Après deux ans de négociation, le distributeur et la coopérative signent un contrat de trois ans.
Les éleveurs, dont la rémunération est revalorisée, fourniront une viande de meilleure qualité.
Dès
le 4 mars, Système U vendra des barquettes de porc sous la marque
Nouvelle Agriculture. En contrepartie, Terrena s'est engagé à élever le
niveau de qualité de la viande. - Photo Justin Tallis/Report Digital-REA
Un contrat de vente de trois ans et qui garantit aux producteurs une plus-value
de 8 à 12 centimes d'euros le kilogramme de porc. C'est l'accord
avantageux qu'ont décroché les éleveurs de la coopérative Terrena auprès
de Système U. Son président, Hubert Garaud, a présenté hier soir avec
Serge Papin, président du distributeur, ce partenariat qui a exigé deux
ans de discussions parfois âpres. « Nous sommes parvenus à sortir
des négociations annuelles très dures qui régissent en France les
rapports entre le monde agricole et le commerce. C'est un contrat proche
de ce que font les Anglo-Saxons ou les Allemands », estime Hubert Garaud. Pour Serge Papin, « il s'agit de mettre de la régulation dans ce marché qui voit les prix varier de 2,5 à 9 euros le kilogramme ».
Dès
le 4 mars, les linéaires de Système U vendront des barquettes de porc
sous la marque Nouvelle Agriculture avec les deux logos des partenaires.
Terrena s'est engagé en contrepartie à élever le niveau de qualité de
la viande. Concrètement, les éleveurs nourrissent leurs bêtes avec des
graines de lin et du colza riches en oméga 3, réduisent progressivement
les antibiotiques et améliorent le bien-être du cheptel.
Le
dirigeant explique que le surcoût de ces pratiques plus durables est de
l'ordre de 3 à 5 centimes le kilogramme, soit 8.000 euros en moyenne
par exploitation. Les éleveurs ont accepté cet investissement grâce à la
sécurisation de leurs débouchés. En deux ans de discussions, les
partenaires ont également réussi à supprimer des coûts inutiles,
notamment dans les transformateurs de Terrena. « Nous valorisons
mieux toutes les parties du cochon, à travers par exemple de nouvelles
recettes de saucisses. Nous avons travaillé aussi sur la logistique,
etc. », précise Hubert Garaud.
Sur
les 150 éleveurs de Terrena, seuls une trentaine de producteurs se sont
pour l'instant lancés dans cette nouvelle agriculture. « Nous allons monter en puissance » promet Hubert Garaud. Car pour lui, il existe un marché entre les produits bio et l'agriculture conventionnelle : « Les consommateurs veulent des produits locaux, sains, sans OGM et qui ont un impact environnemental inférieur ».
Filière du lapin
Terrena
a déjà converti il y a un an une part de sa production de lapin, un
premier essai jugé aujourd'hui transformé. Lancée par une vingtaine
d'éleveurs, cette filière va mobiliser bientôt jusqu'à 120 producteurs.
Maximilien Rouer, fondateur du cabinet BeCitizen qui a accompagné les deux partenaires, justifie le choix de la filière porcine : « C' est
celle qui a le plus besoin de nouer des accords de ce type.
Contrairement à la filière bovine qui parvient à bien vendre les parties
avant des bêtes, la valorisation du porc par les saucisses et les
salaisons est plus difficile », explique-t-il.
Pour
Philippe Breton, consultant dans la grande distribution, ce type
d'accord permet aux distributeurs de sécuriser leur approvisionnement,
de s'assurer de la qualité des produits et d'en faire un élément
différenciateur par rapport à la concurrence. Il salue également la
concrétisation des promesses faites par Serge Papin dans son livre
« Pour un nouveau pacte alimentaire », paru en 2012.
Terrena
devra néanmoins tenir sa promesse de limiter les antibiotiques des
porcs, un défi technique qui pose pour l'instant des difficultés aux
éleveurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.