Par Frédéric Bordage - 21/02/2014
Pour une raison simple : tous les efforts pour coder parfaitement une fonctionnalité inutilisée ne servent à rien. Pire, c’est de l’énergie et du budget dépensés pour rien. Pourtant, certains de mes clients et tous mes (rares) concurrents dans ce domaine se concentrent sur l’efficience du code. Leur culture d’ingénieurs informaticien(ne)s les pousse à dépenser des fortunes pour optimiser des fonctionnalités inutilisées !
Optimiser un code inutile ne sert à rien
Or, selon une étude du Standish Group datant de 2006, 45 % des fonctionnalités demandées par les utilisateurs… ne sont jamais utilisées. Vous l’avez tous constaté lorsque vous utilisez votre suite bureautique : vous utilisez moins de 10 % des fonctionnalités disponibles. Vous aurez beau optimiser ce code inutile avec des outils automatiques… il se traduira quand même par de la consommation inutile de ressources : bande passante, mémoire vive, cycles processeur, m2 de data center, kWh et froid associé, etc. Sans parler de la dette technique associée.
Dans ce monde schizophrène, les utilisateurs continuent à demander des sapins de Noël tout en étant par ailleurs fans de la « sobriété imposée » par des services au succès planétaire tels que Google et Twitter. Le succès du concept d’innovation frugale / jugaad chez les décideurs contribuera peut être, dans les années à venir, à doter les projets d’un sponsor assez fort pour que la démarche de sobriété fonctionnelle puisse être mise en œuvre.
La peur de manquer
Les réactions sont souvent les mêmes que pour la décroissance lorsque je présente cette démarche de sobriété fonctionnelle des logiciels. Mes interlocuteurs, surtout les utilisateurs, sont envahis par la peur panique de manquer, de la crainte d’une trop grande frustration lors de l’usage.
Ces craintes démontrent que le choc culturel du logiciel libre n’a toujours pas eu lieu dans la tête de nombreux informaticiens. La majorité des utilisateurs et des développeurs considèrent toujours, en 2013, un logiciel métier comme un monolithe de granit dont le périmètre fonctionnel ne peut pas évoluer…
Adopter les principes de l’architecture open source
Pourtant, les logiciels libres ont démontré, depuis plus de 20 ans, que la sobriété des uns ne limite pas forcément la couverture fonctionnelle des autres.
Toutes les stars du logiciel libre sont basées sur le principe fondateur de la sobriété fonctionnelle. C’est le cœur des systèmes d’exploitation tels que BSD et Linux dont le noyau est complété par des fonctionnalités optionnelles, assemblées selon le besoin dans une « distribution ». L’architecture technique du serveur web Apache, du navigateur Firefox, des principaux CMS (Drupal par exemple, de la suite bureautique LibreOffice, etc. repose elle aussi sur ce principe.
Or, il n’y a pas d’écosystème plus riche et de couverture fonctionnelle plus large (au travers des modules, packages et autres extensions) que ces apôtres de la sobriété.
Réapprendre à développer sous contrainte
L’abondance de ressources informatiques s’est traduite, ces dernières années, par l’abandon d’étapes essentielles. La hiérarchisation des besoins fonctionnels et leur quantification sont deux étapes incontournables pour pouvoir construire des applications métier reposant sur une architecture modulaire. Or, ces deux étapes passent, le plus souvent, à la trappe.
Tant que les formations des ingénieurs informaticiens et des chefs de projets informatique ne (re)mettra pas l’accent sur ces deux étapes fondamentales, les logiciels métier resteront des veaux particulièrement impactant pour l’environnement et coûteux à maintenir.
Des leaders mondiaux du web comme Facebook, LinkedIn, Google, Twitter et d’autres ont bâti leur réussite sur ces principes. Pourquoi pas vous ?
Source : GreenIT.fr
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