lundi 23 avril 2012

Le gagnant de l'Amigo devra partager le million avec son ex-ami

Pas d'effervescence autour du bar « L'Ecrevisse », hier matin, rue des Cieutat, à Villeneuve./Photo DDM.B.S.
Pas d'effervescence autour du bar « L'Ecrevisse », hier matin, rue des Cieutat, à Villeneuve./Photo DDM.B.S.

Le tribunal d'Agen a condamné hier Messaoud Boudissa à verser 503 660,26 € au patron du bar « L'Écrevisse » où il avait joué et gagné 1 million d'euros au jeu l'Amigo. Son avocat a immédiatement annoncé son intention de faire appel du jugement.

Lorsque « tonton » vient prendre le combiné à la demande de sa nièce qui vient de décrocher, le ton est enjoué et badin. Puis monte très rapidement dans les tours lorsqu'il s'agit d'évoquer le jugement qui vient d'être rendu par le tribunal de grande instance d'Agen. « Je suis très malade, je ne veux pas parler. » Messaoud Boudissa, 80 ans, n'est pas des plus aimables, mais on peut lui accorder des circonstances atténuantes. La justice vient en effet de le condamner à verser à son « ami » Cheikh Gendouzi, 73 ans, la somme rondelette de 503 660,28€. Soit la moitié des 1 007 320,56 € qu'il estimait avoir empochés seul, le 16 juillet dernier, lors d'un tirage du jeu Amigo.

La décision de justice sonne tout à la fois l'épilogue d'un feuilleton judiciaire et le glas d'une vieille amitié. Pendant 33 ans, Messaoud Boudissa a fréquenté le bar « L'Ecrevisse », propriété de Cheikh Gendouzi, en plein centre ville de Villeneuve-sur-Lot. C'est là qu'il dépensait un peu de sa pension, là qu'il retrouvait quelques amis, là qu'il jouait aussi.

Plainte pour faux témoignages

Comme ce fameux dimanche 16 juillet donc. Messaoud Boudissa joue à l'Amigo, jeu de tirage de la Française des jeux, proposé dans les bars, à raison de 9 numéros tirés sur écran, en direct, toutes les 5 minutes. Du temps où il parlait plus facilement au téléphone, Messaoud Boudissa nous affirmait : « J'ai gagné tout seul. J'ai pris le ticket, j'ai touché, personne n'a joué avec moi ».

Une version toujours contestée par le patron de « L'Ecrevisse », Cheikh Gendouzi : « Il m'a demandé de lui prêter de l'argent pour jouer. Moi, je lui ai dit, on va plutôt jouer 20 € ensemble. Si on perd, tu me dois 10 €, si on gagne, on partage… »

La Française des Jeux ne payant les gains qu'au porteur du ticket, le patron du bar avait donc décidé de porter l'affaire devant la justice, en août dernier.

Hier, alors que la nouvelle semblait s'être répandue dans son bistrot villeneuvois, le « héros » du jour faisait profil bas : « Le patron est malade ».

Pas malade, en revanche, Me Édouard Martial, l'avocat de Messaoud Boudissa, le « gagnant », qui, à peine sa condamnation enregistrée, annonçait son intention de faire appel : « Ce jugement est bizarre et va à l'encontre de la jurisprudence admise jusqu'ici puisqu'il se base uniquement sur des témoignages a posteriori. C'est quand même facile de prétendre après coup qu'on a entendu l'un ou l'autre avoir conclu un accord sur un pari. Il n'y a eu aucun accord, aucun contrat. Non seulement je fais appel mais je porte plainte pour les faux témoignages qui sont légion dans ce dossier ».

D'ici le nouveau procès, la moitié du pactole reste saisie. Ni Messaoud Boussida ni Cheikh Gendouzi ne peuvent en profiter. Le feuilleton de l'Amigo continue.

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