samedi 4 janvier 2014

Management

N° 215 - Janvier 2014
Magazine n° 215
Editorial
Magazine n° 215

Bienvenue dans la cour de récréation

On apprend beaucoup de choses à l’école, mais certainement pas le réalisme. Les anciens bons élèves croient que la vie professionnelle obéit aux règles qu’ils ont toujours connues. Devenus managers, ils s’imaginent alors qu’il suffit de bien travailler pour avoir de bonnes notes. Et ils ont tout faux. Pour reprendre une expression du coach Pierre Blanc-Sahnoun (lire sa chronique page 14), «l’entreprise, ce n’est pas l’école, c’est la cour de récré». Fini, l’univers rationnel sanctionné par un diplôme ; bienvenue dans un monde qui n’est policé qu’en ap-parence et où les tableaux de bord n’ont pas l’importance des tableaux de notes ! Dans l’entreprise comme dans la cour de récré, il y a d’autres critères invisibles, l’environnement est plus opaque, plus violent aussi, une poignée de mâles dominants font la loi et il faut trouver des alliés pour survivre et grimper. A cet égard, la meilleure source d’inspiration pour les managers reste le monde politique. Il n’est pas innocent que Frédéric Mitterrand ait intitulé le récit de son passage au gouvernement "La récréation" (éditions Robert Laffont). Il y évoque, dans un style aigre-doux, la «cruauté» du monde politique, mais aussi la virtuosité de ses ténors, leur sang-froid et leur humour. Les politiques nous agacent, ils devraient nous inspirer aussi. L’invraisemblable mais méthodique culot d’une Rachida Dati est un cas d’école digne de Georges Duroy (le héros du "Bel Ami" de Maupassant) ou de Rastignac. La figure de fayot trans-gressif d’un Manuel Valls, provocateur pour exister, mais toujours béni-oui-oui avec le chef, crée un nouvel archétype d’ambitieux plus nuancé que celui qu’avait imposé Nicolas Sar-kozy auquel on le compare trop facilement. A vous d’adapter leur stratégie à votre personnalité. Car vous n’y couperez pas :  plus vous progresserez dans votre carrière, plus vous devrez consacrer du temps à faire de la politique, c’est-à-dire à tisser votre toile, à développer votre influence, à soigner votre réputation. Bref, il ne faut pas se contenter de bien faire le job, il faut surtout le faire savoir … aux bonnes personnes. Pour développer ce sens politique, vous n’aurez pas forcément besoin de devenir totalement machiavélique, mais vous devrez comprendre les ressorts de ceux qui le sont. Car plus vous grimperez dans les hautes sphères, plus vous serez entouré d’adeptes du "Prince"qui rêvent, comme vous, de le devenir… 
Eric Le Braz, rédacteur en chef
N° 214 - Décembre 2013
Magazine n° 214
Editorial
Magazine n° 214

L'entreprise comme vous ne l’avez jamais lue

En général, quand un rédacteur en chef pré­sente une nouvelle formule, il ressort… une vieille formule, véritable tarte à la crème de tous les toilettages : « La maquette est plus claire, plus élégante et plus aérée.» Depuis le temps qu’on aère des magazines de plus en plus clairs, on va finir par publier d’élégantes pages blan­ches ! Alors, certes, vous allez découvrir un journal moins touffu, des pages moins tassées et sur­tout un concept plus visuel, résolument contemporain. Mais là n’est pas l’essentiel. La forme est le reflet d’un changement de fond qui va au-delà de l’épousse­tage cosmétique. Nous n’avons pas seulement changé la déco, nous avons repensé l’architecture du ma­gazine. Bien plus qu’une nouvelle formule, c’est un nou­veau journal que vous tenez entre vos mains. Le business est une aventure que nous vous raconterons tous les mois, sans omettre d’en tirer des enseignements. Le coaching et les conseils validés par des experts et des managers, la boîte à outils pour gérer sa carrière ou faire grandir son entreprise, la diffusion des «best pratices», c’est l’ADN de ce titre. Le nouveau Mana­gement reste un magazine pratique, mais il est rehaussé par une mise en scène plus spectaculaire de l’économie. Le journal devient aussi plus ludique, il fait parfois sourire et pourquoi pas rêver, il donne à ap­pren­dre mais aussi à penser grâce à de nouvelles rubriques et à de nouveaux chroniqueurs.
Bienvenue dans un titre proactif découpé en six nouvelles séquences résumées par un verbe. Venez DÉCOUVRIR les histoires d’entreprise les plus exemplaires, ENTRE­PREN­DRE et faire prospérer votre boîte, ANTICIPER les nouvelles tendances du business et les révolutions technologiques, PROGRESSER dans votre job, vous INSPIRER du meilleur des scien­ces humaines pour diriger… et enfin VIVRE pour profiter de ce que vous avez mérité. Dans ce numéro, vous verrez l’entreprise comme vous ne l’avez jamais lue. L’histoire de Marissa Mayer, qui fait la couverture, est à cet égard emblématique. Dollars, glamour et octets rythment la carrière hors norme de la CEO de Yahoo!, qui vécut une «love affair» avec Larry Page, boss de Google. Les histoires de manage­ment sont aussi des tranches de vie qui res­sem­blent à des séries et se lisent comme des romans. C’est le nouveau Management. Un ­magazine repensé après avoir écouté nos lecteurs, qui appréciaient de retrouver chaque mois un journal utile, mais qui réclamaient aussi plus de plai­sir de lecture. C’est grâce à vous que nous avons pu concevoir ce titre qui parle toujours du boulot… mais ne ressemble pas au travail. 

Éric le braz, rédacteur en chef
N° 213 - Novembre 2013
Magazine n° 213
Editorial
Magazine n° 213

Devenez marxiste

Dans manager, il y a manger. Et il n’est pas incongru que le seul métier où le manager s’appelle simplement «chef» recèle quelques trésors de management. La grande cuisine est un art qui ne doit rien au hasard et une science exacte où chaque geste est millimétré, chaque cuisson pensée au degré et à la seconde près. La grande cuisine, c’est de la chimie. Bien loin des compétences scientifiques qu’ils doivent  pourtant maîtriser, les grands chefs ont souvent l’image de personnalités hautes en couleur et, disons-le, tyranniques. Le coup de feu semble la quintessence du stress en entreprise, une course contre la montre pleine de bruit et de fureur.  Et pourtant ! Se faufiler dans les cuisines de Thierry Marx, c’est vivre une expérience déstressante où chacun s’affaire dans une ambiance presque monacale. Le secret de ce climat tempéré tient bien sûr aux méthodes du manager. Le chef du Mandarin Oriental pratique ce qu’il appelle le «management du bout des doigts», un ensemble de comportements et de règles simples qui responsabilisent son équipe sans l’oppresser. Allergique aux entretiens d’évaluation – qui «ne servent à rien» –, il préfère planifier des face-à-face tous les mois autour d’un café avec chacun de ses 159 collaborateurs. Adepte du cérémonial, Thierry Marx organise aussi des «morning meetings», toujours autour d’un café, chaque jour. Ennemi des chefs charismatiques qui disparaissent sans laisser de traces, il ne cesse de transmettre et de déléguer son savoir-faire… et son «savoir faire faire». Loin de la lutte des classes de l’autre Marx, ce transfuge social, passé des cités sensibles aux palaces, épaule les nouveaux damnés de la terre en donnant des cours de cuisine en prison et sensibilise les chefs d’entreprise en distillant des leçons de management social au Medef.  Ce marxisme-là n’est pas vraiment révolutionnaire, mais il aide à insuffler un sens à sa vie et à son job. Sans nous imposer de recettes, Thierry Marx donne à voir un tour de main qui accommode invention culinaire et managériale, saveurs et valeurs, pragmatisme et humanisme. Une leçon de vie à déguster sans modération, qui nous rappelle que manager les hommes, c’est aussi les ménager. 
Eric Le Braz, rédacteur en chef 

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