Cnet.
L'étude (.pdf) des chercheurs (présentation en vidéo) menés par Ivan Martinovic
du département des sciences informatiques de l'université d'Oxford, a
consisté à créer un programme personnalisé conçu dans le but de vous
faire penser à des données sensibles telles que l'emplacement de votre
maison, le code secret de votre carte de crédit ou votre mois de
naissance. Les chercheurs ont testé leur programme sur 28 participants
coopératifs (même s'ils ne connaissaient pas le but de l'expérience) et
les résultats ont montré que la fuite d'information provenant de
l'utilisateur (la mesure de "l'entropie de l'information") apportait une
réponse supérieure de 15 % à 40 % à une méthode aléatoire.
Les chercheurs se sont appuyés sur les ondes P300,
un tracé d'ondes très spécifique qui se produit lorsque vous
reconnaissez quelque chose qui a un sens (visage d'une personne connue)
ou quelque chose qui convient à ce que vous êtes en train de faire (voir
un marteau quand vous bricolez) et qui commence à être pris en compte
dans les détecteurs de mensonges. L'exercice pour les cobayes consistait
à observer des séries de photos défilant rapidement sur un ordinateur
(des visages, des cartes géographiques, des photos de cartes bancaires,
la liste des mois de l'année...) tout en leur posant des questions
spécifiques et pour les chercheurs à observer celles qui déclenchaient
une réponse du capteur.
Pour les chercheurs, des développeurs malveillants pourraient
utiliser cette technologie, utilisée dans de plus en plus de jeux, pour
créer un "logiciel espion de cerveau", une application incitant les
joueurs à réfléchir à des informations sensibles qu'ils pourraient donc
voler. Bien sûr, les résultats obtenus sont encore trop bruyants. "Les dispositifs utilisés ne sont pas faits pour détecter ce type de modèles",
a souligné Martinovic. Cependant, l'expérience a montré que les
résultats étaient meilleurs qu'une supposition purement aléatoire. En
améliorant le camouflage de l'interrogatoire pour rendre l'utilisateur
plus coopératif et la qualité des appareils de mesure, le taux de
réussite pourrait certainement être amélioré.
Les chercheurs ont noté dans leurs conclusions qu'il était possible
de diminuer le taux de réponse que votre cerveau donne malgré vous en se
concentrant sur autre chose, par exemple en comptant les visages qui ne
vous sont pas familiers... A l'inverse, ces techniques permettraient
aussi de développer de nouvelles méthodes de sécurité, vous permettant
par exemple d'accéder à vos données simplement en présentant sous vos
yeux l'image d'un de vos amis.
Hubert Guillaud
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.